Affaire Péchier : l’anesthésiste mis en examen pour deux nouveaux cas d’empoisonnement présumés

logo Le Parisien illustration Affaire Péchier : l’anesthésiste mis en examen pour deux nouveaux cas d’empoisonnement présumés

Publié le 08/03/2023 15:03:16

Le praticien, qui s’est récemment vu interdire l’exercice de la médecine pendant la durée de l’instruction, était déjà poursuivi pour 24 autres cas d’empoisonnements suspectés.

Le dossier s’alourdit pour le docteur Péchier. L’anesthésiste a été mis en examen ce mercredi pour deux nouveaux cas d’empoisonnement présumés, et non sept comme avait indiqué plus tôt son avocat, a indiqué le procureur de la République de Besançon, Etienne Manteaux. Il a été « mis en examen pour deux cas », dont un mortel, et a été placé sous le statut de témoin assisté pour un troisième, a-t-il précisé lors d’un point presse.

A la lumière de nouvelles contre-expertises médicales, le docteur Péchier était entendu depuis 9 heures ce mercredi dans le bureau de la juge pour huit nouveaux cas d’empoisonnement, dont quatre mortels. « Il a été mis en examen pour sept » des huit nouveaux cas pour lesquels il a été entendu par la juge mercredi, avait indiqué dans l’après-midi Randall Schwerdorffer, l’avocat du médecin. « Il y a eu un couac », a-t-il plus tard concédé. « J’ai effectivement fait une erreur, il y a eu deux (nouvelles) mises en examen » et « un placement en qualité de témoin assisté » pour un cas non mortel, a-t-il ajouté. « Il reste cinq autres cas où la mise en examen est envisagée », a-t-il ajouté.

L’anesthésiste a gardé le silence

Son client, qui doit de nouveau être entendu fin mars par la juge d’instruction Marjolaine Poinsard, est donc pour l’heure mis en examen pour 26 cas d’empoisonnement présumés, dont dix mortels. Le docteur Frédéric Péchier a gardé le silence face à la magistrate et « n’a pas répondu » à ses questions, a indiqué l’avocat, qui avait laissé entendre ces derniers jours que l’anesthésiste pourrait opter pour la stratégie du silence.

Frédéric Péchier est soupçonné d’avoir pollué les poches de perfusion de patients entre 2008 et 2017 dans deux cliniques privées de Besançon pour provoquer des arrêts cardiaques puis démontrer ses talents de réanimateur, mais aussi pour discréditer des collègues avec lesquels il était en conflit.

L’affaire avait débuté lorsqu’une anesthésiste d’une clinique de Besançon avait donné l’alerte après trois arrêts cardiaques inexpliqués de ses patients en pleine opération. Les poches de perfusion avaient été saisies et des analyses avaient révélé des « doses de potassium 100 fois supérieures à la normale », avait indiqué le procureur Etienne Manteaux.

Des investigations débutées en 2017

En janvier 2017, une information judiciaire avait été ouverte et deux mois plus tard, Frédéric Péchier, qui exerçait dans cette clinique, avait été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire pour sept premiers cas d’empoisonnements présumés de patients.

La direction de la clinique avait ensuite présenté aux enquêteurs de la police judiciaire de Besançon 66 cas d’EIG (événement indésirable grave) survenus dans leur établissement. Ces investigations ont mené, en mai 2019, à la mise en examen du Dr Péchier pour 17 nouveaux cas d’empoisonnement, soit un total de 24 cas concernant des patients âgés de 4 à 80 ans, dont neuf mortels.

La journée de mercredi marquait le coup d’envoi d’une longue série d’auditions devant la juge : huit autres journées étaient prévues courant mars afin de récapituler l’ensemble des mises en examen de ce dossier.

Interrogatoires « reportés »

Mais à l’issue de l’audition de mercredi, les interrogatoires ont été reportés « au 22 mars », a indiqué Me Schwerdorffer. Frédéric Péchier, qui vit dans la Vienne, a vu son contrôle judiciaire récemment allégé et peut désormais revenir dans le Doubs voir sa famille. Il avait fait en septembre 2021 une tentative de suicide et avait été hospitalisé plusieurs semaines.

Il est toujours « abattu » et « a vécu comme un acharnement la dernière ordonnance de la juge qui lui interdit d’exercer la médecine », alors qu’une précédente décision ne lui interdisait que la pratique de l’anesthésie et de la réanimation, avait indiqué avant l’audience Randall Schwerdorffer. La défense a fait appel de cette interdiction, selon son conseil.

Crédits image et texte : Le Parisien©
Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/affaire-pechier-lanesthesiste-mis-en-examen-pour-sept-nouveaux-cas-dempoisonnements-presumes-08-03-2023-VIAF5YBPNNGPNF26ZKJI7VZO5E.php