Cour d’assises de la Gironde : un trentenaire jugé pour tentative de meurtre sur sa compagne

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Publié le 10/11/2021 20:55:30

Le 30 novembre 2019, une jeune femme en sang, blessée sur tout le corps par des coups de poing, de couteaux et de sécateur avait trouvé refuge chez des riverains à Cestas

Ses premiers mots sont pour s’excuser et dire combien il est désolé. Depuis ce mercredi 10 novembre, Benjamin Guérin, 36 ans, est jugé par la cour d’assises de la Gironde pour avoir tenté de tuer sa compagne, Marlène, le 30 novembre 2019 à Cestas (Gironde). Mais sa victime réplique par un ostensible doigt d’honneur et une salve d’injures, avant de quitter la salle d’audience puis d’y faire des allers-retours incessants.

La journée étant essentiellement consacrée à l’accusé, la jeune femme peine à se contenir et à ne pas intervenir. C’est bien elle la victime dans l’histoire. Elle qui s’est vue mourir. Elle qui n’a plus compté les coups tellement il y en a eu cette nuit-là. Elle qui a eu huit semaines d’incapacité totale de travail. Elle dont la « vie est bousillée ». Des larmes montent à l’évocation des faits.

« Elle était en très mauvais état », témoigne la voisine bienveillante qui a d’abord cru accueillir la victime d’un accident de voiture. « Elle était couverte de sang et ça coulait encore de son pantalon. »

Le couple vivait depuis deux ans dans un camion aménagé, occupant des emplois saisonniers et reprenant la route à sa guise. En novembre 2019, Benjamin Guérin et sa compagne étaient de passage en Gironde et avaient stationné le véhicule en plein centre de Cestas.

Me Aurélie Balland, du barreau de Nantes, défend la partie civile, Marlène, l’ancienne compagne de l’accusé.

Laurent Theillet / « SUD OUEST »

Ce soir-là, après une dispute et des insultes, l’accusé aurait porté des coups de poing, de couteau et de sécateur sur sa compagne, lui aurait lancé une Cocotte minute au visage et l’aurait empêchée de partir pour mieux recommencer à cogner. Les faits ne sont pas contestés, c’est l’intention d’homicide et la responsabilité pénale qui seront discutées par les avocats de la défense, Mes Alexandre Novion et Frédéric Train.

Une scène de torture

Quand enfin elle est parvenue à s’enfuir après ce qu’elle qualifie de « scène de torture », Marlène a frappé à plusieurs portes restées closes au prétexte qu’elle faisait trop de bruit. Elle a finalement trouvé refuge chez un couple de riverains. « Elle était en très mauvais état », témoigne la voisine bienveillante qui a d’abord cru accueillir la victime d’un accident de voiture. « Elle était couverte de sang et ça coulait encore de son pantalon. »

Avant d’en venir aux faits, la cour a souhaité savoir qui elle jugeait. Dreadlocks rassemblées en une queue-de-cheval, vêtu de sombre, l’accusé a du mal à se raconter. Né au Brésil, Benjamin Guérin a été adopté, dans des conditions qui paraissent aujourd’hui troubles, à l’âge de 14 mois. Il le sait « depuis toujours ». Il se prénommait alors Claudinei. Enfant unique en Loire-Atlantique, il aurait vécu entre une mère concernée et un père « resté un inconnu ».

Il s’est révélé instable dans ses choix d’études comme dans ses divers emplois, utilisant la violence comme moyen d’expression, y compris avec ses compagnes. Benjamin Guérin dit « je », mais parfois cela lui échappe, il emploie la troisième personne du singulier pour parler de lui. Dès l’adolescence, il aurait ressenti un grand mal-être et multiplié les conduites addictives pour faire taire « les voix et bruits » qu’il entendait en continu. Il voudrait en faire une circonstance atténuante, rejetant la faute sur les prescripteurs de psychotropes. Le verdict est attendu vendredi 12 novembre.

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