Collision de trains en Grèce : la colère éclate après la mort d’au moins 57 victimes

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Publié le 02/03/2023 21:36:03

Deux jours après la catastrophe ferroviaire, les Grecs font part de leur solidarité envers les victimes et leur mécontentement envers les autorités. Des rassemblements ont eu lieu à Athènes, Thessalonique et Larissa.

La colère monte en Grèce. Le trafic ferroviaire a été paralysé par une grève ce jeudi, quand les manifestations se multiplient deux jours après la collision frontale meurtrière entre deux trains.

« Ce n’est pas une erreur mais un crime », écrivait en Une le Journal des rédacteurs (gauche), résumant le choc et surtout la fureur qui prévalent dans la population, tandis que le chef de gare avouait devant la justice, après son arrestation mercredi, avoir fait une « erreur ». Le gouvernement a quant à lui reconnu des défaillances « chroniques » dans les chemins de fer.

Les trains ont en effet circulé plusieurs kilomètres sur la même voie reliant Athènes à Thessalonique (nord), les deux plus grandes villes du pays, avant de se heurter de plein fouet mardi soir, causant la mort d’au moins 57 personnes, selon la police.

« Les morts de Tempé réclament des réponses », titrait le libéral « Kathimerini », faisant allusion à l’endroit, près de la ville de Larissa (au centre du pays), où s’est produite la catastrophe. Depuis experts et médias relèvent le « manque de systèmes électroniques » sur le réseau ferré. Sur le lieu de la tragédie, les opérations de recherche se poursuivaient mais, « plus le temps passe, moins les chances (de retrouver des survivants) sont importantes », a déclaré à l’AFP une porte-parole des pompiers.

« Un manque de respect » des gouvernements

Parallèlement, les trains étaient à l’arrêt après un appel à une grève de 24 heures de la Confédération regroupant les syndicats de cheminots pour dénoncer « le manque de respect dont ont fait preuve les gouvernements au fil du temps envers les chemins de fer grecs, ce qui a conduit » à cette catastrophe.

« Malheureusement, nos demandes constantes de recrutement de personnel permanent, de meilleure formation mais surtout d’adoption des technologies de sécurité modernes ont toutes été définitivement jetées à la poubelle », ont déploré ces organisations. Le président du syndicat des conducteurs de train OSE, Kostas Genidounias, a mis en exergue le manque de sécurité sur la ligne où est survenue la collision.

« Toute (la signalisation) est faite manuellement. C’est depuis l’an 2000 que les systèmes ne fonctionnent pas », s’est-il emporté. Les représentants syndicaux de la compagnie des chemins de fer Hellenic Train avaient à cet égard tiré la sonnette d’alarme il y a tout juste trois semaines. « Nous n’allons pas attendre l’accident qui arrivera pour voir les responsables verser des larmes de crocodile », avaient-ils mis en garde.

Dans la soirée, après un premier rassemblement houleux la veille, des centaines de personnes protestaient devant le siège d’Hellenic Train, une entreprise achetée en 2017 par le groupe public italien Ferrovie Dello Stato Italiane (FS) dans le cadre du programme de privatisations exigé par les créanciers de la Grèce (BCE, UE, FMI) pendant la crise économique (2009-2018). Des habitants de Larissa ont eux aussi manifesté, portant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : « La privatisation tue ».

2 000 personnes rassemblées à Thessalonique

Le nouveau ministre des Transports, Giorgos Gerapetritis, a présenté ses excuses aux familles des victimes, tout en faisant « une autocritique complète du système politique et de l’État ». L’ancien ministre, Kostas Karamanlis, avait donné sa démission la veille. En pleine polémique, des médias ont rendu publique une lettre de l’ancien responsable en Grèce du système européen de trafic ferroviaire (ERTMS), Christos Katsioulis, dans laquelle il notait « la mauvaise gestion » de l’application « des contrats de signalisation » sur certaines parties du réseau.

« Jusqu’à 2010, il y avait une certaine modernisation de la signalisation du réseau ferroviaire mais, pendant la crise financière, les systèmes de sécurité ont commencé à s’effondrer », a rappelé Panagiotis Terezakis, un conseiller de l’administration des chemins de fer grecs. « La mise à niveau des systèmes a repris au moment de la privatisation », a déclaré ce responsable.

Quelque 2 000 manifestants se sont rassemblés jeudi soir à Thessalonique, dans le nord de la Grèce, pour protester contre les défaillances qui ont conduit à la catastrophe ferroviaire, a indiqué la police. La manifestation a donné lieu à des jets de pierre et de cocktails Molotov mais « le calme est désormais revenu », a précisé un porte-parole de la police de Thessalonique, deuxième ville du pays.

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Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/collision-de-trains-en-grece-greve-manifestations-la-colere-eclate-apres-la-mort-dau-moins-57-victimes-02-03-2023-FZGKCT45XNFUJNK7HM72QNI4DM.php