Harcèlement scolaire : comment apprendre aux enfants à riposter aux attaques

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Publié le 08/06/2022 09:45:01

On dit aux enfants de ne pas taper, de ne pas rapporter, mais de ne pas non plus se laisser faire lorsqu’ils sont agressés. Comment, alors, les aider à trouver la bonne riposte ?

Sur son blog Egalimère , une mère de deux enfants raconte comment son fils lui a confié un jour que des copains l’embêtaient à l’école, l’enfermaient dans les toilettes, le tapaient. Il ne se défendait pas, car ses parents lui avaient appris à ne pas taper.

Nous avons pris rendez-vous avec son enseignant, exposé la situation et clairement expliqué qu’à partir de ce jour, nous autorisions Loulou à rendre les coups. […] Nous avons rappelé à notre fils qu’il ne devait jamais frapper en premier et toujours tenter de dialoguer avant.

Soline Bourdeverre-Veyssiere, enseignante et autrice de J’aide mon enfant à s’épanouir à l’école (Hatier) comprend la peur des parents de voir leur enfant devenir une cible, mais prône une autre voie. Rendre les coups provoque une nouvelle agression. La domination, l’idée qu’il doit y avoir un gagnant et un perdant reste au cœur de l’interaction. C’est comme ça qu’on commence les guerres.

Céline, Rennaise et mère d’une fille en CE1, a été peinée quand sa fille lui a raconté que pendant plusieurs mois, une camarade l’obligeait à s’asseoir seule sur un banc toute la récré : C’est parce qu’elle est timide et silencieuse que sa camarade a choisi de l’agresser elle. Pour Soline Bourdeverre-Veyssiere, il est important de répéter fréquemment à son enfant : Aucun copain n’a le droit de te taper, de te manquer de respect ni de t’obliger à quelque chose.

Elle conseille d’apprendre à l’enfant à poser des limites verbalement, en utilisant ses cinq doigts comme pense-bête : « Pouce : on va vers l’autre et on lui demande si on peut lui parler. Index : on lui explique ce qui s’est passé qui pose problème. Majeur : on dit ce qu’on a ressenti. Annulaire : on fait une demande claire : « j’aimerais que… » Auriculaire : on lui demande s’il a compris. Cela peut paraître formel, mais l’enfant apprend qu’il est capable de s’exprimer et s’affirmer. »

Pour outiller sa fille, Céline a décidé de l’entraîner à dire non : À la maison, on fait des séances de jeux de rôle, on trouve des phrases à dire ou répondre. Je les lui fais répéter. Des fois, on en rigole, ça dédramatise. Soline Bourdeverre-Veyssiere approuve : « Il faut les entraîner à regarder l’autre dans les yeux, poser sa voix, se faire grand, tête haute, épaules en arrière. Et trouver des ripostes verbales, en utilisant l’humour aussi. Le jeu de cartes Takattak à la récré y aide. »

On peut aussi suggérer à l’enfant de se trouver des alliés. Un agresseur s’en prend plus difficilement à une personne entourée d’amis. Et surtout veiller à garder un lien avec son enfant pour lui permettre de se confier. En lui posant souvent des questions ouvertes, comme « qu’est-ce qui s’est passé pour toi aujourd’hui ? ».

Quand on conseille à un enfant agressé d’aller voir un adulte au lieu de se faire justice seul, on rencontre deux écueils : les enseignants, déjà fort occupés, qui répondent aux enfants de régler leurs problèmes entre eux. Et les insultes balance, poule mouillée, mauviette qu’essuient les victimes identifiées comme incapables de gérer seuls. Soline Bourdeverre-Veyssiere différencie : s’il s’agit d’une agression physique ou sexuelle (coup, jupe soulevée, attouchement), l’enfant doit alerter immédiatement un adulte. Pour que celui-ci rappelle les règles, sanctionne et brise le sentiment d’impunité des agresseurs. Pour le reste, l’enfant peut très bien aller voir un adulte, parent ou enseignant, en lui demandant de ne pas intervenir directement. Mais il va pouvoir se confier, être écouté et demander des clés et des conseils pour se défendre lui-même.

Crédits image et texte : Ouest France©
Source : https://www.ouest-france.fr/education/parents-enfants/harcelement-scolaire-comment-apprendre-aux-enfants-a-riposter-aux-attaques-a6c3b80a-e57c-11ec-a95b-8624ebac14d3