

Publié le 20/04/2023 19:39:38
Le ministre de l’Intérieur a reconnu l’envoi de 510 membres de forces de l’ordre, dont des spécialistes de la lutte contre les violences urbaines, sur l’archipel. Elle pourrait débuter dans les prochains jours.
C’est une opération qui vise à démolir des bidonvilles et à expulser massivement les personnes en situation irrégulière. Gérald Darmanin a confirmé ce jeudi soir une prochaine opération contre la délinquance et l’immigration illégale à Mayotte, déjà largement ébruitée dans les médias depuis plusieurs semaines, mais sans donner de date de lancement, dans un entretien mis en ligne sur le site du Figaro.
C’est la première fois que le ministre de l’Intérieur s’exprime publiquement sur le sujet depuis les révélations du Canard enchaîné en février. Gérald Darmanin a confirmé l’envoi ces derniers jours sur l’archipel de « quatre escadrons de gendarmes mobiles, des policiers de la CRS-8, spécialistes de la lutte contre les violences urbaines, au total 510 membres des forces de l’ordre ». Selon une source locale, ils pourraient être mobilisés et actifs dans les tout prochains jours.
Mais il ne se prononce pas sur une date de début d’engagement de ces forces dans l’archipel, 101e département français situé à mi-chemin entre Madagascar et l’Afrique. « Les opérations d’ordre public à Mayotte, c’est tous les jours », balaye-t-il. Côté justice, « six magistrats et sept greffiers, ainsi que quinze agents de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) », ont été dépêchés. À nos confrères, le ministre considère que le territoire connaît « une situation de délinquance aggravée ».
« Les enfants ne peuvent plus aller à l’école sans risquer d’être agressés. Les barrages dressés sur les routes font fuir le personnel médical, qui retourne en métropole, et cela aggrave l’offre de soin. Les femmes enceintes sont parfois empêchées de se rendre à l’hôpital pour accoucher à cause des bandes. C’est une situation de délinquance aggravée à laquelle nous devons répondre avec une grande fermeté », affirme Gérald Darmanin.
Une quarantaine de « bandes criminelles organisées » selon Darmanin
Baptisée « Wuambushu », qui peut vouloir dire en mahorais « reprise » comme « poil à gratter », l’opération a été validée par Emmanuel Macron en Conseil de défense et devrait débuter la semaine prochaine, selon une source proche du dossier. Elle devrait durer au moins deux mois, selon les informations obtenues par l’AFP de source proche.
Grâce à ces renforts, « nous allons redoubler d’activité » contre la délinquance locale, indique le ministre. Au total, « une quarantaine de bandes criminelles organisées » ont été recensées à Mayotte, dit-il. L’objectif est également d’expulser les migrants illégaux, majoritairement originaires de l’archipel voisin des Comores, installés dans des quartiers particulièrement insalubres, appelés « bangas ».
« Nous prendrons le temps nécessaire » pour la destruction de ces habitats, « toujours sur autorisation du juge, car il va de soi que nous relogeons les personnes conformément au droit », a assuré Gérald Darmanin. Plusieurs associations, dont la Ligue des droits de l’Homme (LDH), se sont inquiétées dans un communiqué commun que « la France place ainsi des mineurs dans des situations de vulnérabilité et de danger intolérables ». Elles dénoncent « une inquiétante opération militaro-policière ».
Le président comorien, Azali Assoumani a de son côté déclaré à l’AFP espérer « que l’opération sera annulée », reconnaissant « n’avoir pas les moyens de (la) stopper par la force ». D’intenses tractations ont eu lieu ces dernières semaines entre Moroni et Paris, laissant planer la possibilité d’un accord de dernière minute.
Crédits image et texte : Le Parisien©
Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/expulsions-massives-a-mayotte-darmanin-confirme-une-operation-contre-une-situation-de-delinquance-aggravee-20-04-2023-HJVFMCXCNVFCTHALIHSWNM7ODU.php