Comment Darmanin compte interdire les manifestations d’ultradroite… grâce à Dieudonné

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Publié le 10/05/2023 17:13:24

Après la manifestation d’ultradroite organisée samedi à Paris, le ministre de l’Intérieur a promis mardi de prendre des mesures pour interdire à l’avenir ce type de rassemblements.

Critiqué après la tenue d’un rassemblement d’ultradroite à Paris, Gérald Darmanin a décidé d’agir. Dans une note adressée aux préfets, que Le Parisien a pu consulter, le ministre de l’Intérieur leur demande de se baser sur la jurisprudence dite « Dieudonné », qui s’applique à une interdiction de spectacle, pour faire interdire les manifestations d’ultradroite.

Alors que les images du rassemblement, organisé samedi à Paris en hommage au militant tué Sébastien Deyzieu, ont choqué une partie de la classe politique, le ministre a promis mardi que les préfets prendraient désormais des mesures pour interdire ce type de manifestation. Critiquée, la préfecture de police de Paris avait expliqué n’avoir pas pu interdire le rassemblement de samedi, organisé chaque année autour du 9 mai, car elle n’avait pas détecté de risque de troubles à l’ordre public. La manifestation s’était d’ailleurs déroulée sans heurt.

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Pour empêcher que « les images vues à Paris ne se reproduisent » à l’avenir, Gérald Darmanin demande donc aux préfets de s’appuyer sur la « jurisprudence Dieudonné ». En janvier 2014, à Nantes, le spectacle de l’humoriste intitulé « Le mur » avait été interdit par le Conseil d’État à la suite d’un bras de fer judiciaire, la plus haute juridiction estimant qu’il existait un « risque sérieux que soient portées de graves atteintes au respect des valeurs et principes, notamment de dignité de la personne humaine ».

Concernant les manifestations d’ultradroite, les autorités ne devront donc plus seulement prévenir de « risques de troubles à l’ordre public », de « défilés de personnes masquées » et de « reconstitution de groupes dissous » mais aussi désormais des « appels à la violence contre des groupes de personnes » et la « négation de crimes contre l’humanité ».

Certains slogans dans le viseur

« Au regard du programme du rassemblement, des associations qui manifestent, ou des personnalités susceptibles d’y participer », les préfets devront déterminer si la manifestation présente un risque que « des slogans ou des propos de nature à mettre en cause la cohésion nationale ou les principes consacrés par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (…) soient exprimés », indique la note. Le ministre donne des exemples de propos répréhensibles : « apologie de la collaboration », « slogan prônant la remigration », « amalgame entre immigration et islamisme ou terrorisme ou délinquance ».

Sont également ciblés les « discours assimilant de manière systématique les personnes d’origine non européenne à des délinquants et une menace à combattre et les personnes de confession musulmane à des islamistes radicaux » ou encore l’instrumentalisation de « faits divers impliquant des personnes d’origine étrangère pour désigner les étrangers à la vindicte ». Pour rappel, des rassemblements d’extrême droite avaient été organisés après l’affaire Lola, cette jeune fille de 12 ans tuée par une femme d’origine algérienne en octobre dernier dans le XIXe arrondissement parisien. Des slogans tels que « l’immigration tue » avaient été scandés.

Gérald Darmanin demande donc aux représentants de l’État dans les territoires de « prendre sans délai les mesures nécessaires pour éviter que de tels rassemblements et manifestations ne se reproduisent ».

Crédits image et texte : Le Parisien©
Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/comment-darmanin-compte-interdire-les-manifestations-dultradroite-grace-a-dieudonne-10-05-2023-5LUUHGJR7VG23MQNTNOBIYWUCU.php