Béarn : une enseignante de maternelle mise en examen pour des abus sexuels sur des élèves

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Publié le 04/11/2021 09:40:56

Plusieurs parents ont porté plainte après des faits racontés par leurs garçons scolarisés en maternelle, dans une école privée de Jurançon

Après des premières plaintes en avril 2021, une enseignante de maternelle d’une école privée de Jurançon, dans l’agglomération paloise, a été mise en examen à la fin du mois d’octobre 2021 pour viols, agressions sexuelles sur des petits garçons de sa classe. Des violences ont également été décrites. Des faits qu’elle « conteste fermement » rapporte son avocate.

L’affaire avait suscité un vif émoi au sein des parents d’élèves de l’école La Salle-Saint-Joseph, au printemps dernier. C’est un petit garçon de petite section de maternelle qui a tenu des propos spontanés qui ont alerté sa mère. Son fils voulait lui faire « toucher son kiki tout dur comme avec la [maîtresse]. Le petit garçon prétend qu’ « elle fait sortir le kiki », qu’elle « tape » et « tire les cheveux » au sein de l’établissement.

Le garçonnet évoque aussi un de ses camarades, qui, interrogé par sa mère, raconte des faits approchants. Les parents sont dès lors persuadés que la maîtresse a abusé de leurs enfants.

Le petit a « eu mal »

Plusieurs témoignages font écho au premier. « On a posé des questions ouvertes. S’ils n’avaient rien vécu, ils n’auraient pas pu sortir ce qu’ils ont sorti, affirme une autre maman. Son fils lui évoque des actes de « strangulation », de « torsion de jambe ». Des attouchements aussi.

Elle met ses événements en lien avec le changement de comportement de son fils, qu’elle avait perçu depuis quelques mois. Elle lui avait découvert des petits bobos et pensait qu’il était harcelé. Elle s’en était d’ailleurs ouverte à la maîtresse mise en examen qui l’a rassurée à l’époque. « Quand on repense à tous les détails maintenant, tout concorde », affirme-t-elle.

Même son de cloche pour une nouvelle maman. Son fils de 5 ans n’a, dans un premier temps, pas répondu à sa mère. Finalement, il lui dira « avoir eu mal » à l’école en montrant ses fesses et décrit, sans le savoir, des faits de viol.

Des « incohérences subsistent »

La maîtresse, en arrêt maladie, n’a plus exercé à l’école depuis sa garde à vue en avril. Il s’agissait de sa première année dans l’établissement concerné. Elle y exerçait également des responsabilités. Elle a une longue carrière derrière elle, durant laquelle « elle n’a jamais eu de problème auparavant », assure l’avocate de l’enseignante, Me Anna Raina.

Cinq familles, auraient porté plainte initialement, d’autres seraient en cours d’examen dans le cadre de cette procédure. Une information judiciaire avait été ouverte le 22 avril à l’issue de la garde à vue. La maîtresse est alors placée sous statut de témoin assisté, une sorte d’intermédiaire entre le statut de simple témoin et celui de mis en examen.

Le juge d’instruction estimait à ce moment-là qu’il n’y avait pas « d’indices graves et concordants » pour la mettre en cause. Ce statut a donc évolué ces dernières semaines après que la mise en cause a été réentendue. Alors que l’instruction a pour objectif d’ « objectiver les dénonciations faites par des très jeunes enfants », « d’importantes incohérences subsistent », met en garde la procureure de Pau Cécile Gensac, dans un communiqué ce jeudi matin.

« Fausses accusations »

De son côté, l’avocate de la maîtresse, Me Anna Raina perçoit la mise en examen comme « une ouverture des droits d’accès au dossier ». Même si le statut de mis en examen est plus incriminant, elle explique qu’aucun contrôle judiciaire n’a été prononcé par le juge d’instruction, comme on aurait pu s’y attendre pour une enseignante en exercice mise en cause pour des faits liés à son activité.

« Aucune mesure restrictive de liberté n’était ordonnée par ce magistrat, et notamment aucune interdiction d’exercice de la profession », confirme la procureure de Pau qui poursuit : « la fragilité du dossier, attesté par le défaut de mesures coercitives, impose de rappeler que la mise en examen bénéficie de la présomption d’innocence. »

Les faits sont d’ailleurs « fermement contestés » par la cliente de Me Raina : « C’est une maîtresse passionnée, qui aujourd’hui va très mal et ne comprend pas ces fausses accusations », pointe l’avocate.

Contacté par « Sud Ouest », le directeur diocésain indique que pour l’instant, la mise en examen n’a entraîné aucune nouvelle mesure par les instances dirigeantes de l’établissement. Il se dit « attentif à l’évolution du dossier pour le bien de chacun » et doit se mettre en relation avec le rectorat.

Les investigations se poursuivent sur commission rogatoire.

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Source : https://www.sudouest.fr/pyrenees-atlantiques/pau/bearn-une-enseignante-de-maternelle-mise-en-examen-pour-des-abus-sexuels-sur-des-eleves-6808037.php