Coupe du monde : une filiale de Vinci mise en examen pour les chantiers liés au Mondial

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Publié le 09/11/2022 18:01:47

La filiale du groupe française est notamment mise en examen des chefs de « conditions de travail ou d’hébergement incompatibles avec la dignité humaine ».

C’était attendu. Vinci Constructions Grands Projets, filiale du groupe français Vinci, a été mis en examen mercredi par un juge de Nanterre (Hauts-de-Seine) dans le cadre d’une enquête sur les conditions de travail d’employés sur certains chantiers liés au Mondial-2022 au Qatar, a l’avocat du groupe. L’entreprise est notamment mise en examen des chefs de « conditions de travail ou d’hébergement incompatibles avec la dignité humaine ».

Le Parisien avait déjà révélé, dimanche, que la filiale serait convoquée ce mercredi « en vue d’une éventuelle mise en examen ». Le groupe écrivait alors regretter que « sa filiale fasse l’objet d’une mise en examen », en anticipant la décision. L’entreprise française dit réfuter les accusations, notamment de « travail forcé » et de « traite d’êtres humains », à deux semaines de l’ouverture du Mondial-2022.

Le représentant du groupe, lors de sa convocation devant le juge d’instruction, s’est « borné à exprimer une protestation portant sur l’insuffisance du délai consenti aux avocats pour élaborer les réponses utiles et le choix intempestif de la date à quelques jours de l’ouverture de la Coupe du monde de football », a exposé l’avocat du groupe, Me Versini-Campinchi.

Plusieurs chantiers concernés

Le dossier remonte à 2015, et une première plainte a été classée sans suite en 2018. Mais des plaintes émanant des associations Sherpa et Comité contre l’esclavage moderne (CCEM), ainsi que de sept ex-employés indiens et népalais de ces chantiers, ont entraîné l’ouverture d’une enquête par un juge d’instruction en novembre 2019.

Trois chantiers sont décriés par ces plaignants : celui du « métro léger » ralliant Doha à Lusail, ville nouvelle qui accueillera la finale de la Coupe du monde de football ; celui des parkings souterrains de Lusail ; ainsi que ceux du chantier de l’hôtel de luxe Sheraton, au cœur de Doha.

Les plaignants accusent Vinci, Vinci Construction Grands Projets (VCGP), sa filiale qatarienne Diar Vinci Construction (QDVC) et leurs représentants, de « réduction en servitude, traite des êtres humains, travail incompatible avec la dignité humaine, mise en danger délibérée, blessures involontaires et recel » notamment, selon la plainte consultée en 2020.

Pour organiser la compétition de football, le Qatar a confié la concrétisation de gigantesques travaux de construction (stades, routes, hôtels…) à une armée de travailleurs migrants. Dès les premiers coups de pioches, des ONG ont dénoncé les conditions de travail imposées à ces ouvriers. Selon les témoignages recueillis à l’époque par l’ONG Sherpa, les employés immigrés de Vinci sur certains chantiers ont dit avoir travaillé, passeport confisqué, entre 66 et 77 heures par semaine. Et ils auraient été entassés dans des chambres exiguës aux sanitaires insuffisants, percevant des rémunérations sans rapport avec le travail fourni, menacés de licenciement ou de renvoi dans leur pays en cas de revendications.

Crédits image et texte : Le Parisien©
Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/coupe-du-monde-une-filiale-de-vinci-mise-en-examen-pour-les-chantiers-lies-au-mondial-09-11-2022-SJWWTPJFNFCJVEWJ4KRGBVHPJU.php