Féminicide de Mérignac : la « police des polices » saisie

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Publié le 02/08/2021 17:40:32

À la suite du meurtre d’une femme à Mérignac, le 4 mai 2021, par son mari, les « manquements » de la police soulèvent des questions.

Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, a décidé de saisir l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), la « police des polices »​, ​en raison des zones d’ombre qui continuent de planer sur l’assassinat de Chahinez Daoud, 31 ans, le 4 mai 2021 par son mari, à Mérignac (Gironde). Notamment sur la manière dont la plainte déposée par cette mère de trois enfants, près de deux mois auparavant (le 15 mars), a été traitée.

Il y a quelques jours, Le Canard enchaîné révélait que le policier qui avait enregistré cette plainte, avait lui-même été condamné, le 10 février, à huit mois de prison avec sursis pour des violences commises sur sa femme. Et était en attente de passer devant le conseil de discipline.

Des informations que ne possédaient pas les inspections générales de la Justice et de l’Administration qui ont mené une mission en mai sur ce féminicide. La hiérarchie de ce policier n’aurait pas dû le laisser en contact avec le public. Ce qui renforce mon courroux, c’est que ces informations ont été cachées à l’inspection que nous avons commandée​, fulmine Gérald Darmanin dans une interview au Parisien. Si ces éléments ont été sciemment ​dissimulés, des sanctions seront prises​, prévient le ministre.

La condamnation du policier pose d’autres questions : peut-elle expliquer une partie des manquements ​observés dans cette affaire ? Le 15 mars, Chahinez Daoud avait déposé plainte au commissariat de Mérignac alors que le jour même, son mari, Mounir Boutaa, avait tenté de l’étrangler dans son fourgon, sur le parking d’un hypermarché. Et ce, alors que celui-ci avait déjà été condamné, en juin 2020, à dix-huit mois de prison (dont neuf avec sursis) pour des violences commises sur son épouse en état de récidive. Et avec l’interdiction d’entrer en contact avec la victime.

À la suite de la plainte déposée le 15 mars, le policier avait adressé un courriel au parquet. Mais ce mail comportait des incohérences et des contradictions​, note la première inspection effectuée sur ce drame.

Le courrier envoyé au procureur comportait ainsi les grilles d’évaluation du danger et de la personnalité de la victime. Mais pas la plainte. L’une des grilles comportait en plus des erreurs : il était ainsi répondu « non » au fait de savoir si des infractions avaient déjà été commises à l’encontre de cette femme…

Cette affaire comporte bien d’autres incohérences. Depuis le 18 mars, la police avait diffusé une fiche locale de recherche contre le mari violent.

Or, le 29 mars, ce dernier s’était présenté au commissariat de Mérignac pour se plaindre de ne pouvoir voir ses enfants. Et c’est l’agent ayant enregistré la plainte de l’épouse, qui ce jour-là avait recommandé au mari de quitter les lieux. N’ayant pas procédé à un contrôle d’identité, il n’aurait pas su qu’il était en présence de l’homme recherché…

Le rapport de la police des polices ​est attendu d’ici à six semaines.

Crédits image et texte : Ouest France©
Source : https://www.ouest-france.fr/societe/faits-divers/feminicide-de-merignac-la-police-des-polices-saisie-deb0f7e6-f383-11eb-8c62-f69d472af1e0