Gardes à vue abusives : « Je me sens insulté », Nuñez réagit au rapport de la Contrôleuse des prisons

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Publié le 03/05/2023 07:26:16

Invité ce mercredi sur CNews, le préfet de police de Paris a réagi au rapport de la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, qui s’inquiète « d’un recours massif, à titre préventif » aux gardes à vue « à des fins de maintien de l’ordre ».

Les 24 et 25 mars, au lendemain de la 9e journée de mobilisation contre la réforme des retraites, trois équipes du Contrôle général des lieux de privation de liberté ont visité les locaux de garde à vue de neuf commissariats parisiens. De très nombreux manifestants avaient alors été arrêtés lors des mobilisations, spontanées ou organisées, qui ont suivi le recours au 49.3 pour faire passer le texte à l’Assemblée nationale.

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La Contrôleuse générale, Dominique Simonnot, a rendu son rapport ce mercredi : elle s’inquiète « d’un recours massif, à titre préventif, à la privation de liberté à des fins de maintien de l’ordre ». Elle s’est également penchée sur les motifs des gardes à vue : près de 80 % des interpellés ont été relâchés sans la moindre poursuite.

La Contrôleuse souligne aussi « des comportements inappropriés imputés aux agents interpellateurs par la quasi-totalité des personnes entendues », et « des fiches d’interpellation insuffisamment renseignées, inégalement motivées et imprécises sur les circonstances de l’interpellation ».

« C’est totalement faux, je ne passe aucune instruction sur les interpellations préventives, a réagi ce mercredi matin le préfet de police de Paris Laurent Nuñez, invité sur CNews. Je me sens insulté, offensé quand j’entends dire ça. Je demande à mes effectifs de faire cesser des infractions. Je demande d’interpeller uniquement les auteurs de ces infractions. »

Le préfet de police s’est justifié en recontextualisant les nombreuses gardes à vues qui ont suivi les manifestations contre la réforme des retraites : « Ce sont des interpellations massives, dans des cortèges sauvages » où sont commis des « incendies, des dégradations ». « Il est parfois difficile de caractériser la nature de l’infraction dans un groupe », dit-il, pour expliquer le nombre élevé de personnes relâchées sans poursuite.

« Scènes collectives de violences »

« Par nature, les scènes collectives de violences telles que celles concernées par les contrôles rendent complexes aux services enquêteurs l’attribution de la responsabilité individuelle, dans le temps de la garde à vue, au sens pénal », a également répondu Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, dans un courrier adressé à Dominique Simonnot.

« On pourra regretter que le rapport, malgré la consultation de procédures judiciaires individuelles, ne cite jamais les références de celles dont certaines citations sont extraites, rendant particulièrement complexe l’apport d’éléments de réponse sur la forme et le fond », a-t-il déploré.

La Contrôleuse générale lui réclame en effet des observations dans les 15 jours : Gérald Darmanin lui a promis, dans cette lettre datée du 2 mai, « une réponse exhaustive et détaillée dès lors que la préfecture de police aura pu les instruire dans des délais plus raisonnables ».

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Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/gardes-a-vue-abusives-je-me-sens-insulte-nunez-reagit-au-rapport-de-la-controleuse-des-prisons-03-05-2023-32CM5UERQJCWXPUNYP3GVH6DXU.php