Candidature de Taha Bouhafs : de l’investiture aux accusations, chronologie d’un fiasco

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Publié le 12/05/2022 16:03:27

Le jeune militant, accusé de violences sexuelles par plusieurs femmes, ne représentera pas les couleurs de la Nouvelle union populaire écologique et sociale. Des premiers signalements jusqu’aux révélations publiques, retour sur les derniers jours.

Difficile de suivre l’actualité politique ces derniers jours sans voir passer le nom de Taha Bouhafs. Investiture, retrait, soutiens publics et dénonciations… Le journaliste militant, candidat officiel aux législatives pour quelques heures, se trouve au cœur de véritables montagnes russes depuis plusieurs jours. Mais l’affaire remonte en fait au tout début du mois de mai. À cette époque, deux femmes ont rapporté à la militante féministe et soutien de LFI, Caroline de Haas, avoir été victimes de Taha Bouhafs alors pressenti pour représenter le parti aux législatives.

Comme elle l’a décrit au Parisien, Caroline de Haas a reçu « deux témoignages de personnes qui ne se connaissent pas. L’un porte sur des messages privés agressifs à l’égard d’une membre du milieu associatif. L’autre est un témoignage écrit, précis et circonstancié sur des violences psychologiques et également des faits de viol ». La militante a assuré en avoir informé une cadre du mouvement dès le 2 mai.

Un signalement et une convention

L’affaire a pris une nouvelle tournure vendredi dernier, le 6 mai. Ce soir-là, une victime présumée de Taha Bouhafs - il est, pour l’heure, impossible de savoir s’il s’agit d’une des personnes s’étant confiées à Caroline de Haas - a envoyé un signalement au comité de suivi contre les violences sexistes et sexuelles de LFI. C’est le lendemain que ses membres ont pris connaissance de ce témoignage « relatant des faits supposés de violences sexuelles », qualifiées, par la suite, « d’agression sexuelle » par Clémentine Autain.

D’après des informations de Mediapart, le signalement découvert le samedi a également été transmis à des membres du comité électoral de la France Insoumise - qui est notamment chargé de valider les candidatures pour les législatives. Il a, par ailleurs, été « personnellement adressé » à Clémentine Autain, bien qu’elle ne fasse pas partie du comité de suivi contre les violences sexistes et sexuelles. Au vu de la gravité des accusations « jamais rencontrées » jusqu’ici, selon les mots - a posteriori - de la députée à Mediapart, une procédure a « immédiatement » été enclenchée.

Sauf qu’en parallèle, ce même samedi, la vie politique a poursuivi son chemin comme si de rien n’était : la grande convention d’investiture de la Nupes (Nouvelle union populaire écologique et sociale) s’est tenue dans l’après-midi. Tous les cadres insoumis étaient présents. Quelques heures plus tard, dans la soirée, Taha Bouhafs a annoncé officiellement avoir obtenu l’investiture de l’union de la gauche pour la 14e circonscription du Rhône.

Le retrait volontaire

Les événements ont pris une tournure nouvelle ce lundi. Selon un communiqué de la France Insoumise, Taha Bouhafs a été « confronté aux accusations » dont il faisait l’objet par le comité de suivi. Clémentine Autain et sa collègue députée Mathilde Panot ont échangé avec lui, d’après Mediapart. C’est à ce moment qu’il lui a été signifié que l’investiture de la Nupes pouvait potentiellement lui être retirée, toujours selon LFI.

Ce même jour, Fabien Roussel demandait sur France 2 que les Insoumis revoient leur choix pour le candidat de la 14e circonscription du Rhône. Les arguments mis en avant par le patron des communistes - la condamnation de Taha Bouhafs en septembre 2021 pour « injure publique à raison de l’origine » et la présence d’une autre candidate potentielle à l’ancrage locale - étaient bien loin de la teneur des accusations sorties dans la presse ce mercredi. Le Parti communiste expliquait alors au Parisien espérer que les discussions se poursuivent sur cette circonscription.

Mais, dans la nuit de lundi à mardi, un retournement de situation s’est opéré. Taha Bouhafs a publié sur Twitter un communiqué dans lequel il a annoncé en filigrane (sans le dire officiellement) qu’il se retirait de la campagne des législatives. Il dit avoir « été soutenu, pas assez pour tenir, mais assez pour être reconnaissant ». « Continuez à vous battre. Pour ma part, j’ai essayé mais je n’y arrive plus », explique-t-il.

Tôt dans la matinée, plusieurs cadres de La France insoumise ont réagi avec tristesse. « Je crois qu’il faut l’interpréter comme ça (un retrait de candidature) » et c’est « un grand constat d’échec », indiquait le député LFI Alexis Corbière sur France 2. Il nous précise, ce jeudi, qu’il n’était alors « au courant de rien » concernant les accusations de violences sexuelles.

Relayant le communiqué de Taha Bouhafs, Clémentine Autain dénonçait, elle, « l’injustice, la violence des attaques venues de l’extrême droite, relayées ad nauseam dans les médias, par la Macronie et jusque dans certains rangs à gauche, contre un jeune homme sans diplôme, issu des quartiers populaires et de l’immigration ». Sans évoquer, à ce moment-là, les accusations à caractère sexuel, dont elle était pourtant au courant, s’étant entretenue avec le jeune militant quelques heures plus tôt. Cette réaction contre les attaques racistes subies par Taha Bouhafs n’est en rien contradictoire avec la défense des victimes présumées du journaliste, assure-t-elle au Parisien.

