Football. Trente ans après le drame de Furiani, la journée du 5 mai sera sanctuarisée

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Publié le 02/05/2022 12:27:48

Le 5 mai 1992, 19 personnes avaient trouvé la mort dans l’effondrement d’une tribune du stade de Furiani, à Bastia, avant un choc contre l’Olympique de Marseille, et 2 357 avaient été blessées. Le collectif des victimes a obtenu qu’aucun match de Ligue 1, de Ligue 2, de Coupe de France et du Trophée des Champions ne soit joué le 5 mai, demande approuvée par le Parlement.

Trente ans après la pire catastrophe du sport français​, les 19 morts et 2 357 blessés dans l’effondrement d’une tribune du stade de Furiani, à Bastia, avant un choc contre l’OM, l’apaisement pointe avec le gel des matches les 5 mai dans les compétitions françaises.

Paradoxe : cette année, pour l’entrée en vigueur de la loi, un match sera pourtant organisé jeudi 5 mai, entre l’Olympique de Marseille et l’équipe néerlandaise du Feyenoord Rotterdam. Mais ce sera dans le cadre d’une épreuve européenne, en demi-finale retour de Ligue Europa Conférence, et le collectif des victimes estime avoir atteint son objectif principal en sanctuarisant cette journée à l’avenir.

Après ces quelques mots de Michel Vivarelli, journaliste à Radio France Corse, un grand fracas et un silence assourdissant avait occupé l’antenne plusieurs minutes. La tribune nord du stade Armand-Cesari de Furiani venait de s’effondrer, le 5 mai 1992.

Perché au sommet de cette tribune provisoire de près de 20 mètres de hauteur, le reporter s’apprêtait à commenter la demi-finale de Coupe de France entre Bastia et l’OM. Autour de lui, 8 000 personnes avaient pris place. À quelques minutes du coup d’envoi, les stars marseillaises Jean-Pierre Papin, Basile Boli, Abedi Pelé ou Chris Waddle étaient encore au vestiaire.

Les mots de Michel Vivarelli, ses derniers, ornent désormais le chemin qui mène jusqu’au mémorial des victimes.

Cette année, ce sont des commémorations assez symboliques et particulières, selon Josepha Guidicelli, la présidente du collectif de victimes. Ce jour-là elle a perdu son père, Jean-Pierre Guidicelli, lui aussi journaliste.

Symboliques, parce que ce sont les 30 ans de la tragédie, et particulières (….) parce que le 14 octobre il y a eu cette loi qui est venue geler les matches lorsque ça tombe un 5 mai.

Cette demande qu’aucun match de football de Ligue 1, de Ligue 2, de Coupe de France et du Trophée des Champions ne soit joué le 5 mai, définitivement adoptée par le Parlement, était très importante pour nous, rappelle celle qui avait 4 ans le jour du drame : Ce combat qui a pris dix ans pour aboutir était la revendication principale du collectif.

Ce fut une tragédie nationale, une des pages les plus sombres de l’histoire sportive française, avait souligné la ministre des Sports Roxana Maracineanu en février 2020, lors de l’adoption par l’Assemblée nationale du texte porté par un député corse.

Inlassablement, les victimes butaient jusque-là sur les réticences de la Ligue de football professionnel et de la Fédération française de football (FFF), gênées dans l’organisation de leurs compétitions. Du coup, ce seront des commémorations beaucoup plus apaisées, beaucoup plus sereines, a insisté Mme Guidicelli.

Alors certes, il y aura ce Marseille-Feyenoord jeudi. Une rencontre que Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, ou Jean-Charles Orsucci, maire de Bonifacio, avaient appelé à déplacer à une autre date, par respect pour la mémoire des victimes. Sans succès.

On joue un petit peu de guigne et de malchance, reconnaît Mme Guidicelli : mais notre demande concernait les compétitions nationales jouées en France et » notre objectif principal a été atteint avec cette loi ».

L’OM, qui a sollicité l’UEFA pour pouvoir faire quelque chose le jour du match, est encore dans l’attente d’une réponse.

C’est dommage pour la symbolique, insiste Mme Guidicelli : Mais ça ne changera rien à nos commémorations, marquées comme chaque année par une cérémonie de recueillement à 16 h devant la stèle, là où la tribune s’est effondrée. Puis ce sera une messe à la cathédrale de Bastia, à 18 h.

Mercredi, un film sur la catastrophe sera projeté dans le stade Armand-Cesari, puis, vendredi, une création théâtrale basée sur des témoignages des victimes sera jouée au théâtre de Bastia.

Enfin, parce qu’on demande que chacun s’empare de cette histoire pour ne pas oublier, explique Mme Guidicelli, une conférence sur le thème du traumatisme de Furiani à la mémoire collective d’aujourd’hui sera présentée par un psychiatre et un psychologue samedi matin à Bastia.

Cette mémoire collective, les médias insulaires vont aussi la nourrir avec un numéro spécial de 48 pages publié par Corse-Matin ce lundi, et une série de dix témoignages de personnes ayant vécu la catastrophe, en tant que victime ou sauveteur, soignant ou proche de blessé, diffusée sur France 3 Corse.

Côté judiciaire, un seul des 13 prévenus initialement poursuivis a écopé d’une peine de prison ferme, le constructeur de la tribune provisoire, condamné à deux ans de prison en première instance et qui n’avait pas fait appel. À l’issue du procès en appel, en 1995, huit autres prévenus, dont des responsables du club, de la Ligue corse ou de la FFF, ainsi que l’ancien directeur de cabinet du préfet, ont été condamnés à du sursis ou des amendes.

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Source : https://www.ouest-france.fr/sport/football/football-trente-ans-apres-le-drame-de-furiani-la-journee-du-5-mai-sera-sanctuarisee-7a9fb5be-c9ff-11ec-8375-fceec60fa26b