Harcèlement et violences dans l’armée : huit militaires de la base aérienne de Nancy-Ochey condamnés

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Publié le 18/11/2022 20:00:05

Ces militaires de l’Escadron de soutien technique aéronautique de la base aérienne 133 de Nancy-Ochey ont écopé de 4 à 14 mois de prison avec sursis.

Huit sur dix. C’est le nombre de militaires de l’Escadron de soutien technique aéronautique (ESTA) condamnés dans l’affaire de harcèlement et de violences qui secoue depuis trois ans la base aérienne 133 de Nancy-Ochey en Meurthe-et-Moselle. Le scandale avait éclaté après la plainte, déposée le 20 novembre 2019 auprès de la cellule Thémis (chargée de la lutte contre le harcèlement, les discriminations et les violences sexistes et sexuelles au sein du ministère des armées), de ce sergent mécanicien dans l’armée de l’air, à bout du harcèlement, des humiliations et des violences dont il expliquait avoir été victime durant cinq ans de la part de ses supérieurs.

Le calvaire de ce mécanicien sur les Mirage 2000 avait débuté lors d’une journée de « cohésion », en juin 2014, où il avait été la cible des délires pervers de ses collègues qui avaient, d’après lui, pris un malin plaisir à le priver de nourriture, le forcer à manger des insectes ou l’humilier en découpant ses vêtements au couteau. Sans parler des nombreux coups qu’il avait reçus. Un bizutage en règle qui, - s’il est, rappelons-le, officiellement interdit – semble, en réalité, avoir perduré cinq années durant.

« Il est encore très difficile de faire condamner les officiers »

Après deux enquêtes internes accablantes, les dix militaires mis en cause avaient été renvoyés devant la chambre militaire du tribunal de Metz (Moselle) le 16 septembre. À l’audience, ils avaient reconnu du bout des lèvres des violences, et, pour certains, le harcèlement, mais justifiant leurs actions au nom de la tradition militaire du « bahutage », qu’ils expliquaient avoir eux-mêmes subi à leurs débuts dans l’armée de l’air.

L’affaire avait été mise en délibéré : conformément aux réquisitions huit d’entre eux ont fini par être condamnés. Reconnus coupables de harcèlement moral et/ou de violences Dimitri P. et Maxime B. ont été condamnés à un an d’emprisonnement avec sursis ; Pierre F., Arnaud R. et Thibaud L. à 14 mois d’emprisonnement avec sursis ; Régis G. et Vincent G. à 4 mois d’emprisonnement avec sursis. Seul le militaire Anthony R. a, lui, été condamné à 90 jours-amendes à 20 euros.

Deux militaires renvoyés à leurs côtés ont quant à eux été relaxés : un sergent à qui il était reproché d’avoir fait chuter au sol la victime, permettant l’exercice de violences supplémentaires par d’autres militaires en service ainsi que le lieutenant-colonel à qui il était reproché une « violation de consigne » en laissant l’alcool couler à flots lors d’une journée de « cohésion », ce qui avait donné lieu à des dérives violentes.

Si la victime n’avait rien à reprocher directement au colonel, son conseil, Me Frédéric Berna, estime « à titre personnel », qu’il est « encore très difficile de faire condamner les officiers. » Le ténor du barreau nancéien se félicite que « la bande organisée qui a pratiqué du harcèlement systématique » sur son client ait été enfin condamnée. Une grande première. « C’est un message que l’institution militaire doit entendre maintenant. Et il faut, qu’elle cesse de cautionner voire d’encourager ce type de comportements indignes de l’armée française et indignes de la République. »

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