Féminicide de Julie Douib : son ex-compagnon condamné à la réclusion criminelle à perpétuité

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Publié le 16/06/2021 11:06:27

Bruno Garcia-Cruciani, 44 ans, était jugé aux assises de Bastia pour l’assassinat de son ex-compagne et mère de ses deux fils, Julie Douib, en 2019 à l’Ile-Rousse

Bruno Garcia-Cruciani, 44 ans, a été condamné mercredi par la cour d'assises de Bastia à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une peine de sûreté de 22 ans pour l’assassinat de son ex-compagne, Julie Douib, en 2019 à l’Ile-Rousse.

La présidente de la cour a également décidé de retirer à Bruno Garcia son autorité parentale sur les deux fils du couple, âgés aujourd’hui de 11 et 13 ans : « Cette mesure est destinée à protéger les enfants », a-t-elle souligné. L’accusé, qui a dix jours pour faire appel de ce verdict, a enfin été condamné à l’interdiction de détenir une arme pendant 15 ans et à verser 10 000 euros à l’ensemble des parties civiles.

« Violence ultime »

Reconnaissant que cette peine de perpétuité est « inhabituelle », la présidente a détaillé les motivations des jurés, précisant que « la violence ultime » de l’assassinat a été « suffisante » pour aboutir à cette condamnation, indépendamment des violences conjugales.

« Le risque de réitération des faits en raison de votre personnalité impulsive et vindicative » a également pesé, a-t-elle dit à M. Garcia-Cruciani, ajoutant l’absence de regret et le fait qu’il ait « revendiqué » son geste en prison.

Charlotte Beluet, l’avocate générale, avait justifié mercredi matin sa réquisition de la perpétuité comme « une façon de requérir la mort sociale ». « C’est ça la réponse de la société ? », s’était insurgé l’avocat de l’accusé, Me Camille Radot, « qu’il y a des hommes que l’on pense irrécupérables ? Ces réquisitions, c’est un échec total de notre société », s’était-il emporté, dénonçant une « peine de haine ».

Pointant sa dangerosité et les menaces qu’il avait proférées, Mme Beluet avait rappelé que de « nouvelles cibles existent » pour l’accusé avec le père de Julie Douib et le professeur de sport avec qui elle était en relation au moment de sa mort, à 34 ans, le 3 mars 2019.

« Paranoïa »

Ce jour fatidique, Bruno Garcia-Cruciani n’a pas eu « que la volonté de tuer » mais aussi « la volonté de faire mal », avait cinglé l’avocate générale, dénonçant « du sadisme » dans cette « exécution sommaire ». « Il n’existe pas de meurtriers passionnés, seulement des assassins », avait-elle asséné. Mme Beluet avait également rappelé l’analyse de l’expert-psychiatre selon qui la « paranoïa » de l’accusé, qui le conduit à « inverser le champ de la culpabilité », allait « s’aggraver dans le temps ».

Reconnaissant qu’il y avait « un individu cabossé dans le box », la magistrate avait appelé à « impérativement protéger » les enfants du couple, en « retirant la main qu’il a sur eux » : « Imaginez leur peine à eux, ‘papa, il a tué maman’», avait-elle rappelé.

L’avocate générale avait également demandé aux jurés que Julie « ne soit pas une statistique », rappelant que ce féminicide était le 30e sur 149 en 2019 en France. Electrochoc social, ce crime avait suscité une vague d’indignation dans le pays, entraînant l’organisation par le gouvernement d’un sommet sur les violences faites aux femmes.

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Source : https://www.sudouest.fr/justice/feminicide-de-julie-douib-perpetuite-requise-contre-son-ex-compagnon-3787719.php