Dans le Morbihan, cette association aide les victimes de violences conjugales à se reconstruire

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Publié le 25/11/2022 07:53:11

Dans l’est du Morbihan, l’association Femme Phoenix, créée par une ancienne victime, accompagne des femmes dans leur reconstruction. Parce que cette dernière ne passe pas que par la justice.

« Il y a encore six mois, j’étais une bombe à retardement. » Bénédicte (1) revient de loin. Cette Morbihannaise de 42 ans essaie de se remettre de « dix-neuf ans de violences psychologiques, physiques et sexuelles avec le père de mes trois enfants ».

Après des années d’emprise, elle a trouvé le courage de divorcer. C’est à cette occasion qu’elle a rencontré l’association morbihannaise Femme Phoenix, en 2021, à La Roche-Bernard (Morbihan) « pour me faire aider dans la paperasse ».

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Au-delà de l’administratif et du juridique, elle cherche désormais à se reconstruire. Et peut, là aussi, compter sur l’aide de Femme Phoenix. L’association, qui tient des permanences d’écoute, dispose aussi d’un réseau de quatorze professionnels partenaires bénévoles : sophrologue, assistante sociale, psychothérapeute corporelle, psychologue, kinésiologue, éducateur spécialisé, sexologue, ex-major de gendarmerie, avocate, conseillère en image…

« Ils m’ont fait prendre conscience de beaucoup de choses, confie Bénédicte, qui avait hésité dans un premier temps à rencontrer ces bénévoles. Mais la première fois que j’ai vu Éric, l’ancien gendarme, je lui ai parlé pendant quatre heures. L’ostéopathe m’a fait du bien aussi. Avec la psychothérapeute corporelle, je respire mieux, je décèle ce que mon corps me dit. »

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Perte de poids, cervicales bloquées cauchemars, mal au dos, contractions de mâchoires… Son corps est encore marqué des violences inouïes passées. Comme « le jour où il m’a traînée par les cheveux et voulait me jeter par la fenêtre du cinquième étage » ; ou « quand j’ai eu un traumatisme crânien car il m’a tapé l’arrière de la tête pendant que je donnais à manger à notre premier bébé. À l’hôpital, j’ai menti : j’ai dit que je m’étais pris le lavabo… »

Proposer une écoute aux victimes de violences, être là quand les violences parfois oubliées remontent, c’était l’objectif de Prisca Lévêque, 34 ans, ancienne victime et présidente de l’association. « C’était ça que je voulais créer : être là quand elles en ont besoin », indique-t-elle.

Pour assurer un solide lien, chaque femme est épaulée par un des sept bénévoles référents. Jusqu’à présent, 29 femmes ont été aidées par l’association. « Une fois parties de leur foyer beaucoup ne vivent qu’à travers la procédure judiciaire, c’est long et destructeur. La mienne a duré sept ans, rappelle Prisca Lévêque. On leur dit qu’il faut s’autoriser à vivre, qu’elles ont leurs armes pour rebondir. »

Prisca et ses collègues accompagnent les hauts et les bas des ex-victimes. Certaines vont rapidement vers d’autres hommes après la rupture. « C’est qu’on a toute une dépendance affective. C’est un manque à combler et à la moindre attention, on plonge. Je suis passée par là, explique Prisca. Cette instabilité, c’est une recherche de bonheur parce qu’on pense qu’il ne peut venir que de l’extérieur. Il faut une introspection pour se rendre compte que non. » Elle reconnaît volontiers qu’elle n’a « pas de diplômes pour cette mission. Juste mon expérience. »

Crédits image et texte : Ouest France©
Source : https://www.ouest-france.fr/bretagne/la-roche-bernard-56130/dans-le-morbihan-cette-association-aide-les-victimes-de-violences-conjugales-a-se-reconstruire-f84b2b0a-60e6-11ed-bd7d-093981143012