Charente : incendie mortel à Salles-d’Angles, « ce monsieur était un peu sauvage, il ne voulait voir personne »

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Publié le 10/11/2021 15:06:50

Une personne de 82 ans vivant chemin de Phoebus, à Salle-d’Angles, a été retrouvée par les pompiers dans les décombres de sa maison, ravagée par les flammes dans la nuit du mardi au mercredi 10 novembre

Debout devant son portail, emmitouflée dans un gros manteau, Michelle retrace avec David Bardin cet instant où, au cœur de la nuit salléenne, elle a compris que la maison de son voisin était en flammes. « C’est moi qui ai appelé, ma chienne a aboyé. Vous auriez vu la hauteur des flammes, c’était de la folie », décrit la retraitée, sous le choc. Et de confier au commandant de la compagnie des pompiers de Cognac : « C’est un monsieur qui vit tout seul. » « S’il était là, il dormait dans le salon », enchaîne une autre voisine, représentante de la municipalité.

Il est à peine 3 h 30 du matin ce mercredi 10 novembre. Pendant qu’une poignée de riverains impuissants observent la scène, une vingtaine de pompiers sont à pied d’œuvre pour maîtriser l’important incendie - dont l’origine restait alors à déterminer - qui ravage cette maison de 120 m² située chemin de Phoebus, dans le petit village de Salle-d’Angles. Avec le spectre que son propriétaire, un vieil homme de 82 ans, se trouve encore dans son habitation; le corps sans vie de la victime sera finalement découvert dans les décombres près de deux heures plus tard.

Bonbonnes de gaz

« Quand la dame s’en aperçoit, ça fait déjà un bout de temps que ça brûle. À notre arrivée, on nous confirme la présence d’une personne à l’intérieur. Notre objectif est de confirmer ou infirmer la présence de quelqu’un », indiquait le commandant Bardin en début de nuit.

À cet instant, les soldats du feu de Cognac, Segonzac et Archiac placés sous le commandement du lieutenant Frédéric Brunet s’attellent en premier lieu à maîtriser un incendie à « fort potentiel calorifique » et à sécuriser l’environnement proche du pavillon. Le vieil homme, veuf, qui vivait en « ermite » selon une voisine, entreposait nombre d’encombrants qui ont alimenté le feu. Dehors, les pompiers, gênés dans leur intervention par un jardin peu entretenu, mettent à l’abri plusieurs bonbonnes de gaz stockées sur place, dont une qu’ils doivent rapidement « refroidir ».

« Je culpabilise »

« On va avoir une recherche un peu longue, la toiture est tombée en grande partie ; ça risque encore de tomber. Il avait beaucoup de bonbonnes de gaz », précise le commandant Bardin aux voisins réunis devant chez Michelle.

« Je vis ici depuis cinq ans, je ne l’ai vu qu’une fois. Je culpabilise, peut-être que c’est moi qui n’ai pas fait l’effort de lui parler… »

Frigorifiés, les bras croisés pour se réchauffer et le regard dans le vague, ces habitants éveillés s’inquiètent, bien conscients de l’infime chance de revoir leur voisin sain et sauf. « Ce monsieur était un peu sauvage, il ne voulait voir personne. Il n’y a pas longtemps, il était tombé, les pompiers étaient venus le chercher », décrit Michelle.

À côté d’elle, Laurine (le prénom a été modifié) fond en larmes : « Je vis ici depuis cinq ans, je ne l’ai vu qu’une fois. Je culpabilise, peut-être que c’est moi qui n’ai pas fait l’effort de lui parler… Je suis triste, je ne pense qu’à sa fille pour l’instant, elle essayait de s’occuper de lui. » Michelle, fataliste face au drame, tente de l’apaiser : « Quand vous voulez aider quelqu’un et qu’il ne veut pas, que voulez-vous faire ? »

Crédits image et texte : Sud Ouest©
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