Béarn : jugé aux assises pour avoir tué un agriculteur avec un fusil de chasse

logo Sud Ouest illustration Béarn : jugé aux assises pour avoir tué un agriculteur avec un fusil de chasse

Publié le 17/06/2021 11:08:42

L’accusé a expliqué jusqu’à présent que les coups étaient partis accidentellement. Il répondra de meurtre du vendredi 18 au mardi 22 juin

Les deux hommes se connaissaient depuis de nombreuses années. Le premier, issu de la communauté des gens du voyage, habitait sur les terrains du second depuis huit ans. Mais le 11 novembre 2018, à Lescar, le corps sans vie du propriétaire, tué par balle, est retrouvé devant les deux caravanes du locataire, sur sa parcelle située boulevard de l’Aviation, perdue au milieu des champs de maïs.

Le locataire, mis en cause, devra ainsi répondre de meurtre devant la cour d’assises des Pyrénées-Atlantiques du vendredi 18 au mardi 22 juin. Durant toute la procédure, l’accusé a maintenu que le décès était accidentel. Mais pour en expliquer les circonstances, il a été plus en peine. Il a donné autant de versions que d’auditions, le fusil de chasse étant, selon lui, tombé au sol ou les coups étant partis seuls alors qu’il avait l’arme en main.

Quel mobile

Sa version est mise à mal d’abord par le rapport balistique qui a relevé deux impacts de balle sur le corps de la victime, un au pubis, l’autre au flanc droit. Selon ce dernier, les tirs n’auraient pas eu lieu à la même distance et pas simultanément, car un des percuteurs de l’arme était cassé. Il a invalidé la thèse accidentelle.

Par ailleurs, des voisins disent avoir entendu des coups de feu à cinq minutes d’intervalle. Des éléments a priori peu compatibles avec la chute de l’arme.

Resterait alors à connaître le mobile du passage à l’acte. Selon une connaissance de la victime, l’agriculteur était ennuyé par les absences de plus en plus fréquentes de son locataire, censé être le gardien des terrains. Il aurait songé à le remplacer.

« Cache-cache avec la vérité »

La cour d’assises se penchera aussi sur la personnalité de l’accusé pour faire la lumière sur la mort de l’agriculteur. Son profil « est celui d’un homme sans histoire, psychologiquement fragile et très en décalage par rapport à la réalité », livre son avocate Me Isabelle Fitas.

Les experts psychologique et psychiatrique ont en effet mis en avant une personne souffrant de schizophrénie simple avec des « failles identitaires majeures ». Ces dernières le conduisent à se sentir menacé ou épié. Ils ont également conclu à une altération de son discernement, mais non à une abolition. Il est donc en mesure de répondre de ses actes devant la justice.

De son côté, la victime, âgée de 66 ans, bien connue sur la commune de Lescar, était célibataire et sans enfants. Ce sont donc ses frères et sœur qui seront assis sur le banc des parties civiles durant le procès. « Trente mois après le drame, ils espèrent que justice passe, que l’accusé livre enfin des explications cohérentes, qu’il cesse cet insupportable cache-cache avec la vérité des faits, et qu’enfin, la mémoire de leur frère disparu soit respectée », livre leur avocat Me Thierry Sagardoytho.

L’accusé, qui était inconnu de la justice jusqu’à cette affaire, est détenu depuis le 13 novembre 2018. Le verdict est attendu mardi

Crédits image et texte : Sud Ouest©
Source : https://www.sudouest.fr/pyrenees-atlantiques/lescar/bearn-juge-aux-assises-pour-avoir-tue-un-agriculteur-avec-un-fusil-de-chasse-3710419.php