Double agression d’une résidente à l’Ehpad : « La preuve d’un dysfonctionnement » selon des familles

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Publié le 16/11/2022 15:31:24

Après la double agression d’une résidente de l’Ehpad du Prieuré, à Cordemais, le collectif des familles s’interroge sur le manque de réactivité de la direction. Le maire de Cordemais, président du conseil d’administration, évoque « un concours de circonstances ».

« Un concours de circonstances. » Plutôt lapidaire, la formule de Daniel Guillé, maire de Cordemais, pour expliquer le manque de réactivité de la direction de l’Ehpad du Prieuré à prévenir la famille de la résidente qui a été violentée. Le 10 octobre, cette résidente de 78 ans a été agressée sexuellement par un autre résident qui l’a ensuite battue le 31 octobre. La famille de la victime n’a été prévenue que le 7 novembre.

Pourquoi a-t-il fallu attendre presque un mois avant que la direction n’alerte les proches ? « La nouvelle directrice était en vacances, puis en arrêt maladie, justifie le maire (sans étiquette), également président du conseil d’administration de l’association du Prieuré, qui gère l’établissement. La nouvelle infirmière coordinatrice est arrivée le 7 novembre. Moi-même, je n’ai été informé que la semaine dernière. »

« Soit on nous prend pour des idiots, soit c’est la preuve d’un grave dysfonctionnement, réagit Brigitte de Saint-Martin, du collectif des familles du Prieuré. Quand l’équipe d’aides-soignants a constaté l’agression, un référent de la direction aurait dû être alerté et prévenir le président. M. Guillé se cache derrière son petit doigt. »

Ce n’est pas la première fois que cet Ehpad fait parler de lui, après des soupçons d’empoisonnement et la condamnation d’un aide-soignant pour agression sexuelle. L’ancienne directrice a été licenciée en octobre 2021. Après quelques mois de direction en intérim, une nouvelle directrice a été nommée en mars 2022. « L’équipe a été renouvelée avec l’arrivée d’une psychologue, d’une animatrice et d’une responsable d’amélioration continue », détaille Daniel Guillé.

Un plan d’actions au sein de l’établissement a été mis en œuvre, selon la directrice, Éliane Leclercq-Meneust, « afin qu’aucun fait similaire ne puisse se reproduire : renforcement de suivi des résidents concernés, vigilance demandée aux professionnels dans leurs pratiques, réunion avec le conseil d’administration, contacts auprès des médecins des deux parties, réunion du personnel ». Un conseil de vie sociale, composé de représentants des familles, des salariés, des résidents a également été créé.

Ces mesures suffiront-elles à rassurer les familles ? « C’est bien, mais ce n’est pas assez pour assurer la sécurité des résidents, estime Brigitte de Saint-Martin. Il faudrait une inspection de l’Agence régionale de santé ou un audit de l’établissement. » L’ARS et le conseil départemental prévoient de contrôler prochainement l’Ehpad de Cordemais, qui « fait actuellement l’objet d’un suivi attentif en raison de différents signalements ».

Le maire pointe également des difficultés de recrutement dans le secteur : « Les personnels sont sûrement débordés. Il y a peu, une personne a abandonné son poste, sans nous prévenir. » Malgré un effectif de 90-95 salariés, faut-il augmenter le nombre de personnels ?

Daniel Guillé brandit la menace d’une hausse des coûts : « Le prix est environ de 63 € à la journée au Prieuré. Les parts de subvention du Département et de l’ARS ne bougeront pas. » Et il avertit : « Si on n’est pas content de cette gestion par une association, alors qu’un groupe privé prenne la main ! Nous passerons de 2 100 € par mois à 3 600 €. »

Agacé, le maire ajoute : « Dans tous les cas, moi, je ne vais pas y laisser ma santé. » La mairie était autrefois propriétaire des murs du Prieuré. C’est aujourd’hui le bailleur social L’aiguillon constructions qui possède le nouveau bâtiment érigé.

Crédits image et texte : Ouest France©
Source : https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/cordemais-44360/loire-atlantique-agression-a-l-ehpad-la-preuve-d-un-dysfonctionnement-selon-des-familles-a034dd60-64f3-11ed-921e-4ba615c3f69c