Banksy volé au Bataclan : « J’ai été mis devant le fait accompli », assure un prévenu

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Publié le 09/06/2022 21:46:40

Le procès de huit hommes renvoyés devant le tribunal correctionnel pour le vol et le recel de la porte, décorée d’un dessin du célèbre street artiste, en janvier 2019, s’est ouvert ce mercredi 8 juin 2022, à Paris.

Il regrette « d’avoir participé à tout ça ». Dit avoir « commis une erreur ». Mais Mehdi Meftah s’est défendu, ce jeudi 9 juin 2022, devant le tribunal correctionnel de Paris d’avoir « commandé » le vol de la « porte de Banksy » au Bataclan début 2019. Cet amateur de street art de 41 ans, qui a gagné 5,5 millions d’euros au loto et créé une marque de tee-shirts de luxe a répété au procès avoir seulement « voulu éloigner le problème » en faisant transporter l’œuvre en Italie peu après que les trois voleurs lui ont apportée, le mettant « devant le fait accompli ».

Il est jugé depuis mercredi avec sept autres hommes : trois sont soupçonnés de vol aggravé, les autres de recel de ce délit. Les premiers ont reconnu avoir dérobé, le 26 janvier, la porte métallique d’une issue de secours de la salle de spectacle parisienne, ornée d’un pochoir de Banksy représentant une jeune fille triste, en hommage aux victimes des attentats du 13-Novembre.

Trois prévenus ont expliqué à l’audience avoir forcé la porte puis découpé les gonds avec des disqueuses reliées à un groupe électrogène vers 4 h du matin. Et l’avoir transportée le jour même dans une camionnette blanche vers l’Isère et le Var où réside Mehdi Meftah. Les investigations ont permis de retracer l’itinéraire de l’œuvre, qui sera retrouvée le 10 juin 2020, en Italie.

L’un des voleurs a évoqué une commande du chef d’entreprise. « Il essaie de trouver une échappatoire », s’agace Mehdi Meftah. « Quand Kevin G. est venu me présenter la porte, je me suis retrouvé devant le fait accompli. Je lui ai dit : « Tu veux que je fasse quoi ? » Lui m’a répondu : « C’est un Banksy ». J’ai dit que je n’en avais rien à faire. Qu’il m’a ramené la porte du Bataclan, qu’est-ce que je peux en faire… »

Il poursuit : « Quand Jo me dit « Je te préviens, je ne remonte pas avec », je fais quoi ? J’appelle la police ? Jo c’est mon ami, affirme Mehdi Meftah, qui explique avoir alors accepté de stocker la porte dans un box. Il sert pour mon entreprise et j’ai décidé aussitôt de la mettre dedans […] Je me suis rendu compte ensuite de ma connerie. Et avant que d’autres ne la voient, je la mets dans un camion pour éloigner le problème en Italie. Tout ça était improvisé… »

Elle est transportée à sa demande par son cousin et l’un de ses amis. Tous deux sont aussi prévenus. À la barre, Mehdi Meftah leur dit d’ailleurs ses regrets de les « avoir mêlés à tout ça, dans la précipitation ». Cette porte et le dessin « considéré comme un hommage aux victimes des attentats, ça ne vous a pas posé question ? », demande la présidente. « Je ne l’ai pas gardée, je l’ai éloignée », répond-il. Pourquoi avoir pensé à un hôtel de la région de Tortoreto dans les Abruzzes ? Parce que le propriétaire était la « seule personne que je connaissais la plus éloignée de moi », dit encore Mehdi Meftah.

L’Italien, lui aussi poursuivi, a expliqué avoir ensuite déplacé le « panneau » dans une ferme proche, en raison de travaux qu’il devait réaliser. C’est là qu’il aurait vu le « dessin », sans avoir fait le lien, dit-il, avec le Bataclan. « Je me sens très, très mal, a-t-il ajouté. Et je demande pardon aux victimes et à la France. »

Crédits image et texte : Ouest France©
Source : https://www.ouest-france.fr/culture/arts/banksy-vole-au-bataclan-j-ai-ete-mis-devant-le-fait-accompli-assure-un-prevenu-fce17e94-e7e7-11ec-b33d-b9e7e03cd588