Angleterre : faux viol, automutilations au marteau… une « serial menteuse » condamnée à huit ans de prison

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Publié le 14/03/2023 19:12:42

Eleanor Williams, 22 ans, a été condamnée à huit ans et demi de prison après avoir faussement accusé plusieurs hommes de viol en mai 2020. Sa publication virale sur Facebook, où elle nommait ses faux bourreaux, avait entraîné le harcèlement de ces hommes et de la communauté asiatique.

Ceux qui étaient désignés comme ses bourreaux étaient les véritables victimes. Pourtant, son témoignage, ses accusations sur Facebook avec une photo d’elle défigurée et ses dénonciations avaient entraîné une vague d’émotion historique au Royaume-Uni. Mais tout était faux. Eleanor Williams, surnommée Ellie, 22 ans, a été condamnée ce mardi, par le tribunal de Preston, à huit ans et demi de prison pour avoir inventé son enlèvement, son viol et dit avoir été battue et prostituée par plusieurs hommes dans la ville portuaire de Barrow (comté de Cumbria), rapportent plusieurs médias britanniques. Elle avait même été jusqu’à publier sur les réseaux sociaux les vrais noms de ceux qui sont finalement de faux bourreaux.

Les faits remontent à mai 2020, en plein confinement, lorsque cette jeune femme du nord de l’Angleterre décide de publier sur Facebook le récit glaçant selon lequel elle a « été battue et obligée d’assister à des soirées sexuelles (du proxénétisme) par des hommes asiatiques ». Cela dure depuis longtemps selon son message. Elle appuie ses allégations avec des photos où on voit notamment son visage « couvert d’ecchymoses impressionnantes, avec un œil au beurre noir et un doigt partiellement coupé », rapporte The Guardian.

Une publication devenue virale avec plus de 100 000 partages, la création de pétitions, de cagnottes solidaires sous le hashtag (mot-dièse) #JusticeforEllie. Des rassemblements de soutien et de protestation avaient eu lieu dans tout le pays, accusant la police d’avoir dissimulé ces faits.

Dans sa publication Facebook, elle affirmait avoir été violée et victime de proxénétisme dans le nord de l’Angleterre. Ses blessures, a-t-elle dit, ont été infligées par des trafiquants lorsqu’elle a refusé d’assister à des « fêtes » - des fêtes où elle était généralement forcée à avoir des relations sexuelles avec plusieurs hommes. Dans ce long message d’atrocités inimaginables, elle disait avoir été placée « à l’arrière d’une voiture et emmenée à des soirées pour avoir des relations sexuelles avec trois hommes asiatiques ». Une communauté sévèrement visée par la suite.

Harcelés, trois des hommes nommément accusés ont tenté de se suicider

La police a en effet recensé les mois qui suivent 151 « crimes » contre les hommes qu’elle accusait, dont du harcèlement, des dégradations de leurs habitations ou commerces. Les restaurants asiatiques devaient être protégés par la police. Ces hommes disent avoir vécu « l’enfer sur terre » et ne pas savoir s’ils allaient pouvoir s’en remettre. Certains se faisaient cracher dessus dans la rue, l’un d’entre eux aurait dû quitter la ville et trois d’entre autres ont admis avoir essayé de se suicider.

L’un d’entre eux, Jordan Trengove, qui a tenté de mettre fin à ses jours en août 2020 et avait passé 73 jours en prison pour rien, a déclaré que le mot « violeur » avait été tagué sur sa maison. « Je n’ai pas pu quitter la maison, je n’ai pas pu aller travailler », a-t-il déclaré à Sky News après la condamnation de celle qui est désormais surnommée « la serial menteuse ».

Les enquêteurs qui avaient pris ses allégations au sérieux ont commencé à avoir des doutes lorsqu’ils ont remarqué qu’elle avait réservé une chambre à l’hôtel au moment des faits présumés dans des habitations. L’enquêteur principal, Doug Marshall, a assuré qu’il avait « eu des cas où des gens ont menti, mais jamais à ce point ».

Des automutilations au marteau

Elle avait notamment été filmée dans un supermarché en train d’acheter un marteau. Un médecin a assuré que les ecchymoses qu’Eleanor Williams présentait au visage, aux bras, au dos et aux jambes correspondaient à des ecchymoses « auto-infligées par un marteau ». Les investigations ont aussi permis de démontrer qu’elle avait créé plusieurs comptes sur les réseaux sociaux pour faire croire que des hommes lui écrivaient. Les policiers ont pu prouver qu’elle avait six téléphones pour s’écrire à elle-même et se faire passer pour ses agresseurs. L’enquête a démontré qu’ils avaient été connectés au wi-fi de la maison familiale des Williams.

Le juge, Robert Altham, a rappelé qu’Eleanor Williams avait connu « des difficultés depuis son enfance et avait des antécédents d’automutilation ». « Elle a fait des efforts extraordinaires pour créer de fausses accusations, notamment en se causant des blessures importantes », a-t-il considéré, regrettant l’absence d’aveux précis et de remords. Les psychologues n’ont pas détecté de pathologie chez Ellie.

« Je sais que j’ai fait des erreurs et je suis désolée. J’étais jeune et perturbée. Je ne dis pas que je suis coupable, mais je sais que j’ai fait du mal et j’en suis désolée », a-t-elle déclaré via ses avocats, ne plaidant pas coupable. Elle a fait appel de sa condamnation. « Je ne peux toujours pas vraiment le comprendre. La personne que la presse dépeint n’est pas la personne que je connais », pleurait, après le verdict, sa mère sur Sky News.

L’un des responsables de la police du comté de Cambria a, auprès de la BBC, « exhorté toute personne victime d’abus sexuel ou physique à le signaler dès aujourd’hui. Vous serez écouté et soutenu ». Les autorités craignant que ce genre d’affaire n’éloigne les vraies victimes de la justice.

Crédits image et texte : Le Parisien©
Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/angleterre-faux-viol-automutilations-au-marteau-une-serial-menteuse-condamnee-a-huit-ans-de-prison-14-03-2023-5UZMCAX34BFE3MJJRGC67NZ4LA.php