ENTRETIEN. « Le MeToo de la politique n’est pas advenu » pour une conseillère régionale de Bretagne

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Publié le 15/11/2021 18:38:41

Claire Desmares-Poirrier, conseillère régionale de Bretagne, est l’une des 285 signataires de la tribune appelant à « écarter les auteurs de violences sexuelles et sexistes » du monde politique, publiée par Le Monde ce lundi 15 novembre 2021.

« Le monde politique doit assumer ses responsabilités, écarter les auteurs de violences sexuelles et sexistes de ses rangs et faire preuve d’exemplarité dans les désignations », appellent 285 femmes dans une tribune publiée ce lundi 15 novembre par Le Monde et que l’on peut également retrouver sur le site « MeTooPolitique ». L’une des signataires, Claire Desmares-Poirrier, conseillère régionale de Bretagne explique son objectif, tout en faisant part des propositions.

Quel est l’objectif de cette tribune ?

À l’aune des législatives et des présidentielles, il faut arrêter d’investir les hommes qui ne représentent pas les valeurs de nos partis : l’égalité et la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. On ne parle pas seulement des condamnations juridiques, mais aussi, moralement, de la manière dont on considère les femmes dans l’espace politique et du niveau d’impunité pour ceux qui se comportent mal.Aux dernières municipales, des hommes qui avaient été condamnés pour violence conjugale ou pour violences sexuelles ont été investis. Le MeToo de la politique n’est pas advenu. On attend de nos organes politiques qu’ils prônent l’exemplarité et qu’ils l’incarnent dans les choix qu’ils font au moment où ils investissent des hommes et des femmes pour les prochaines séquences électorales.

Notamment à l’approche des présidentielles.

La question se pose évidemment : qui sont nos gouvernants et de quelle manière incarnent-ils et représentent-ils les Français et les Françaises ? Ces dernières représentent plus de la moitié des citoyens et citoyennes de ce pays. On a vocation à être représentés par des gens qui nous respectent. Lorsque l’on voit les plaintes contre Gérald Darmanin, qu’il est couvert par le gouvernement, et les soutiens qui lui sont apportés, il y a des questions qui se posent.

Est-ce une manière de viser aussi Éric Zemmour ?

Au-delà des témoignages portés par des femmes sur ces questions-là, il tient des propos masculinistes. De même qu’un certain nombre de propos antisémites et racistes qu’il tient allègrement, la logique voudrait qu’il ne soit pas possible, quand on tient ce genre de discours qui entravent l’unité de la nation, d’être candidat à la présidence de la République.

Quelles sont vos propositions ?

Nous proposons de signer un engagement en trois points : « Je m’engage à ne pas investir de personne mise en cause pour violences sexistes et sexuelles, je m’engage à ne pas donner mon parrainage à une personne mise en cause pour violences sexistes ou sexuelles, je m’engage à ne pas embaucher (équipe de campagne, équipe de collaborateur.ice.s...) une personne mise en cause pour violences sexistes ou sexuelles. » De manière plus transversale, nous demandons aux partis politiques de se saisir de cette question-là avec un volet de formation et de sanction.L’idée, c’est de faire changer les choses en intervenant bien avant qu’il y ait des plaintes.

Que répondez-vous à ceux qui opposent la présomption d’innocence ?

On sait qu’aujourd’hui, qu’il y ait plainte ou non, le nombre d’hommes condamnés dans le cadre de violences sexistes et sexuelles est dérisoire. La question ne se pose donc pas dans les mêmes termes. Si la justice, la police et la société faisaient leur travail, il n’y aurait pas de MeToo. Et si les partis politiques faisaient leur travail, nous n’aurions pas besoin de signer cette tribune. Quand on est une femme politique, on connaît le sexisme à toutes les étapes de son engagement, que ce soit comme militante, élue de territoire ou nationale. On le vit, on le subit et on est obligé de l’accueillir de fait. Mais on n’est pas obligées de se laisser faire non plus. Je trouve ça très heureux qu’aujourd’hui, un certain nombre de femmes se saisissent de cette question et disent stop.

Crédits image et texte : Ouest France©
Source : https://www.ouest-france.fr/politique/entretien-le-metoo-de-la-politique-n-est-pas-advenu-pour-une-conseillere-regionale-de-bretagne-ddaa119a-461a-11ec-ac19-c516ed4d7a4b