Drame de Millas. « J’entends le klaxon du train puis noir complet », des passagers du bus témoignent

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Publié le 20/09/2022 12:23:15

Alors que le procès du drame de Millas s’est ouvert lundi 19 septembre 2022, deux jeunes qui étaient présents dans le bus qu’a percuté un train en 2017 ont témoigné à la barre ce mardi 20 septembre.

« J’entends le klaxon du train, je me retourne, je vois juste le train, puis noir complet » : un jeune homme a témoigné ce mardi 20 septembre dans la matinée sur la collision entre son car scolaire et un train à Millas (Pyrénées-Orientales) en 2017. Un accident qui lui cause encore des migraines.

Six collégiens qui rentraient chez eux à bord du car ont trouvé la mort le 14 décembre 2017 et 17 ont été blessés dont huit très grièvement. La conductrice du car est jugée depuis lundi à Marseille pour homicides et blessures involontaires.

« Au moment où on passe [le passage à niveau], je suis occupé parce que je fais un tour de magie à » une camarade « qui est en face de moi, de l’autre côté du couloir », décrit d’une voix assurée celui qui avait 13 ans à l’époque de l’accident, au cours duquel il a été blessé au bras droit.

« On traverse la voie ferrée, je fais toujours le tour de magie », ajoute le jeune homme de 17 ans à la barre du tribunal judiciaire de Marseille, qui dispose d’un pôle spécialisé pour juger les accidents collectifs dans le sud-est de la France.

« Je me souviens juste que je tourne la tête, qu’il y a le train qui klaxonne, après ça, je me suis réveillé » et « c’est comme si le temps était arrêté », poursuit-il.

Depuis l’accident, le jeune homme n’arrive pas à oublier ce bruit de klaxon et souffre de migraines quasi quotidiennes. « Pendant presque deux ans, je ne voulais plus parler » de l’accident, indique-t-il.

Ce sont les témoignages des deux passagers de l’utilitaire stationné de l’autre côté du passage à niveau, qu’il a suivis lundi depuis une salle spéciale où est retransmis le procès à Perpignan, qui l’ont incité à faire le trajet pour venir témoigner à Marseille.

« En les voyant, j’ai eu des flash-back », a-t-il détaillé.

Concernant la position des barrières du passage à niveau, une question cruciale pour déterminer la culpabilité de la conductrice, il déclare : « Aujourd’hui, je ne peux rien affirmer parce que je n’ai rien vu de mes yeux, je n’ai pas fait attention à la route à ce moment-là, je ne me souviens que du bruit du klaxon » du train.

Dans les deux ans suivant l’accident, il avait « toujours le doute sur les barrières », ajoute-t-il.

Une deuxième victime, qui était dans le car scolaire lors de l’accident, est aussi venue lire son témoignage à la barre.

« Le trajet se passe normalement, on arrive au panneau stop, un premier bus passe […] c’est à notre tour de passer le passage à niveau, j’ai le souvenir des barrières levées » puis « je vois le train nous foncer dessus, j’ai le souffle court », dit la jeune femme aujourd’hui âgée de 18 ans.

Mais aujourd’hui, après avoir lu les expertises, « je me remets en question sur tout, sur les barrières, sur ma place dans le bus », relève-t-elle.

Les expertises techniques menées durant l’instruction concluent que la conductrice, qui avait l’habitude de ce trajet, a forcé « la demi-barrière fermée dudit passage à niveau alors qu’un train express régional arrivait ».

Pour les enquêteurs, « l’hypothèse la plus probable, sur le plan technique » est bien « celle d’un passage à niveau fermé au moment de l’accident », même si les témoignages attestant de l’inverse, dont ceux de certains enfants, « sont majoritaires ».

« Ce changement de version, ça me chamboule », dit la jeune femme.

Crédits image et texte : Ouest France©
Source : https://www.ouest-france.fr/societe/justice/drame-de-millas-j-entends-le-klaxon-du-train-puis-noir-complet-des-passagers-du-bus-temoignent-daafdcb4-38cb-11ed-8b3d-3215396223a4