Gironde : 4 mois ferme pour des violences conjugales

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Publié le 16/06/2021 22:50:30

Le prévenu, conducteur de tramway, a échappé à l’incarcération immédiate. Il pourrait faire l’objet d’une sanction disciplinaire

En prison où il a été placé en attendant son procès du 14 juin 2021, il a écrit un mot. Il s’excuse. Et regrette « des propos intimidants et un geste sans intérêt ». Il a compris que sa vie rêvée avec famille aimante, travail, maison et animal de compagnie pouvait lui échapper. Ce trentenaire, jugé par le tribunal correctionnel de Bordeaux, dans le cadre d’une procédure de comparution immédiate, pour avoir injurié et menacé de mort son ancienne compagne, n’aspire qu’à retrouver son chat et sa famille et à oublier « cette relation toxique et destructrice ».

Le couple s’est formé et vite déformé en 2019. Un huissier est récemment venu réclamer ce que le trentenaire devait de dommages et intérêts d’une précédente condamnation. Il n’a pas apprécié. « Je l’ai mal pris », confirme-t-il au terme d’une « période difficile » de rupture, durant laquelle il a été hospitalisé en milieu psychiatrique. « J’ai perdu mes moyens. Je ne me souviens pas de tout, mais je pense que j’ai pu le faire. »

Le 9 juin 2021, la énième tentative de contact s’est déroulée devant témoin. Et pas des moindres. Tous les deux travaillent pour TBM comme conducteurs de bus et de tramway. Constamment importunée et harcelée, la jeune femme s’est confiée à une responsable qui, ce jour-là, l’a accompagnée sur le trajet.

Des menaces de mort

Effectivement, le prévenu l’attendait en fumant à un arrêt de bus. Loin de penser que sa supérieure observait la scène, il est monté à bord du bus, a insulté la conductrice, est descendu, s’est placé devant le parebrise pour l’empêcher de redémarrer et a fait un geste d’égorgement en proférant des menaces de mort devant les usagers….

Très affectée, « terrorisée », la jeune femme n’a pas pu venir à l’audience. Son avocate, Me Fanny Comarmond, remonte le fil de leur histoire. « Ils s’accordent, il déborde, elle désamorce et le couple se reforme », résume-t-elle. Mais trop c’est trop. Elle finit par dire « stop ». Peu à peu, il instaure un climat stressant pour elle.

« Je veux bien les larmes et le repentir », soupire le procureur adjoint, Jean-Luc Puyo. « Mais ce n’est pas l’amoureux meurtri qui vient reconquérir sa belle ou demander des explications sur la rupture, non, il vient exiger des comptes parce qu’elle lui a envoyé les huissiers. Et il a déjà eu un avertissement. » Il requiert 8 mois de prison, dont 4 ferme, une interdiction d’entrer en contact avec la jeune femme et un maintien en détention.

Me Aurélia Potot-Nicol a suivi depuis le début ce « couple dysfonctionnant. Il y a des plaintes des deux côtés », révèle-t-elle, expliquant que des voisins de son client ont témoigné avoir vu et entendu la partie civile frapper nuitamment à la porte du prévenu pour entrer. « Son travail, c’est toute sa vie. La prison n’est pas de nature à calmer cette violence qu’il a en lui. Il avait besoin d’un électrochoc réel pour prendre conscience qu’il avait dépassé les bornes. Mais c’est juste quelqu’un qui perd les pédales. »

Après en avoir délibéré, le tribunal l’a condamné à 8 mois de prison, dont 4 avec sursis probatoire sans le renvoyer dans sa cellule.

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Source : https://www.sudouest.fr/justice/gironde-4-mois-ferme-pour-des-violences-conjugales-3795396.php