Publié le 05/11/2021 20:22:03
Écroué après des violences envers sa mère de 77 ans, cet habitant du pays de Brest (Finistère) est condamné à six mois de prison avec sursis. Le tribunal de Brest s’est montré compréhensif envers cet ancien militaire souffrant d’une psychose paranoïaque.
Petit, fluet mais la voix forte,il se tient, les mains dans les poches, ce vendredi 5 novembre 2021, devant le tribunal de Brest (Finistère). Détenu depuis presque deux mois,Thierry (1), 54 ans, ancien militaire, sans emploi depuis quinze ans, vit chez sa mère, depuis 2013, dans le pays de Brest, en compagnie de ses deux frères.
En février 2021, il s’est montré violent avec sa mère, retraitée de 77 ans : deux ou trois coups de poing, une bordée d’insultes. C’est arrivé alors qu’elle était au téléphone avec une assistante sociale. Qui a donné l’alerte.
Placé sous contrôle judiciaire, Thierry n’a pas respecté l’obligation de rester à distance du domicile de sa mère. Alors, on l’a envoyé en détention provisoire.
« J’ai eu très mal, j’avais de gros bleus, mais je n’ai pas vu de médecin », précisera la retraitée : C’est vrai, il m’a aussi gueulé dessus. Mais c’est arrivé parce qu’il était alcoolisé. D’ailleurs, je l’avais prévenu : si ça recommence, je te mets à la porte. Il n’a pas recommencé.
« Vous frappez souvent votre mère ? » interroge le président. « Je ne me rappelle pas. Mais pour le coup du téléphone, oui, j’ai ramené ma fraise », répond Thierry. « Vous l’insultez ? » « Des fois, ça part tout seul », concède le prévenu. « Vous buvez beaucoup ? » « Pas spécialement. Quand je ne suis pas occupé, je bois un coup. »
Thierry, reconverti après l’armée, n’a plus travaillé depuis 2005, date à laquelle il a perdu son permis pour conduite en état d’ivresse. Alors, chez sa mère, il « bricole », fait les courses, tond le gazon. « Il est au RSA (revenu de solidarité active), témoigne son frère aîné. Il achète son alcool avec et, quand il n’a plus d’argent, il ne boit plus. »
Il est retourné chez sa mère, faute de logement : « Impossible de dénicher une location dans la commune, explique-t-il. Don Bosco m’a aidé. Je suis allé à la mairie. Mais ça n’a pas marché. »
L’enquête de voisinage a joué en sa défaveur. Il est décrit comme agressif, souvent ivre, prompt à « insulter les automobilistes immatriculés hors 29 » : « On l’a vu, armé d’une fourche, poursuivre un motard ! » témoigne un voisin.
« N’importe quoi ! s’insurge le prévenu. Mais j’ai des problèmes de compréhension, des expériences bizarres de double voix, ça résonne autour de moi. C’est difficile à expliquer. C’est peut-être un persécuteur ? »
L’expertise psychiatrique l’atteste, Thierry souffre d’une « psychose paranoïaque » : « Il se sent menacé en permanence », explique maître Landrein. En prison, où il trouve « le temps plus que long », il supporte mal « le bruit, le son à fond de la télé ».
Pertinente et empathique, la plaidoirie de maître Landrein touche juste : « Ses deux épisodes de violence ne justifient pas un séjour en prison, plaide l’avocat. Déclarez-le irresponsable. »
Le tribunal s’est montré compréhensif en reconnaissant « l’altération du discernement » : Thierry est condamné à six mois de prison avec sursis probatoire de deux ans, assortis d’une obligation de soins. S’il lui reste interdit de se présenter chez sa mère, il pourra la contacter.
« Vous avez compris ? demande le président Christophe Subts. Vous allez devoir vous tenir à carreau et soigner votre alcoolisme. Si la situation s’améliore, cette ordonnance pourrait être levée. » « D’accord », répond celui qui, en sortant libre du tribunal, ne sait absolument pas où il pourra dormir le soir.
(1) Le prénom a été changé.
Crédits image et texte : Ouest France©
Source : https://www.ouest-france.fr/bretagne/finistere/finistere-le-tribunal-reconnait-l-alteration-du-discernement-pour-le-fils-violent-93951eac-3e49-11ec-b567-f76c2a8a24ee