La confirmation officielle du retrait de candidature de Taha Bouhafs est venue, dans la matinée, de Jean-Luc Mélenchon. Sur Twitter, le leader des Insoumis a dénoncé « une meute » qui s’est « acharnée contre lui ». Auprès de Mediapart, Taha Bouhafs a expliqué mardi qu’il était « à bout ». « Le signalement a été la dernière goutte qui m’a conduit à me retirer. (…) Cela fait partie des calomnies évoquées dans mon communiqué », a-t-il indiqué au site d’information.

Révélations dans la presse

Mercredi, les rumeurs d’accusations de violences sexuelles ou sexistes visant Taha Bouhafs se sont faites de plus en plus pressantes sur les réseaux sociaux. À 13h30, BFMTV a révélé en premier que le comité de suivi de la France insoumise avait été saisi. Moins de 45 minutes plus tard, la formation de gauche radicale a confirmé dans un communiqué la réception, « samedi 7 mai, d’un témoignage relatant des faits supposés de violences sexuelles reprochées à Taha Bouhafs ».

Peu après 16 heures, Jean-Luc Mélenchon a indiqué sur Twitter qu’il « apprenait » ces accusations visant Taha Bouhafs. « La parole des femmes doit être entendue sérieusement. Je compte sur la commission ad hoc de LFI pour établir la vérité. Cela n’exempte pas les racistes qui l’ont harcelé », écrit-il. Dans une première version de son article, retrouvable dans les archives, BFMTV indiquait, sur la base d’une seule source, que le leader des Insoumis aurait lui-même « débranché » le candidat aux législatives dès dimanche. Ce que La France insoumise dément. Ce passage de l’article a d’ailleurs rapidement été supprimé.

Parmi les autres personnalités politiques qui ont publiquement réagi mercredi après-midi, Julien Bayou a adressé son « soutien aux victimes ». Le leader d’Europe Ecologie Les Verts a aussi précisé avoir supprimé un tweet publié la veille et apportant son soutien à Taha Bouhafs, « pour éviter toute mauvaise interprétation ». D’autres, comme le responsable de la communication numérique de LFI Antoine Léaument, ont effacé leur message précédent mais sans le préciser par transparence - contacté pour savoir pourquoi, Antoine Léaument ne nous a pas répondu.

Mais pourquoi La France insoumise a-t-elle attendu la publication de l’article de BFMTV pour communiquer officiellement sur ces accusations connues depuis cinq jours ? Ne rien rendre public était « le souhait exprimé par l’autrice du témoignage » initial, d’après le communiqué du comité de suivi. Interrogée par Le Parisien ce jeudi, Clémentine Autain a confirmé que « le rythme des femmes qui témoignent n’est pas celui des médias ». Outre la volonté de ne pas participer à la vague de violence raciste qu’a par ailleurs subie Taha Bouhafs, il y a « de grosses difficultés (pour les plaignantes) à ce que les accusations soient publiques ».

Depuis mardi, le jeune militant n’a pas pris la parole officiellement. Dans l’éventualité où il n’aurait pas lui-même laissé entendre le retrait de sa candidature, le comité électoral de La France insoumise aurait pu décider de lui retirer son investiture, sur la base d’un rapport du comité de suivi contre les violences sexistes et sexuelles.Si vous ne voyez pas le contenu de ce direct, veuillez mettre à jour votre application Le Parisien.Si vous ne voyez pas le contenu de ce direct, veuillez mettre à jour votre application Le Parisien.Si vous ne voyez pas le contenu de ce direct, veuillez mettre à jour votre application Le Parisien.Si vous ne voyez pas le contenu de ce direct, veuillez mettre à jour votre application Le Parisien.Si vous ne voyez pas le contenu de ce direct, veuillez mettre à jour votre application Le Parisien.Si vous ne voyez pas le contenu de ce direct, veuillez mettre à jour votre application Le Parisien.Si vous ne voyez pas le contenu de ce direct, veuillez mettre à jour votre application Le Parisien.Si vous ne voyez pas le contenu de ce direct, veuillez mettre à jour votre application Le Parisien.Si vous ne voyez pas le contenu de ce direct, veuillez mettre à jour votre application Le Parisien.Si vous ne voyez pas le contenu de ce direct, veuillez mettre à jour votre application Le Parisien.Si vous ne voyez pas le contenu de ce direct, veuillez mettre à jour votre application Le Parisien.Si vous ne voyez pas le contenu de ce direct, veuillez mettre à jour votre application Le Parisien.Si vous ne voyez pas le contenu de ce direct, veuillez mettre à jour votre application Le Parisien.Si vous ne voyez pas le contenu de ce direct, veuillez mettre à jour votre application Le Parisien.Si vous ne voyez pas le contenu de ce direct, veuillez mettre à jour votre application Le Parisien.Si vous ne voyez pas le contenu de ce direct, veuillez mettre à jour votre application Le Parisien.Si vous ne voyez pas le contenu de ce direct, veuillez mettre à jour votre application Le Parisien.Si vous ne voyez pas le contenu de ce direct, veuillez mettre à jour votre application Le Parisien.Si vous ne voyez pas le contenu de ce direct, veuillez mettre à jour votre application Le Parisien.Si vous ne voyez pas le contenu de ce direct, veuillez mettre à jour votre application Le Parisien.

Crédits image et texte : Le Parisien©
Source : https://www.leparisien.fr/elections/legislatives/taha-bouhafs-accuse-de-violences-sexuelles-recit-dune-candidature-aux-legislatives-avortee-12-05-2022-2TEFUS7L3JGANMEGXEDDQNCXNI.php