Publié le 25/11/2021 05:00:41
Omar Raddad se bat toujours pour faire réviser sa condamnation à 18 ans de réclusion criminelle, pour le meurtre de la riche veuve de Mougins. Le jardinier de la victime reste le protagoniste d’une affaire aux multiples rebondissements.
Le visage de l’auteur de l’assassinat de Ghislaine Marchal, 65 ans, dans sa villa de Mougins au mois de juin 1991 n’est toujours pas connu.
Omar Raddad, condamné pour ce crime en février 1994 à dix-huit années de réclusion criminelle, clame toujours son innocence et espère être entendu par la justice.
Par le biais de Me Sylvie Noachovitch, son avocate, le jardinier de la victime fait valoir de nouveaux éléments et a transmis au mois de juin (30 ans jour pour jour après la découverte du corps de Ghislaine Marchal) une nouvelle requête en révision de sa condamnation, afin d’être totalement blanchi.
L’intéressé avait déjà déposé une première demande de révision de son procès en juin 2001, mais celle-ci avait été rejetée en novembre 2002.
Cette demande sera examinée ce jeudi à huis clos à 14 heures, au cours d’une audience non publique devant la commission d’instruction de la Cour de révision, composée de cinq magistrats. Celle-ci devra en premier lieu se pencher sur la recevabilité de la requête formulée. La décision sera ensuite mise en délibéré et ne sera rendue qu’après plusieurs semaines.
En cas de « feu vert », une révision du procès pourrait être envisagée. Une décision extrêmement rare, puisque moins de 2 % des dossiers présentés sont parvenus à la Cour de révision, laquelle se prononce ensuite sur la tenue d’un nouveau procès.
La commission d’instruction peut également estimer que les éléments présentés par la défense sont insuffisants et par conséquent ordonner un supplément d’information.
Dernier cas de figure, les cinq magistrats peuvent purement et simplement décider de rejeter la demande.
Me Sylvie Noachovitch a transmis de nouveaux éléments à la justice pour étayer sa demande de révision.
Il s’agit de traces ADN découvertes sur deux portes et un chevron de la cave où se trouvait le corps de Ghislaine Marchal. C’est sur ces portes que la victime aurait inscrit « Omar m’a tuer » et « Omar m’a t » à l’aide de son propre sang.
À ce sang se trouvent aussi mêlées deux empreintes génétiques masculines, lesquelles ne correspondent pas à l’ADN d’Omar Raddad.
De nouvelles analyses sont effectuées en 2014, dont les résultats ne seront dévoilés qu’en 2016. Il apparaît alors que les empreintes génétiques correspondent à quatre hommes. L’un d’eux se trouve déjà enregistré dans le FNAEG, à savoir le Fichier national automatisé des empreintes génétiques.
Cet homme, déjà condamné pour violences, est encore pointé du doigt dans un nouveau rapport d’expertise en 2019.
Sur la foi de ces analyses, lesquelles pointent par ailleurs une « mise en scène » dans l’écriture en lettres de sang, Omar Raddad espère être lavé de tout soupçon et voir les auteurs du meurtre de la riche veuve des Alpes-Maritimes livrer la vérité.
Aujourd’hui âgé de 59 ans, l’ancien jardinier marocain avait bénéficié d’une grâce partielle en mai 1996, avant de bénéficier d’une mesure de libération conditionnelle en septembre 1998.
En 2002, avec l’aide de Sylvie Lotiron, Omar Raddad publie « Pourquoi moi ? » aux éditions du Seuil. Un livre qui fera l’objet d’une adaptation au cinéma en 2011. Réalisé par Roschdy Zem, le film « Omar m’a tuer » vaudra à Sami Bouajila une nomination pour le César du meilleur acteur.
Depuis, l’ancien jardinier – récemment en arrêt maladie – travaille toujours sur son dossier de révision. Père de famille, il réside à Toulon, où vivaient déjà ses proches au moment de sa sortie de prison.
Crédits image et texte : Ouest France©
Source : https://www.ouest-france.fr/societe/justice/affaire-omar-raddad-ou-en-est-on-trente-ans-apres-le-meurtre-de-ghislaine-marchal-dafb97c8-39d8-4052-bb0a-a5ef3887a730