Comment on a interviewé le gang des «Dalton» à Lyon

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Publié le 18/11/2021 09:42:25

Le 30 octobre denier, nous publiions une interview du gang des «Dalton», un collectif de rappeurs lyonnais auteurs de rodéos urbains à moto. Une rencontre qui s’était déroulée quelques jours plus tôt, dans le «refuge» de ceux qui narguent la police.

Pour rejoindre le « QG » du gang des « Dalton » à Lyon (Rhône), il faut entrer dans la cité Mermoz, longer les barres HLM et, si possible, éviter de se faire repérer par les guetteurs. Devant le bar-PMU, un costaud en doudoune nous attend mais, victime de la notoriété, s’emmêle les pinceaux dans les titres de journaux : « C’est le Progrès ? » Depuis un mois, ce collectif de rappeurs vêtus de l’uniforme des « pires bandits du Far West » nargue « Lucky Luke », traduisez la police, dans des rodéos sauvages à moto mis en scène, en direct, sur Instagram.

Le 15 novembre, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a demandé la fermeture de leur compte. C’est par ce réseau social que nous sommes entrés en contact avec l’un de leur porte-parole. Après de longs échanges, il donne rendez-vous vers 16 heures avec un « panel » de Dalton dans leur « refuge ». Derrière le rade, une terrasse improvisée face à un enclos abritant un pitbull. L’interview se réalise à l’intérieur. Ici, pas de contrôle du passe sanitaire. Le boss offre le café. « On est des bons gars, pacifiques, des Robins des bois », répète la bande de provocateurs hors-la-loi. L’un d’eux débarque avec une batte de base-ball qu’il agite comme un éventail, un masque Hulk et son costume aux rayures noires et jaunes.

« C’est bon, on l’a fouillé »

« C’est une couturière du quartier qui nous les fabrique sur-mesure », dévoile son voisin pendant que les clients du bistrot suivent les courses hippiques à la télé. Un autre compère qui se prend, lui, pour Lucky Luke, ordonne une palpation afin de « checker » qu’on ne dissimule pas une caméra cachée. « C’est bon, on l’a fouillé », fanfaronne « Dalton numéro 7 », un ex-taulard condamné pour « trafic de stups ». C’est un enfant de Mermoz. « Quand je suis sorti du quartier, c’était pour aller en prison… » Il jure qu’il s’est rangé des voitures, a un CAP vente, est livreur et père de famille. « Dans notre clip de rap, c’est mon gamin qui tient le calibre », vante-t-il, précisant qu’il s’agit d’une « arme factice ».

VIDÉO. Rodéos urbains : à Lyon, le gang des Dalton à moto défie la police

L’entretien est sur écoute, partagé à distance, via un téléphone portable posé sur la table en bois, avec un mystérieux « El jefe » ( « le patron » en espagnol). Sans même nous demander l’autorisation de filmer, des complices dégainent leur smartphone pour immortaliser la rencontre immédiatement postée sur les réseaux sociaux. « On a un cadeau pour vous », s’enthousiasme un meneur avant de nous tendre un pantalon maison de bagnard. On refuse évidemment le présent empoisonné. Joe, William, Jack, Averell et les autres ne sont pas vexés. « Vous revenez ici quand vous voulez, vous serez protégé par les Dalton ! »

Crédits image et texte : Le Parisien©
Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/comment-on-a-interviewe-le-gang-des-dalton-a-lyon-18-11-2021-6P42SB5S7ZE63MMV5FKCDQ7VSI.php