Drame de Furiani : trente ans après, l’heure de l’apaisement alors qu’on ne jouera plus au football le 5 mai en France

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Publié le 02/05/2022 12:37:31

Trente ans après la pire catastrophe du sport français, 19 morts et 2 357 blessés dans l’effondrement d’une tribune du stade de Furiani, à Bastia, avant un choc contre Marseille, l’apaisement pointe avec le gel des matches les 5 mai décidé dans les compétitions françaises

« Ici le soleil décline et l’ambiance monte… » Après ces quelques mots de Michel Vivarelli, journaliste à Radio France Corse, un grand fracas avait retenti puis un silence assourdissant avait occupé l’antenne plusieurs minutes. La tribune nord du stade Armand-Cesari de Furiani venait de s’effondrer, le 5 mai 1992.

Perché au sommet de cette tribune provisoire de près de 20 mètres de hauteur, le reporter s’apprêtait à commenter la demi-finale de Coupe de France entre Bastia et l’OM. Autour de lui, 8 000 personnes avaient pris place et attendaient le coup d’envoi.

Les mots de Michel Vivarelli, ses derniers, ornent désormais le chemin qui mène jusqu’au mémorial des victimes.

Commémorations « symboliques »

« Cette année, ce sont des commémorations assez symboliques et particulières », selon Josepha Guidicelli, la présidente du collectif de victimes, qui a perdu son père, Jean-Pierre Guidicelli, lui aussi journaliste. « Symboliques », parce que « ce sont les 30 ans de la tragédie », et « particulières parce que le 14 octobre il y a eu cette loi qui est venue geler les matches lorsque ça tombe un 5 mai », souligne-t-elle.

Cette demande qu’aucun match de football de Ligue 1, de Ligue 2, de Coupe de France et du Trophée des Champions ne soit joué le 5 mai, définitivement adoptée par le Parlement, « était très importante pour nous », rappelle celle qui avait 4 ans le jour du drame.

Ce fut « une tragédie nationale, une des pages les plus sombres de l’histoire sportive » française, avait souligné la ministre des Sports Roxana Maracineanu en février 2020, lors de l’adoption par l'Assemblée nationale du texte porté par un député corse.

Inlassablement, les victimes butaient jusque-là sur les réticences de la Ligue de football professionnel et de la Fédération française de football (FFF), gênées dans l’organisation de leurs compétitions.

L’OM jouera quand même

Alors certes, il y aura ce Marseille - Feyenoord jeudi, en demi-finale retour de Ligue Europa Conférence. Une rencontre que Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, ou Jean-Charles Orsucci, maire de Bonifacio, avaient appelé à déplacer à une autre date. Sans succès.

L’OM, qui a sollicité l’UEFA pour pouvoir « faire quelque chose » le jour du match, est encore dans l’attente d’une réponse.

« C’est dommage pour la symbolique », regrette Mme Guidicelli. « Mais ça ne changera rien à nos commémorations », marquées comme chaque année par une cérémonie de recueillement à 16 heures devant la stèle, là où la tribune s’est effondrée. Puis ce sera une messe à la cathédrale de Bastia, à 18 heures.

Côté judiciaire, un seul des 13 prévenus initialement poursuivis a écopé d’une peine de prison ferme, le constructeur de la tribune provisoire, condamné à deux ans de prison. À l’issue du procès en appel, en 1995, huit autres prévenus, dont des responsables du club, de la Ligue corse ou de la FFF, ainsi que l’ancien directeur de cabinet du préfet, ont été condamnés à du sursis ou des amendes.

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