Gard : des enfants harkis enterrés sans sépulture digne auront finalement leur cimetière

logo Le Parisien illustration Gard : des enfants harkis enterrés sans sépulture digne auront finalement leur cimetière

Publié le 22/04/2023 10:12:04

Les tombes de 27 personnes, presque toutes des enfants, ont été mises au jour sur le site de l’ancien camp de Saint-Maurice l’Ardoise, au nord de Nîmes. Un cimetière et un mémorial seront érigés en leur mémoire, a promis la secrétaire d’État chargée des Anciens combattants.

Des symboles pour réparer la mémoire. Un cimetière et un mémorial seront érigés sur le terrain militaire du Gard où des dizaines d’enfants morts dans des camps harkis ont été enterrés sans sépulture digne il y a 60 ans, a promis vendredi le gouvernement français.

« Nous devons réparer et reconnaître le mal qui leur a été fait », a déclaré Patricia Miralles, secrétaire d’État chargée des Anciens combattants et de la Mémoire, lors d’une visite sur le site de l’ancien camp de Saint-Maurice l’Ardoise, au nord de Nîmes. Les tombes de 27 personnes, presque toutes des enfants voire des nourrissons, ont été mises au jour.

« Les familles pourront récupérer les corps pour les inhumer dans un autre lieu ou choisir de les conserver sur place » dans ce futur cimetière, a précisé la secrétaire d’État, en présence de familles, des autorités locales et de représentants d’associations de harkis.

« On aura un beau cimetière, à la hauteur de leur souffrance, avec un mémorial, comme les familles le souhaitent », a insisté la secrétaire d’État. « Le symbole, c’est peut-être d’écrire le nom du petit Raoul, le premier enfant qui a été découvert » ici et dont la maman, présente vendredi, a « elle-même occulté le fait que son nouveau-né avait été enterré là », a-t-elle poursuivi.

Des dizaines de bébés enterrés sans sépulture décente

Français musulmans majoritairement recrutés comme auxiliaires de l’armée française pendant la guerre d’indépendance algérienne (1954-1962), les harkis avaient été abandonnés par la France à la fin du conflit. Après avoir fui les représailles en Algérie, des dizaines de milliers d’entre eux et leurs familles avaient été parqués en France, dans des « camps de transit et de reclassement » gérés par l’armée, aux conditions de vie déplorables.

À Saint-Maurice l’Ardoise, l’un de ces principaux camps, des dizaines de bébés avaient ainsi été enterrés sans sépulture décente par leurs proches ou par des militaires. Dans le Gard, ce cimetière sauvage est sorti de l’oubli le 20 mars, enfin localisé par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap). Ces fouilles sans précédent avaient été décidées par l’État après la révélation de l’existence de ce cimetière dans une enquête de l’AFP et le travail inlassable d’associations locales.

Cette enquête sur le sort des enfants et bébés morts dans le camp de Saint-Maurice l’Ardoise, entre fin 1962 et 1964, avait notamment dévoilé un procès-verbal de gendarmerie attestant que les autorités de l’époque connaissaient l’existence de ce cimetière. Ces autorités avaient délibérément décidé de pas informer associations et familles.

Crédits image et texte : Le Parisien©
Source : https://www.leparisien.fr/gard-30/gard-des-enfants-harkis-enterres-sans-sepulture-digne-auront-finalement-leur-cimetiere-22-04-2023-GHDVAQFUG5CARI5BXCET2NNWN4.php