Drame de Millas : les familles des victimes espèrent trouver « une forme de certitude » au procès

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Publié le 19/09/2022 14:44:36

Près de cinq ans après la mort de six collégiens dans une collision entre leur car scolaire et un train à Millas (Pyrénées-Orientales), les familles des victimes espèrent obtenir des réponses et trouver « une forme de certitude » lors du procès de la conductrice du bus, qui s’est ouvert ce lundi 19 septembre à Marseille.

Attendu par certains, redouté par d’autres, le procès de la conductrice du car scolaire entré en collision avec un train à Millas (Pyrénées-Orientales), le 14 décembre 2017, s’est ouvert ce lundi 19 septembre 2022 à Marseille (Bouches-du-Rhône). Interrogées par l’AFP, les familles des victimes espèrent y trouver « une forme de certitude », près de cinq ans après la mort de six collégiens dans l’accident.

Âgée de 52 ans, la conductrice du bus est jugée pour six homicides involontaires mais également pour avoir involontairement causé à 17 autres jeunes passagers, présents dans le car scolaire, des blessures ayant entraîné une interruption totale de travail allant de deux à 180 jours. Seule prévenue dans le box, elle est arrivée ce lundi en tailleur noir. Toute la matinée, elle a caressé un labrador noir, Ouchi, qui, assis à ses côtés, l’assistera durant le procès pour l’aider à libérer sa parole et à gérer ses émotions. Elle encourt cinq ans de prison et 75 000 € d’amende.

Sur les bancs de la grande salle du tribunal de Marseille, qui dispose d’un pôle spécialisé sur les accidents collectifs, des dizaines de parents d’enfants morts ou blessés dans la collision ont pris place en quête de réponses. « C’est primordial, important et vital pour nous et pour tout le monde » d’être présents, a témoigné avant l’audience Stéphan Mathieu, père d’une adolescente décédée dans l’accident.

« Nous devons affronter le regard de la conductrice, qu’elle se justifie sur ce qui s’est passé ou pas afin de connaître la vérité », a-t-il ajouté, précisant que le plus important pour lui était « qu’elle nous demande pardon et qu’elle s’excuse ». « Qu’elle soit condamnée ou non, ce n’est pas le problème », a poursuivi Stéphan Mathieu. Au cœur des débats, la question de savoir si la conductrice a forcé ou pas la barrière du passage à niveau en ramenant chez eux, en car, depuis le collège, un groupe de 23 adolescents.

« Il faut savoir si cette barrière était vraiment ouverte ou vraiment fermée, c’est ce qu’on veut savoir. On espère que ce procès va apporter des réponses », poursuit le père de l’adolescente décédée.

Le 14 décembre 2017, peu après 16 h, la violente collision entre l’autocar et un train express régional (TER) à un passage à niveau avait fait six morts et 17 blessés, dont huit très grièvement. Sous le choc, le car avait été coupé en deux. Les expertises techniques menées durant l’instruction concluent que la conductrice, qui avait l’habitude de ce trajet, a forcé « la demi-barrière fermée dudit passage à niveau alors qu’un train express régional arrivait ».

Pour les enquêteurs, « l’hypothèse la plus probable, sur le plan technique » est bien « celle d’un passage à niveau fermé au moment de l’accident », même si les témoignages attestant de l’inverse, dont ceux de certains enfants, « sont majoritaires ».

Lundi, c’est une femme profondément marquée qui s’est présentée à l’audience : « Il ne s’est pas passé un jour, une nuit sans qu’elle pense à l’accident à tel point que son psychologue nous dit qu’elle est obsédée par cet accident », a souligné l’un de ses avocats, Me Jean Codognès. Pour nombre des plus de 120 parties civiles, le procès doit également faire réfléchir sur la sécurité des passages à niveau et des transports scolaires.

« Avant mon drame, je ne réfléchissais pas à tout ça », à savoir la situation du collège entre deux passages à niveau, la présence d’une seule conductrice dans un car scolaire pour 23 enfants, la plupart pas attachés, témoigne Fabien Bourgeonnier, le père de Loïc, décédé à onze ans dans l’accident. « On peut reprocher plein de choses au car, mais si on faisait des vraies protections (aux) passages à niveau, empêchant vraiment les véhicules de passer ? », poursuit Fabien Bourgeonnier.

Au début de l’audience lundi, la SNCF, SNCF Réseau et SNCF Voyageurs se sont également constitués parties civiles. Les audiences se tiendront jusqu’au 7 octobre, dans une salle pouvant accueillir jusqu’à 400 personnes, et seront également retransmises au palais des congrès de Perpignan, les quelque 123 parties civiles constituées à ce stade vivant majoritairement dans les Pyrénées-Orientales.

Crédits image et texte : Ouest France©
Source : https://www.ouest-france.fr/faits-divers/accident-de-millas/drame-de-millas-les-familles-des-victimes-esperent-trouver-une-forme-de-certitude-au-proces-7c61eaae-380c-11ed-8ce0-a7ed58f597f6