Angers. « À l’hôpital, on ne lâche pas une victime de violence intrafamiliale »

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Publié le 20/06/2022 17:00:44

Comment mieux prendre en charge une victime de violence intrafamilial lorsqu’elle est elle effectue un passage à l’hôpital ? C’est dans ce sens qu’une convention tripartite a été signée, ce lundi 20 juin, au CHU d’Angers (Maine-et-Loire).

Le préfet de Maine-et-Loire, les procureurs de la République d’Angers et de Saumur, le CHU d’Angers, les centres hospitaliers de Cholet et de Saumur, la police, la gendarmerie et l’association France Victimes renforcent leur collaboration, afin d’améliorer la protection des victimes de violences conjugales en instaurant un accueil et une prise en charge judiciaires au sein des établissements hospitaliers du département. Ce lundi 20 juin 2022 au CHU d’Angers avait lieu la signature de cette convention.

Le « recueil des déclarations des victimes de violences conjugales » ou plainte, peut être réalisé au sein des locaux hospitaliers (CHU d’Angers, CH de Cholet et Saumur), dès lors que la victime ne peut pas se déplacer, soit au commissariat, soit à la gendarmerie. La convention indique que toute victime de violences conjugales hospitalisée pour une durée supérieure à 24 heures, incapable de se déplacer, pourra déposer plainte auprès des fonctionnaires de police ou de gendarmerie, au sein des locaux hospitaliers.

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Il peut y avoir une dérogation au secret médical mais sous certaines conditions. D’abord lorsque les violences mettent la vie de la victime majeure en danger immédiat et lorsque la victime se trouve sous l’emprise de l’auteur des violences.

« Un médecin peut avoir l’option de lever le secret médical. Les nouvelles dispositions précisent que le médecin doit s’efforcer d’obtenir l’accord de la victime majeure, et qu’en cas d’impossibilité d’obtenir cet accord, il doit l’informer du signalement au parquet. Mais à l’hôpital, on ne lâche pas une victime de violence intrafamiliale. Surtout, on ne la perd pas » , indique Eric Bouillard, procureur de la République d’Angers.

« Nous avons la possibilité de délivrer à la victime un certificat de lésion. La victime peut, si elle le souhaite, déposer plainte après sa prise en charge médicale et se servir de ce certificat pour la justifier » , indique le professeur Dominique Savary, chef du service des urgences.

Le professeur Dominique Savary, à la tête du département de médecine d’urgence du CHU d’Angers, indique qu’une « évolution des pratiques hospitalières avec un questionnement désormais plus systématique de la victime alors même qu’il n’y a pas de signes objectifs de violences ». Tout en précisant : « Il ne s’agit pas d’être dans la suspicion à tout prix. L’urgentiste restera pragmatique et un professionnel du soin. »

Une fois identifiée, la victime est accueillie dans un lieu dédié aux urgences. Au calme et isolée, elle peut s’exprimer sans filtre.

Oui. Entre 2017 et 2021, les consultations à l’unité médico-judiciaire du CHU d’Angers ont augmenté d’environ 10 %. En 2017, il y avait 2 342 consultations (dont 96 pour agressions sexuelles et 303 pour violences conjugales). En 2021, elles sont passées à 2 630 consultations (dont 257 agressions sexuelles et 549 pour violences conjugales).

Crédits image et texte : Ouest France©
Source : https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/angers-49000/angers-a-l-hopital-on-ne-lache-pas-une-victime-de-violence-intrafamiliale-695998d2-f08e-11ec-a1f9-96fad4cda185