Empoisonnement au Championnat de France de canicross : « Je n’ai jamais vu un cauchemar pareil »

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Publié le 14/03/2023 12:46:19

La mort de trois chiens empoisonnés lors d’une compétition ce dimanche 12 mars à Vauvert (Gard) suscite la consternation dans le monde canin.

Au-delà de la compétition, c’était censé être une fête. Après un an de préparation intensive pour les organisateurs, des mois d’entraînements pour les participants, 550 binômes s’étaient donné rendez-vous à Vauvert, près de Nîmes (Gard) pour le Championnat de France de canicross qui devait se dérouler sur deux jours.

Une fête brutalement interrompue dimanche au petit matin, quand trois chiens sont foudroyés en l’espace de dix minutes. Vomissements, spasmes et convulsions : Oslo, Opale et Palma ont été tués par des boulettes empoisonnées disséminées sur le site. Togo, le quatrième, a plus de chance : il n’a fait que renifler les vomissures d’une victime. Les vétérinaires de la compétition parviennent à le stabiliser, avant qu’il soit évacué dans un état grave vers une clinique de Montpellier (Hérault), « à bord d’un véhicule de gendarmerie », précise le parquet de Nîmes. La deuxième journée de la compétition a été aussitôt annulée.

Une douche froide pour les compétiteurs. « Ce sont des mois de préparation du binôme pour être au niveau, une organisation pour faire la route, trouver un logement, ça demande un véritable investissement », confie un proche d’un compétiteur.

Des boulettes de viande suspectes

Pour Caroline, jeune participante qui avait fait le déplacement depuis les Yvelines, les bons résultats de la veille perdent en saveur. « C’est gâché par ce qu’il s’est passé mais ça n’est rien comparé à ceux qui rentrent sans leur chien, confie-t-elle. Ils sont partis pour passer un moment de complicité et tout donner avec leur chien, ils rentrent chez eux et vont retrouver la maison avec les paniers, gamelles et jouets qui ne servent plus à rien, c’est horrible… »

Surtout, la cause de ces décès, qui n’ont rien d’accidentels, ajoute à l’écœurement. « C’est déjà horrible de perdre son chien en pleine forme mais quand on apprend ensuite les circonstances, c’est encore pire », poursuit Caroline. Très vite, des boulettes de viande suspectes ont été découvertes sur le site de la course. « Je n’ai jamais vu un cauchemar pareil en dix ans de pratique », souffle Sébastien Simon, directeur technique de la Fédération des Sports et Loisirs canins et président des CaniPirates, un club de canicross du Val-d’Oise.

Dans le milieu, personne n’imagine que l’empoisonnement soit l’œuvre d’un participant. « On n’est pas du tout dans un monde de compétition sans foi ni loi, ce n’est pas l’esprit », témoigne Caroline. « Je n’y crois pas du tout, c’est inimaginable. On se connaît tous, il y a énormément d’entraide et même si on fait de la compétition, ce sont nos chiens de famille avant tout », confirme Sébastien Simon, qui en veut pour preuve « la mobilisation de tous pour ratisser le site et le sécuriser dès qu’on a compris ce qu’il se passait ».

Enquête ouverte pour « sévices graves »

Un dispositif d’une vingtaine de gendarmes est déployé sur le site pour préserver la zone et procéder aux premières investigations. « Selon les vétérinaires présents sur place, les boulettes auraient été empoisonnées à l’aide d’une substance hautement toxique interdite en Europe depuis 2003 », rapportent les enquêteurs. Un puissant insecticide également utilisé comme anti-limace.

Selon les spécialistes de la question, un enfant ou un adulte qui toucherait ce produit et mettrait ensuite ses doigts à la bouche pourrait mourir en quelques minutes. La nécropsie des trois chiens tués doit avoir lieu la semaine prochaine, tandis que les boulettes collectées sont en cours d’analyse.

« L’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique est également saisi de l’enquête de flagrance diligentée sous la direction de la procureure de la République de Nîmes, des chefs de sévices graves ou actes de cruauté envers un animal domestique, aggravé par la circonstance de mort pour trois des quatre chiens », indique le parquet. Des faits passibles d’une peine de cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende.

« On n’est jamais à l’abri d’un fou »

Depuis le drame, des messages de soutien et courriers du monde entiers affluent vers la Fédération. « Ce sont des milliers de messages qui nous arrivent, de licenciés, d’inconnus, d’associations, de fédérations… Un soutien qui fait plaisir. Ce n’est pas le canicross français qui est touché mais bien le monde du canicross, du Mexique au Canada en passant par les fédérations européennes. Un traumatisme pour notre sport mais aussi pour le monde canin en général », écrit la FSLC.

Sous le choc de cet événement sans précédent dans les compétitions canines, certains maîtres s’interrogent sur la meilleure façon de protéger leur chien. « Pas une seule compétition ne mérite le risque que ma chienne soit tuée », insiste Caroline, qui court avec une Malinoise. Dans un premier temps, elle envisage de renoncer aux événements qui se déroulent sur deux jours, « où un riverain énervé par le monde pourrait venir faire ça dans la nuit ». « Ce qu’il s’est passé peut malheureusement arriver à n’importe qui n’importe quand en promenade, soupire Sébastien Simon. On n’est jamais à l’abri d’un fou. »

Crédits image et texte : Le Parisien©
Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/empoisonnement-au-championnat-de-france-de-canicross-je-nai-jamais-vu-un-cauchemar-pareil-14-03-2023-ZZ52ENUXARARPMT5W7JNLEE7OI.php