Féminicide : l’ex-compagnon de Chloé, tuée en 2019 alors qu’elle était enceinte, condamné à la peine maximale

logo Le Parisien illustration Féminicide : l’ex-compagnon de Chloé, tuée en 2019 alors qu’elle était enceinte, condamné à la peine maximale

Publié le 15/03/2023 20:35:00

Ibrahima Ba avait tiré sur son ex-compagne en août 2019 à Marignane (Bouches-du-Rhône), six ans après leur séparation, alors qu’elle était enceinte de huit mois.

L’affaire avait glacé l’hexagone, tant pour le profil de la victime, qui portait un enfant, que pour l’absence de remords de l’accusé. Un homme de 35 ans a été condamné ce mercredi à Aix-en-Provence à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 22 ans pour l’assassinat de son ex-compagne, enceinte de huit mois, à Marignane (Bouches-du-Rhône) en 2019.

Le dimanche 4 août 2019, alors qu’elle venait récupérer leur fils âgé de sept ans, Ibrahima Ba, séparé de Chloé depuis six ans, s’était emparé d’une arme de poing dissimulée dans une bouche d’égout et avait tiré à quatre reprises sur la jeune femme de 29 ans, la touchant au thorax et à l’abdomen. Chloé aurait dû accoucher quelques semaines plus tard d’une petite Lynaïs, prénom choisi avec son nouveau compagnon.

L’avocate générale Vinciane de Jongh avait requis la peine maximale, « le minimum à prononcer » selon elle, car en tuant l’enfant à naître de Chloé, 29 ans, l’accusé « a commis bien plus qu’un féminicide ».

La cour a également prononcé le retrait total de l’autorité parentale de l’accusé sur l’enfant qu’il avait eu avec la victime. Confié à ses grands-parents maternels, le fils du couple ne se défait toujours pas d’un sentiment de culpabilité, a indiqué l’avocate de son administrateur ad hoc. C’est par un dessin représentant sa mère avec un gros ventre que le petit garçon avait appris à son père la grossesse de son ex-compagne. « Quel chaos dans la tête de ce petit bonhomme qui se sent responsable de la mort de sa maman, a estimé Vinciane de Jongh. Il a tout perdu et il porte le fardeau d’une responsabilité : c’est parce que j’ai parlé que je n’ai plus de maman, plus de papa ». « Nous sommes bien au-delà d’un féminicide. S’ajoutent la manipulation perverse d’un enfant commun et la mort d’un enfant à venir. Lynaïs, ce n’est pas un fœtus, c’est un enfant », a-t-elle estimé.

Du côté des parties civiles, maître Bérangère Bernart, a estimé que « ce n’est pas un coup de folie de M. Ba, mais un choix délibéré de priver leur fils de sa maman ». À l’enfant, l’accusé avait annoncé qu’il allait aller en prison et que « c’est la faute de maman ».

« Si c’était à refaire, peut-être je le referai »

Les débats devant la cour d’assises des Bouches-du-Rhône ont mis en lumière la grande froideur de l’accusé, son absence totale de remords. Face aux jurés, il a légitimé son acte, allant jusqu’à dire, « Dans les mêmes conditions, si c’était à refaire, peut-être je le referai ». Considérant qu’il avait averti son ex-compagne de ne pas refaire sa vie tant qu’elle s’occuperait de leur fils, Ibrahima Ba a estimé que Chloé et sa famille avaient une part de responsabilité.

Le conseil d’Ibrahima Ba, Christophe Bass, a souligné que l’accusé était « dans l’indifférence, dans le désintérêt de sa défense. Il ne voulait même pas venir, il l’a fait car je le lui ai demandé ». L’avocat a évoqué « un paroxysme de colère ». « Ça cogne dans sa tête, il a peur de perdre son fils, de se perdre en tant que père. Son obsession c’est : mon fils ne vivra pas avec un autre homme que moi, même si c’est complètement illégitime d’exiger que Chloé ne puisse pas refaire sa vie ». La défense n’a pas contesté la préméditation, mais pour Christophe Bass, la volonté de tirer dans l’abdomen pour tuer l’enfant à naître, après deux tirs dans le thorax de la victime au volant de son véhicule, n’est pas établie.

Une peine de dix-huit mois de prison, aménageable sous surveillance électronique, a été prononcée contre un second accusé, condamné pour abstention d’empêcher un crime. Cet homme, qui fut le compagnon pendant huit ans de la sœur jumelle de la victime, avait déjà été condamné pour des violences conjugales sur une autre compagne. Il se défend d’avoir eu connaissance du projet criminel d’Ibrahima Ba.

Crédits image et texte : Le Parisien©
Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/feminicide-lex-compagnon-de-chloe-tuee-en-2019-alors-quelle-etait-enceinte-condamne-a-la-peine-maximale-15-03-2023-OC25KTTJLVD7FEBBA4QVO2CERY.php