Enfants maltraités dans le Pas-de-Calais : «On leur servait de salaire», assure leur fils

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Publié le 06/09/2022 11:06:38

A l’origine de la plainte qui a permis de découvrir l’état de vie déplorable des enfants, Bryan, 21 ans, a raconté à TF1 le mode de vie de ses parents.

Il est celui qui a permis de lever l’insoutenable huis clos familial. Bryan, 21 ans, a trouvé le courage de « porter plainte contre ses propres parents » aujourd’hui soupçonnés de violences et carences éducatives, après la découverte mardi par la police de deux de leurs dix enfants attachés à des chaises hautes, dans une situation « d’hygiène déplorable » à Noyelles-sous-Lens (Pas-de-Calais).

« On leur servait de salaire », raconte-t-il aux caméras de TF1. « À chaque enfant parti, un nouveau-né arrivait », martèle-t-il, expliquant que son père n’a travaillé que six mois dans sa vie grâce à l’argent des aides sociales, et que sa mère ne travaillait pas.

Le jeune homme a porté plainte le 30 août contre ses parents, un homme de 44 ans et une femme de 40 ans, qui sont soupçonnés par la justice de « soustraction par ascendant aux obligations légales » et de « violences sur mineur de 15 ans par ascendant », sans ITT (incapacité totale de travail).

« Des coups de bâton, des coups de chaussures de sécurité, des coups de fouet »

« Ce qui est reproché, c’est surtout le manque d’hygiène total, et des carences éducatives graves », soit « le fait de ne pas s’être occupé de façon normale de ses enfants », a précisé le procureur. Les enfants ne présentent toutefois « pas de traces de sévices graves qui auraient provoqué des cicatrices », a-t-il ajouté. La famille compte au total dix enfants âgés de 4 mois à 24 ans, dont sept mineurs, et « les faits sont reprochés sur l’ensemble des mineurs et l’un des majeurs », de potentiels faits sur les deux aînés étant prescrits.

Selon Bryan, les enfants recevaient « des coups de bâtons, des coups de chaussures de sécurité, des coups de fouet ». « Un jour, on va m’appeler et me dire que mon petit frère de six ans est mort à la suite d’un coup », redoutait-il. Il regrette aussi l’inaction des services sociaux, qui auraient reçu un premier signalement sur la famille en 2013.

Car à chaque fois, la famille était prévenue des visites, raconte-t-il. C’est sur ce point qu’il a particulièrement insisté auprès de l’assistante sociale qu’il avait contactée fin août, après un véritable passage à tabac de son jeune frère de 16 ans par son père, une de ses sœurs, et son beau-frère. « Je leur ai expliqué qu’il ne faut pas prévenir quand on vient », témoigne Bryan. « À chaque fois, [mes parents] embobinent le cerveau des petits pour leur faire dire qu’ils ne subissent pas de violences ».

Les sept mineurs ont fait l’objet d’une ordonnance de placement provisoire. Placés en garde à vue le 31 août, les parents ont été présentés devant un juge et placés sous contrôle judiciaire, avec interdiction d’entrer en contact avec leurs enfants, et obligations de soins. Ils seront jugés le 24 janvier.

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Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/enfants-maltraites-dans-le-pas-de-calais-on-leur-servait-de-salaire-assure-leur-fils-06-09-2022-3MEG6ZEWJND2PK2L3HJFWFCVZY.php