Allemagne : l’ex-secrétaire d’un camp nazi fait appel de sa condamnation

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Publié le 28/12/2022 13:16:09

Irmgard Furchner, 97 ans, a travaillé pendant près de deux ans pour le commandant du camp de Stutthof où 65 000 personnes, au moins, ont été tuées pendant la Seconde Guerre mondiale.

Il y aura donc encore un procès. Une semaine après sa condamnation, Irmgard Furchner, ancienne secrétaire d’un camp de concentration nazi, a décidé de faire appel, a annoncé ce mercredi le tribunal d’Itzehoe (Allemagne).

La Cour fédérale de justice sera chargée d’examiner d’éventuels vices de procédure, a précisé une porte-parole du tribunal dans un communiqué, précisant que d’ici là, le verdict n’était « pas exécutoire ». Un représentant de partie civile a également fait appel.

La vieille dame de 97 ans s’est vue infliger le 20 décembre une peine de deux ans de prison avec sursis au terme de l’un des ultimes procès sur l’époque nazie en Allemagne. Elle était poursuivie pour « complicité de meurtres » dans 11 412 dossiers étayés. Elle devait être jugée en septembre 2021 mais avait pris la fuite le matin de l’ouverture du procès, alors que le tribunal du district d’Itzehoe avait déplacé sa salle d’audience dans un vaste entrepôt pour permettre à des centaines de journalistes et d’historiens d’assister à un moment historique.

En juin 1943, à 18 ans, Furchner avait commencé à travailler comme secrétaire du commandant du camp de concentration de Stutthof, l’un des premiers camps nazis installés hors des frontières allemandes. Elle y a travaillé jusqu’en avril 1945, un mois avant la libération du camp par les alliés. Au moins 65 000 personnes ont été tuées à Stutthof, dans une chambre à gaz, sous la torture ou les assauts du typhus. C’est aussi dans ce camp qu’avait été créée une fabrique de savons à base de graisse humaine, l’une des nombreuses abominables expérimentations de la barbarie nazie.

Ses avocats avaient plaidé l’ignorance des agissements dans le camp

La condamnation était conforme aux réquisitions du parquet qui avait souligné la « signification historique exceptionnelle » de ce procès, avec un jugement avant tout « symbolique ». Ses deux avocats avaient en revanche demandé un non-lieu. Selon eux, le procès n’a pas prouvé qu’elle avait connaissance des meurtres pratiqués de façon systématique à Stutthof. Le tribunal avait considéré « inimaginable que l’accusée n’ait rien remarqué ». L’intéressée s’était déclarée « désolée pour tout ce qui s’est passé » et avait dit « regretté d’avoir été à Stutthof à ce moment-là ».

Soixante-dix-sept ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne continue de rechercher d’anciens criminels nazis encore en vie, illustrant la sévérité accrue, quoique tardive, de sa justice. La jurisprudence allemande permet depuis 2011 de poursuivre pour complicité de dizaines de milliers de meurtres n’importe quel auxiliaire d’un camp de concentration, du garde au comptable.

En juin, un ancien gardien du camp de concentration de Sachsenhausen (nord de Berlin), âgé de 101 ans, a été condamné à cinq ans de prison. Deux ans plus tôt, Bruno Dey, un ancien gardien de Stutthof, a été condamné à deux ans de prison avec sursis. Il était alors âgé de 93 ans.

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Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/allemagne-lex-secretaire-dun-camp-nazi-fait-appel-de-sa-condamnation-28-12-2022-CMBKOCSWXVAGFIZSMNN2NB2QDI.php