Attentat de « Charlie Hebdo » : le procès en appel s’ouvre ce lundi

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Publié le 11/09/2022 18:38:08

Pour le procès en appel des attentats de janvier 2015, seuls deux accusés vont être rejugés : Ali Riza Polat et Amar Ramdani, condamnés à 30 et 20 ans de prison, en 2020. Une nouvelle épreuve pour les victimes.

Le pays ne le savait pas encore. Mais les trois journées des 7, 8 et 9 janvier 2015 n’étaient que le début d’une longue vague terroriste qui allait durer jusqu’à l’attentat de la préfecture de police de Paris, en octobre 2019, où quatre policiers ont été tués. En ce début d’année 2015, l’onde de choc est déjà immense. Les frères Chérif et Saïd Kouachi s’introduisent dans les locaux de Charlie Hebdo , tuent douze personnes en quelques minutes dont plusieurs membres de la rédaction de l’hebdomadaire satirique (les dessinateurs Charb, Cabu, Honoré, Tignous, Wolinski ; l’économiste Bernard Maris, la psychanalyste et chroniqueuse Elsa Cayat, le correcteur Mustapha Ourrad). Leur traque durera trois jours, jusqu’à une imprimerie de Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne) où ils seront abattus par les hommes du GIGN, le 9 janvier.

Parallèlement, le 8 janvier, le terroriste Amédy Coulibaly tue une policière municipale, Clarissa Jean-Philippe, à Montrouge. Le lendemain, vers 13 h, il prend en otages des salariés et clients du magasin Hyper Cacher , porte de Vincennes à Paris. Il en tuera quatre. Lui, sera abattu lors de l’assaut donné par la BRI et le Raid. L’enquête démontrera que les frères Kouachi et Amedy Coulibaly ont agi de façon concertée​, ont rappelé les juges lors du premier procès qui s’est tenu en 2020.

Lors de cette première audience, quatorze personnes ont été jugées et treize ont été condamnées (la quatorzième, Mehdi Belhoucine, ayant déjà été condamnée en janvier 2020 pour les faits qui lui étaient reprochés). Seule concession faite à la défense : six d’entre eux n’ont pas été condamnés pour une association de malfaiteurs terroriste, qualification qui leur était initialement reprochée, mais pour des délits de droit commun. Autrement dit, la cour a considéré que s’ils ont bien aidé Amedy Coulibaly, ils ne connaissaient pas forcément sa radicalisation et ses projets terroristes.

Deux de ces accusés ont décidé de faire appel : Ali Riza Polat, 37 ans, qui a été condamné à 30 ans de réclusion pour complicité, et Amar Ramdani, 41 ans, condamné à 20 ans pour association de malfaiteurs terroriste. Concernant le premier, les juges se sont dit convaincus qu’il avait eu un rôle particulièrement actif ​pour aider Amédy Coulibaly. Notamment en l’aidant à vendre une voiture Mini Cooper, l’argent ayant ensuite servi à acheter divers équipements pour le terroriste. Mais aussi en l’aidant à rechercher des armes. Une liste écrite de sa main et retrouvée chez le garagiste à qui il avait vendu la Mini, faisait état de détonateurs, de balles de 9 mm et de kalach… Des armes pour les attentats ?

Lors de sa plaidoirie, l’un de ses avocats de l’époque, avait dénoncé une accusation qui avait gonflé le dossier pour le faire passer pour le bras droit, le cerveau, le super-tacticien​. Mais ce délinquant volubile, qui était apparu souvent confus dans ses explications et qui revendique faire du banditisme pour faire de l’argent​, nie toute implication terroriste.

Ses nouveaux avocats, Mes Moad Nefati et Rachid Madid, entendent proposer à la cour d’assises une nouvelle lecture de ce dossier ​et évoquer de nouveaux documents : notamment des carnets téléphoniques d’Amédy Coulibaly. Ce procès sera l’ultime occasion de corriger les erreurs d’une chaîne judiciaire dépassée par l’ampleur de ces attentats, et de revenir à la raison quant au rôle exact de M. Polat, délinquant de droit commun à qui l’on a attribué à tort un rôle qu’il n’a jamais joué​, estiment-ils.

Idem pour Amar Ramdani. Il clame toujours son innocence et j’attends toujours un acquittement​, annonce son avocate, Me Daphné Pugliesi qui le défendra avec Me Yves Leberquier. Mais pour les juges de première instance, il ne fait aucun doute que ses séjours dans le Nord, entre octobre et décembre 2014, étaient destinés à récupérer des armes auprès d’un trafiquant dénommé Claude Hermant. Lui, ami avec Amédy Coulibaly qu’il avait rencontré en prison, répond que c’était pour des escroqueries et un trafic de stupéfiants.

Seule certitude, pour Me Richard Malka, l’avocat de Charlie Hebdo : Ce procès en appel va être incroyablement douloureux pour les victimes. » Il doit durer jusqu’au 21 octobre.

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Source : https://www.ouest-france.fr/charlie-hebdo/charlie-hebdo-le-proces-en-appel-s-ouvre-ce-lundi-ebf7d734-2e8e-11ed-adcf-708cd760dd51