Hommage à Sofya à Pau : « Un rayon de soleil qui ne s’éteint pas »

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Publié le 06/11/2021 19:39:33

Une centaine de personnes ont participé, samedi 6 novembre, à une marche blanche en hommage à la Paloise tuée chez elle

« Dévastée, terrassée », la mère de Sofya Rudeshko n’a pas pu participer à la marche de samedi 6 novembre en hommage à sa fille tuée chez elle, rue Emile-Garet, le 23 octobre dernier. Son ex-compagnon, un Agenais d’une quarantaine d’années, suspecté d’être le responsable de son décès, a ensuite mis fin à ses jours.

Ce samedi, c’est donc Philippe, « le beau-père officiellement » mais père de cœur de la jeune femme qui a conduit ce rassemblement d’une centaine de personnes. Le cortège comptait essentiellement des proches de Sofya et des membres des associations de lutte contre les violences conjugales.

Philippe a pris la parole avant de défiler.

David Le Deodic

Celui qu’elle appelait « Papa » a dressé le portrait d’une fille « unique par sa filiation mais aussi par son intelligence, […] ses convictions ». « Comment oublier Sofya, en quête de la nationalité française depuis quatre ans, chantant la « Marseillaise » devant son examinatrice à la préfecture ». « Un rayon de soleil qui ne s’éteint pas », a abondé Alassane, un proche de l’ESC Pau Business School. Sofya Rudeshko y avait travaillé plusieurs années comme responsable des admissions des étudiants internationaux.

« Enfant de la ville »

« Une enfant de la ville n’est plus, a regretté Marie-Laure Mestelan, l’élue chargée de la vie associative et de la lutte contre les discriminations. La Ville et la communauté tout entière pleurent la disparition de Sofya. »

Remonté, Philippe a dénoncé un « harcèlement » de l’ex-compagnon, qu’il qualifie de « lâche », envers sa belle-fille. Le couple, qui s’était séparé récemment avait déjà traversé des périodes de conflit si l’on en croit le papier exhibé par Philippe. Sofya y traite, en décembre 2020, l’auteur présumé de « pervers » et a souligné le mot « inhumain ».

Une amie proche, Christina, évoque également « des violences psychologiques ». Pesant ses mots, le beau-père raconte au micro qu’elle a été victime « d’un lâche assassinat ». « Féminicide, ce mot qui jusqu’à maintenant n’avait pas cette nouvelle et effroyable résonance ».

Les proches et les associations sont unanimes pour affirmer que les féminicides doivent cesser. « On peut se dire que ce n’est que 100 victimes [par an], mais ces 100 victimes-là, on aurait pu les éviter », clame Christina. Croisé dans le cortège, Laurent de Bordes, s’indigne qu’un « homme ait décidé de s’octroyer un droit de propriété » sur son ex-compagne.

Justice symbolique

Les associations, comme Du côté des femmes ou le CIDFF, ont exhorté les victimes de violences à prendre la parole, à pousser les portes des associations ou des commissariats et gendarmeries. Pendant ce temps, le Planning familial mettait l’accent sur l’éducation des petits garçons.

S’étant donné la mort, l’auteur présumé ne sera pas poursuivi par la justice. Un autre coup dur pour la famille. Alors, lors d’un arrêt devant le tribunal de Pau, Philippe a remercié les participants : « symboliquement, justice lui sera rendue par vous ».

« Pour notre famille, un nouveau combat a déjà commencé. Sofya ne sera pas une simple bûchette statistique dans des couloirs ministériels, placée au rang des féminicides. » Pau lui dédiera la journée du 25 novembre, consacrée à la lutte contre les violences faites aux femmes.

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Source : https://www.sudouest.fr/pyrenees-atlantiques/pau/hommage-a-sofya-a-pau-un-rayon-de-soleil-qui-ne-s-eteint-pas-6844767.php