Ancien combattant en Syrie, un djihadiste français condamné à 15 ans de prison

logo Le Parisien illustration Ancien combattant en Syrie, un djihadiste français condamné à 15 ans de prison

Publié le 11/05/2022 17:51:44

Originaire du Nord, il était parti combattre le régime de Bachar al-Assad avec un cousin et des amis de son quartier, aux côtés du groupe al-Nosra, affilié à al-Qaïda

Il était parti en 2013, abandonnant famille et amis. La Cour d’assises spéciale de Paris a condamné mercredi Amar Felouki, jeune Français parti combattre en Syrie en 2013, à 15 ans de réclusion criminelle, considérant que la durée de son séjour sur place marquait « une adhésion persistante à l’idéologie » djihadiste.

Les faits reprochés - qu’il reconnaît en partie - sont « d’une extrême gravité », a estimé la cour, soulignant qu’il était « resté sur zone pendant quatre ans » et avait participé « à tout le moins » pendant plus d’un an à « des combats au sein d’un groupe terroriste », le Front al-Nosra, affilié à Al-Qaïda.

Cela « atteste d’une adhésion persistante à l’idéologie » djihadiste, a jugé le président David Hill. « Il ne semble pas que vous ayez engagé un réel travail d’introspection », a-t-il ajouté. Le verdict est assorti d’une peine de sûreté de 10 ans.

Jugé depuis lundi pour association de malfaiteur terroriste, le jeune homme originaire de Villeneuve-d’Ascq, dans le nord de la France, avait rejoint la Syrie via la Turquie en septembre 2013 avec un cousin et deux amis de son quartier - il est le seul à être rentré vivant en France. Il n’avait rien dit à ses parents, ni à sa femme enceinte, finançant le départ avec un découvert bancaire. À l’audience, il a reconnu que la propagande sur Internet avait stimulé sa volonté d’aller « combattre Bachar » al-Assad et « appliquer la charia ».

« Quatre ans dans une organisation terroriste, c’est extrêmement long »

Il assure avoir quitté le combat après une grave blessure fin 2014, pour rejoindre une école coranique située à Darkouch, près de la Turquie, où il serait resté près de trois ans. Intercepté par les autorités turques à l’automne 2017, après avoir passé la frontière, Amar Felouki est resté détenu plusieurs mois en Turquie, avant d’être expulsé vers la France en mai 2018.

Mercredi matin, le parquet national anti-terroriste (PNAT) avait requis 18 ans de prison assortis d’une peine de sûreté de 12 années, évoquant ses « doutes » concernant « la persistance de l’ancrage idéologique » d’Amar Felouki, aujourd’hui âgé de 31 ans.

« Pas à un seul instant Amar Felouki n’a remis en cause spontanément son engagement », a souligné l’avocate générale. Elle n’a pas non plus été convaincue par le récit de l’accusé, jugeant « très peu probable » que le Front al-Nosra se soit passé « d’un homme en capacité de combattre pendant trois ans », alors que les combats faisaient rage. « Quatre ans dans une organisation terroriste, c’est extrêmement long », a souligné l’avocate générale, y voyant le signe d’une « acceptation de ses règles » et d’une « maîtrise totale des techniques de combat ».

La représentante du PNAT a également regretté le refus de l’accusé de participer aux entretiens avec un psychologue lors de son évaluation en détention. « Le quantum de la peine ne me surprend pas », a commenté l’avocat de l’accusé. Florian Lastelle s’est dit en revanche « un peu déçu par la peine de sûreté » prononcée, qui « l’empêche de demander un aménagement de peine » dans l’immédiat.

« Il n’y a pas de dangerosité avérée chez Felouki », a-t-il assuré, mettant en avant son retour « volontaire » en France. Il a aussi qualifié de « contre-vérité historique » la présentation de l’accusation mettant « sur un pied d’égalité une adhésion à Jabhat al-Nosra », le groupe intégré par Amar Felouki, et à l’organisation État islamique. L’avocat a indiqué « réfléchir » à un éventuel appel du verdict.

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