Course-poursuite sur le bassin d’Arcachon : le veilleur de nuit de la Co(o)rniche a été jugé pénalement irresponsable

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Publié le 03/11/2021 21:17:42

Le 16 août dernier, le veilleur de nuit du célèbre hôtel-restaurant s’est lancé à la poursuite d’un autre employé. Il a embouti plusieurs voitures avant d’être stoppé par la police. Ce mercredi, il a comparu devant le tribunal

Devant le tribunal correctionnel de Bordeaux, ce mercredi, le mot miracle a été prononcé plusieurs fois. Car c’est, en effet, un miracle que les faits survenus le lundi 16 août, en fin d’après-midi, sur le bassin d’Arcachon n’aient pas eu de plus graves conséquences. « Des blessés, voire des morts », résume le vice-procureur Perrine Lannelongue.

Ce jour-là, alors que la station balnéaire est bondée de vacanciers qui rentrent de la plage, le veilleur de nuit de l’hôtel-restaurant La Co(o)rniche au Pyla-sur-Mer se lance dans une folle course-poursuite avec un des voituriers de l’établissement. Au volant de sa BMW, cet homme de 41 ans aurait d’abord jeté « un regard agressif » en direction de son collègue qui quittait son service selon le rapport lu à l’audience.

Le regard absent

Cela a créé un vif émoi sur la commune, les gens ont eu très peur et ont pensé à la présence d’un terroriste 

Lancé à vive allure, il tente de le percuter à plusieurs reprises tandis que le voiturier, affolé, appelle la police qui lui conseille de se rendre au commissariat. Arrivé à Arcachon, le veilleur de nuit heurte la voiture au niveau d’une portière avant, emboutit une voiture de police et prend la fuite vers le Pyla. Sur sa route, il percute plusieurs voitures en stationnement et circule à plus de 100 km/heure, les policiers à ses trousses avec gyrophare et deux-tons actionnés. Il emprunte des rues et des ronds-points à contresens et est finalement stoppé devant La Co(o)rniche par des policiers contraints de faire usage de leur arme de service en tirant dans les pneus. « Vous avez tamponné des voitures en cascade avant de vous arrêter, les policiers tapaient à la vitre et vous aviez le regard absent », précise la présidente de la 7e chambre des comparutions immédiates du tribunal, Cécile Savatier. « Cela a créé un vif émoi sur la commune, les gens ont eu très peur et ont pensé à la présence d’un terroriste ».

Placé en garde à vue au commissariat central de Bordeaux, le chauffard qui n’avait consommé ni alcool ni stupéfiants, a été rapidement hospitalisé à Charles Perrens en raison de son état psychiatrique. Il en est sorti le 15 octobre pour être présenté au parquet et placé sous mandat de dépôt au centre pénitentiaire de Gradignan dans l’attente de son jugement. Expertisé par trois médecins, ces derniers ont conclu à « un délire de persécution chez une personnalité dépressive atteinte d’un délire paranoïaque ». Pour les médecins, le veilleur de nuit qui souhaite revenir en Roumanie, son pays d’origine, « peut être dangereux pour lui et pour autrui ».

« Il a perdu la raison »

Le 16 août dernier, il explique au tribunal « avoir voulu saluer le voiturier puis il a paniqué ». Dans son cheminement, il dit que « les choses sont devenues incontrôlables et avoir voulu en finir avec la vie. J’étais complètement black-out ».

« Mais est-ce que vous comprenez que vous avez pu faire peur à des gens ? », interroge la présidente. « Oui, tout à fait », répond le prévenu, décrit par son employeur comme « très sérieux dans son travail depuis trois ans ».

« Les policiers ont limité le plus possible les dégâts collatéraux, observe Me Guillaume Sapata, partie civile pour huit d’entre eux. Sans leur professionnalisme, cela aurait été bien plus grave. »

« Il a perdu la raison et n’a que de très brefs souvenirs, relève Me Aurélien Guitard, pour la défense du veilleur de nuit. C’est quelqu’un de très rigoureux qui a un profond respect de la police. »

Dans son délibéré, le tribunal a suivi les réquisitions du parquet et déclaré le prévenu pénalement irresponsable en raison d’un trouble mental ayant altéré son discernement ou la responsabilité de ses actes au moment des faits. Il va donc quitter la prison pour regagner Charles Perrens sous la forme d’une hospitalisation complète. En revanche, les parties civiles seront indemnisées pour leur préjudice moral et matériel. Par ailleurs, le veilleur de nuit, licencié de la Co(o)rniche, a désormais interdiction d’y revenir pendant 5 ans. De même, il ne doit pas rencontrer le voiturier pendant la même période.

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Source : https://www.sudouest.fr/gironde/arcachon/course-poursuite-sur-le-bassin-d-arcachon-le-veilleur-de-nuit-de-la-co-o-rniche-a-ete-juge-penalement-irresponsable-6811652.php