De l’école en travaux à Montfermeil, il ne reste plus rien… Tristesse et colère après le terrible incendie

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Publié le 16/04/2023 13:51:16

« Je suis une enfant d’ici. Ça fait mal », commente une mère de famille. Au lendemain du sinistre qui a détruit en Seine-Saint-Denis un établissement scolaire en construction, parents et riverains ne peuvent que constater le désastre là où l’école Jules-Ferry devait ouvrir en fin d’année.

Quand elle a compris que, derrière cette épaisse fumée noire envahissant le quartier ce samedi en fin d’après-midi, c’était sa future école qui était en feu, la fille de Coralie a fondu en larmes. En voyant ce dimanche matin la carcasse calcinée de l’école maternelle Jules-Ferry de Montfermeil (Seine-Saint-Denis), qui était en construction depuis presque quatre ans, c’est la maman qui n’a pu se retenir de pleurer.

Dans ce quartier pavillonnaire, des dizaines de riverains et de parents d’élèves n’avaient d’yeux que pour cette école qui a presque entièrement brûlé en une soirée. Son ouverture était enfin espérée en toute fin d’année 2023. « Vous aviez fait la visite de chantier ? interroge une autre mère de famille face au spectacle impressionnant du bâtiment en ruine. Elle était vraiment canon, rien à voir avec l’école qu’on avait avant… »

Aucune victime

Samedi 15 avril, le vacarme a été important dans le quartier avec plusieurs explosions de bombonnes de gaz qui ont été entendues à des centaines de mètres à la ronde. Le feu a été totalement circonscrit peu après 1 heure du matin. Environ 160 soldats du feu ont été mobilisés. Ce dimanche, ils s’assuraient encore qu’aucune reprise du feu n’était possible. L’incendie n’a fait aucune victime, mais de nombreux habitants ont dû attendre plusieurs heures en dehors d’un périmètre de sécurité, avant de pouvoir regagner leur domicile en soirée.

Un projet que les habitants suivent depuis des années

« C’était vraiment impressionnant, confie Fortuné, une retraitée ayant voulu s’approcher. La veille, je n’ai pas voulu y aller car j’avais peur de ces explosions. » Au petit matin, le quartier Franceville s’est réveillé avec une fine couche de suie ayant sali les trottoirs, le bitume et même certains pavillons. « Il y en a partout, même sur ma piscine. Pourtant, j’habite à plusieurs centaines de mètres, quand même », poursuit la retraitée, qui se dit que « le maire doit être drôlement embêté avec cette histoire… »

« Pour nous, c’est vraiment dur car c’est un projet qu’on suit depuis des années : on a vu le chantier démarrer, être stoppé par le Covid, avoir des problèmes d’approvisionnement à cause de la guerre en Ukraine », raconte Coralie, parent d’élève élue à Jules-Ferry. « Et là, on se disait que c’était bon, que c’était la dernière ligne droite », se désole son compagnon.

Un modèle écoresponsable à 7 millions d’euros

Depuis la petite structure en préfabriqués servant à accueillir provisoirement les écoliers en maternelle durant le chantier, la vue était imprenable sur les travaux de la future école construite sur un modèle écoresponsable. « Même pour les enfants, c’est dur à gérer car ils l’ont vu pousser, poursuit la mère de famille. Et nous aussi, on se projetait : on imaginait nos enfants dedans… Il devait y avoir aussi une médiathèque. Pour Franceville, c’était énorme, on avait enfin quelque chose qui se passait pour nous… Je suis une enfant d’ici. Ça fait mal. »

La construction de la future école de 13 classes associait le bois, la paille et la terre crue. Il s’agissait d’un bâtiment dit « passif », qui produit autant d’énergie qu’il n’en consomme. Il avait également été labellisé BDF (bâtiment durable francilien) et devait accueillir un jardin pédagogique.

Le montant des travaux était évalué à plus de 7,2 millions d’euros. Contacté à plusieurs reprises ce samedi soir, puis ce dimanche, le maire (PCD) de Montfermeil, Xavier Lemoine, n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien.

La construction en paille et en bois critiquée par des parents

Un autre couple de retraités ne pouvait pas s’empêcher de faire le lien entre l’incendie et le choix des matériaux pour construire l’école : « Quand j’ai vu les grandes flammes au fond, je me suis dit tout de suite que c’était l’école ! explique la dame âgée. Avec tout ce bois… C’est fou quand même. Je veux bien être écolo, et je comprends cette nécessité, mais une école en bois, et avec du gaz en plus, c’est dangereux ! »

« L’écologie c’est bien beau mais c’était sûr que ça allait arriver, déplore un autre parent. Et encore, je suis même content que ce soit arrivé maintenant avant que les gamins ne soient à l’intérieur ! »

Le parquet de Bobigny a ouvert une enquête pour déterminer les causes de cet incendie, dont l’origine n’est pas établie à ce stade. Dans le quartier, plusieurs témoins évoquent ces « jeunes qui avaient l’habitude de s’installer sur le chantier ou à côté, qui dealaient et mettaient le bazar ». « Ce qui est bien, c’est qu’il y avait des caméras et tout a été enregistré, veut croire une autre voisine. Et heureusement qu’hier, il n’y avait pas école. Vous imaginez s’il y avait eu des enfants juste à côté ? »

Crédits image et texte : Le Parisien©
Source : https://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/de-lecole-en-travaux-a-montfermeil-il-ne-reste-plus-rien-tristesse-et-colere-apres-le-terrible-incendie-16-04-2023-PEOZUEBIUBCBVNDTYD7K4ABWPE.php