Attaque à Djerba : l’imam Chalghoumi raconte un « moment de joie transformé en cauchemar »

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Publié le 10/05/2023 10:48:36

L’imam de Drancy était présent à Djerba, à l’occasion du pèlerinage de la Ghriba, alors que la synagogue a été ciblée par une attaque meurtrière.

Le pèlerinage juif de la Ghriba est une tradition pour l’imam de Drancy. « Je m’y rends chaque année. C’est une fierté pour moi, en tant que Tunisien, de montrer qu’en Tunisie tout le monde vit ensemble », confie Hassen Chalghoumi, dont la mère est originaire de Gabès, et le père de Bizerte. Mais cette année, le rendez-vous religieux a tourné au drame. Mardi soir, sur l’île tunisienne de Djerba, un gendarme a tué deux de ses collègues ainsi que deux pèlerins aux abords de la Synagogue, avant d’être lui-même abattu.

« Le lundi, j’ai passé toute la journée à la synagogue, comme c’était le premier jour de pèlerinage. Hier, je me suis dit que je ne passerai qu’en fin d’après-midi », retrace l’imam. « Quand on est arrivé, aux alentours de 19 heures, la police nous a dit qu’on ne pouvait pas entrer parce qu’il y avait des tirs. Au début, j’ai pensé peut-être à des feux d’artifice, mais ce n’était pas ça », reprend-il.

« Toutes les personnes venues de l’étranger ont été escortées jusqu’à l’hôtel par l’armée. Beaucoup de personnes pleuraient, criaient… Tout le monde était dans l’incompréhension. Nous avons passé la soirée à discuter, à rassurer », explique-t-il ensuite.

« Cette attaque va stopper le tourisme »

Le religieux décrit une fête habituellement bien reçue. « Il y a toujours beaucoup de Tunisiens musulmans qui viennent participer avec leurs frères de la communauté juive à ce moment de partage », souligne-t-il. Selon lui, « l’État tunisien met tous les moyens, notamment en matière de sécurité, pour éviter que ce type d’attaque ne se produise », en particulier depuis l’attentat suicide dont avait été l’objet la synagogue de la Ghriba en 2002. Celle-ci avait fait 19 morts et plusieurs blessés.

« Cette attaque va stopper le tourisme. Cela va gâcher l’été et donc des emplois, des vies », s’inquiète l’imam alors que la Tunisie enregistre en ce moment une forte reprise du tourisme, secteur clé de son économie. En 2015, les attentats contre le musée du Bardo à Tunis et un hôtel de la station balnéaire de Sousse avaient fait 60 morts, dont 59 étrangers. Les événements avaient gravement affecté l’économie nationale.

Très présent médiatiquement après les attentats dont a été victime la France, Hassen Chalghoumi fait le parallèle : « Au même titre que l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes est resté ouvert, il faut que ce pèlerinage perdure. On ne peut pas effacer 2000 ans d’Histoire comme cela ».

Pour l’heure, la nature « terroriste » de l’attaque n’est pas confirmée. « Une enquête préliminaire a été ouverte », a déclaré Fethi Bakkouche, porte-parole du tribunal de Médenine (sud-est), dont dépend l’île de Djerba.

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Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/attaque-a-djerba-limam-chalghoumi-raconte-un-moment-de-joie-transforme-en-cauchemar-10-05-2023-XPDYTCONP5HVRHATBVHGBC3S7Y.php