Film « porno » de Houellebecq : l’écrivain autorisé en appel à visionner le film avant sa diffusion et à émettre des objections

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Publié le 16/05/2023 14:47:25

L’écrivain a saisi la justice après la diffusion fin février d’une bande-annonce d’un film « porno » dans lequel il joue. Il estime n’avoir signé le contrat avec le réalisateur néerlandais que parce qu’il était déprimé et avait bu.

C’est une petite victoire pour l’écrivain français Michel Houellebecq, dans la tourmente depuis la publication de la bande-annonce d’un film « porno », dans lequel il joue. Un tribunal néerlandais a jugé ce mardi en appel que le romancier devait être autorisé à visionner le film, réalisé par le Hollandais Stefan Ruitenbeek, avant sa diffusion. L’écrivain n’est cependant pas parvenu à obtenir l’interdiction de sa distribution.

Les avocates de Michel Houellebecq et de son épouse avaient annoncé début février engager des démarches pour obtenir l’interdiction du film « Kirac 27 », utilisant des images de l’écrivain français de renommée mondiale tournées l’année dernière, qu’ils estiment diffamatoire. L’écrivain a affirmé qu’il n’avait signé le contrat avec le réalisateur que parce qu’il était déprimé et avait bu. Un tribunal néerlandais avait rejeté fin mars les requêtes de l’écrivain mais la bande-annonce, dans laquelle il apparaissait torse nu embrassant une jeune femme dans un lit, a été retirée.

Depuis la sortie de la bande-annonce, l’écrivain craint que le cinéaste néerlandais ne respecte pas une partie de l’accord définissant « un jeu entre réel et fiction », selon lequel le film doit créer l’illusion de scènes érotiques avec un sosie. La cour d’Amsterdam a estimé en appel que ces craintes étaient justifiées. La cour a pointé le fait que le réalisateur a déclaré dans une interview accordée au site d’information Vice en février que l’écrivain français était « vraiment bon au lit ».

« Cela va très loin », reconnaissent les juges

Stefan Ruitenbeek a expliqué aux juges qu’il avait « joué entre le réel et fiction dans l’interview (…) en exagérant la performance » de l’écrivain au lit pour générer un intérêt supplémentaire, selon le jugement. Mais du coup « il présente notamment comme un fait » que l’écrivain « a effectivement participé aux scènes de sexe », a estimé la cour. Elle a de ce fait enjoint au collectif Kirac de partager le film avec l’écrivain « quatre semaines avant sa diffusion prévue ». Si Michel Houellebecq émet des objections et que le cinéaste refuse d’ajuster le film, il pourra à nouveau saisir le tribunal. Initialement prévue le 26 mai, la diffusion du film est donc reportée. Le collectif auquel appartient Stefan Ruitenbeek, devra payer une amende de 25 000 euros s’il ne respecte pas ce jugement.

L’auteur de « Soumission » (2015) a cependant échoué à obtenir l’interdiction du film. « Il n’y a pas encore suffisamment de raisons de supposer que l’accord (entre l’écrivain et le réalisateur) a été conclu par abus de circonstances », a jugé la cour. Selon les dispositions de l’accord, Stefan Ruitenbeek peut utiliser « tout le matériel » produit ou obtenu entre novembre et décembre 2022, a-t-elle reconnu. Mais les juges ont concédé que « cela va très loin, en particulier pour les images sensationnelles qui peuvent nuire à la réputation » de Michel Houellebecq.

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Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/film-porno-de-houellebecq-lecrivain-autorise-en-appel-a-visionner-le-film-avant-sa-diffusion-et-a-emettre-des-objections-16-05-2023-5KTYGMGEGFC3LEVDMGVZIJTRKU.php