Expédition punitive contre un suspect à Roanne : le père de la victime dit regretter son geste

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Publié le 27/10/2022 15:59:22

Placé en garde à vue, ainsi que trois autres personnes, ce jeudi à Roanne, le père d’une petite fille agressée sexuellement pourrait être poursuivi devant le tribunal correctionnel pour s’être fait justice lui-même en tabassant violemment le suspect. Il risque sept ans de prison.

Pour avoir violenté un jeune homme âgé de 16 ans, principal suspect dans une affaire d’agression sexuelle sur une petite fille de 6 ans, dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, un père de famille et trois autres personnes ont passé la journée de ce jeudi en garde à vue au commissariat de Roanne (Loire).

Selon les suites judiciaires qui seront données, ils pourraient être jugés devant le tribunal correctionnel au motif de « violences aggravées ». « Les coups portés sur le jeune homme lui ont valu dix jours d’ITT » rappelle le procureur de la République de Roanne, Abdelkrim Grini. « La peine pour ce genre de délit, c’est sept ans de prison. La France n’est pas un pays où l’on se fait justice soi-même », martèle le magistrat, qui a ouvert une enquête préliminaire pour « violences en réunion avec arme par destination ».

Revenant sur les faits très graves qui se sont produits en fin de semaine dernière, il rappelle qu’il a été « le premier à poursuivre le mineur suspecté d’agression sexuelle ». « J’ai le sens des priorités et responsabilités », dit-il. Mais Abdelkrim Grini « ne pouvait pas non plus fermer les yeux sur l’agression, la nuit suivante, du principal suspect, un mineur isolé âgé de 16 ans, arrivé à Roanne il y a seulement deux semaines et hébergé dans une structure spécialisée du quartier du Mayollet, tout près de la maison où la fillette a été agressée.

« Mon client est bouleversé et regrette totalement »

« Lui dit que les quatre personnes placées en garde à vue ce jour l’ont tapé, violenté, rapporte Abdelkrim Grini. Il raconte que, le soir de l’agression, c’est arrivé de partout pour le frapper et qu’il est tombé au sol sous la violence des coups. » La garde à vue devrait permettre d’en savoir plus sur les objets qui ont été utilisés pour le molester. Mais il ne fait aucun doute qu’il a été fouetté avec un câble électrique, et peut-être même frappé à l’aide d’un bâton. « Les traces de lacération sur son corps montrent à quel point les coups portés ont pu être violents », décrit le procureur roannais. Selon le parquet, les quatre hommes en garde à vue sont « tous connus de la justice, avec des casiers judiciaires très chargés pour certains, notamment pour trafic de stupéfiants ». Le père de la fillette lui-même a été « condamné en octobre 2014 à quatre ans de prison, dont un an avec sursis », assorti de trois ans de mise à l’épreuve pour le braquage, en décembre 2012, d’un bar-tabac de Roanne avec trois complices dont il n’a jamais révélé le nom. Il avait également été condamné à une interdiction de paraître à Roanne et à une interdiction de porter une arme pendant cinq ans.

Si, dans un premier temps, il disait ne pas regretter son geste devant les caméras de BFMTV, il est depuis revenu sur ses déclarations. « Il était hors de lui au moment des faits, il a perdu la raison, son sang-froid, et maintenant il regrette », tempère son avocat, Me Jean-François Canis, qui redoute les suites judiciaires. « Mon client était bouleversé de ce qui est arrivé à sa petite fille et de l’état de sa femme, qui dort peu et ne mange pas. Il a le sentiment qu’elle souffre beaucoup et se sent bien impuissant face à cela. En ce qui concerne les violences qu’il a fait subir à ce jeune homme, oui, il regrette totalement. »

Le suspect violenté veut porter plainte

De son côté, le mineur isolé de 16 ans, mis en examen et incarcéré, continue de nier toute implication dans l’agression sexuelle de l’enfant de 6 ans. « Il va un peu mieux. Il a été entendu hier (mercredi) sur les faits d’agression dont lui a été victime et souhaite toujours déposer plainte contre le père de famille », précise le procureur de la République de Roanne.

Du côté de la famille de la jeune victime, sa culpabilité ne fait pourtant aucun doute, comme l’explique Me Jean-François Canis : « La femme de mon client assure l’avoir formellement reconnu. Elle l’a vu de très près puisqu’ils se sont croisés dans le couloir de la maison, sortant de la chambre de la petite, le soir de l’agression. Elle a non seulement vu son visage, mais elle a également reconnu le t-shirt qu’il portait ce jour-là. Il n’avait pas changé de vêtement lorsqu’il a lui-même été agressé par le mari et ses amis. Elle n’a aucun doute. » C’est maintenant à l’enquête et à la justice d’apporter des réponses, la garde-à-vue des quatre hommes a été prolongée ce jeudi soir en vie d’une présentation devant la justice ce vendredi matin.

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Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/expedition-punitive-contre-un-suspect-a-roanne-le-pere-de-la-victime-dit-regretter-son-geste-27-10-2022-WEZEFI5PTZHJFIVJ6ANFYKAXTM.php