Affaire du « Grêlé » : le village de Prades-le-Lez sous le choc, le tueur en série y était vu comme « sympathique »

logo Sud Ouest illustration Affaire du « Grêlé » : le village de Prades-le-Lez sous le choc, le tueur en série y était vu comme « sympathique »

Publié le 02/10/2021 09:50:34

C’est la consternation dans la commune de Prades-le-Lez, après la découverte de l’identité du tueur et violeur en série recherché depuis 35 ans. François Vérove s’était bien intégré à la vie du village

« On ne connaît jamais vraiment les gens… » A Prades-le-Lez, gros village au nord de Montpellier, François Vérove a laissé le souvenir d’un homme « avenant » et « plutôt sympathique », impliqué dans la vie politique locale. Et pourtant il était le « Grêlé », un tueur et violeur en série recherché depuis les années 1980.

« Si vous m’aviez posé la question il y a deux ou trois jours, je vous aurais répondu que j’en ai gardé une image extrêmement positive : quelqu’un de cordial, de sérieux, qui a tenu ses engagements », a confié vendredi à l’AFP l’ancien maire du village, Jean-Marc Lussert, qui avait pris l’ex-gendarme sur sa liste lors des municipales de 2014.

François Vérove, qui avait également appartenu à la police, jusqu’à un accident de moto en service, n’avait pas été élu. Mais il avait finalement intégré le conseil municipal en 2019, jusqu’à la fin de la législature en 2020, après la démission de plusieurs conseillers.

Etabli sur les hauteurs du village, dans une villa d’architecte qu’il s’était fait construire, l’ancien policier et gendarme avait ensuite déménagé à la Grande-Motte, station balnéaire proche de Montpellier. Et il ne s’était pas porté candidat aux dernières municipales.

Le représentant local de « la droite républicaine »

Il « représentait la droite républicaine », poursuit Jean-Marc Lussert, en marquant sa « surprise totale » et son « incompréhension » après les révélations sur son ancien colistier, auteur de l’un des plus vieux « cold cases » de France : « Il était un peu tatillon, il insistait sur le respect des règles, de stationnement par exemple. Il se les appliquait lui-même, et ça me semblait logique pour un ancien gendarme », ajoute-t-il.

Depuis trente-cinq ans, les enquêteurs étaient sur la trace d’un inconnu au visage grêlé, soupçonné de cinq crimes commis entre 1986 et 1994. Il est notamment soupçonné d’avoir tué et violé la petite Cécile, 11 ans, retrouvée morte dans le sous-sol de son immeuble dans le XIXe arrondissement de Paris en mai 1986, et d’avoir étranglé un couple dans le quartier du Marais en 1987.

« Ces derniers mois », le magistrat instructeur avait convoqué quelque 750 gendarmes en poste en région parisienne à l’époque des faits, a expliqué la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, dans un communiqué jeudi soir.

« Ça fait peur de savoir qu’il était là. Et en plus qu’il était actif à la mairie »

L’un d’entre eux, « un homme de 59 ans, domicilié dans le sud de la France, convoqué le 24 septembre pour une audition le 29 septembre, a été déclaré disparu par son épouse » le 27 et retrouvé mort le 29 au Grau-du-Roi, dans le département voisin du Gard, toujours selon Laure Beccuau.

Il s’agissait donc bien de François Vérove, l’ancien conseiller municipal de Prades-le-Lez, dont l’ADN correspond au profil génétique retrouvé sur plusieurs scènes de crime du « Grêlé ».

« Quelqu’un d’intéressant »

Dans les rues de cette commune plutôt bourgeoise de 5 500 habitants, reliée à Montpellier par une vallée de vignes et de bosquets, la nouvelle s’est vite répandue tout au long de la journée de vendredi.

« Ça fait peur de savoir qu’il était là. Et en plus qu’il était actif à la mairie », disent de concert Véronique et Sylvie, deux assistantes maternelles abordées alors qu’elles promenaient de jeunes enfants derrière l’Hôtel de ville, où la maire écologiste actuelle, Florence Brau, a fait savoir qu’elle ne souhaitait pas s’exprimer sur l’affaire.

Quinquagénaire marié et père de famille, François Vérove « ne dégageait pas l’image de quelqu’un de méchant ». Il « était plutôt sympa », se souvient Patrick Idelman, qui l’avait côtoyé alors qu’il couvrait la politique locale, plutôt agitée, pour le quotidien Midi Libre : « C’était quelqu’un d’intéressant, qui avait des idées sur l’information communale, sur les réseaux sociaux », ajoute l’ancien correspondant de presse.

Lors de la campagne pour les élections municipales de 2014, François Vérove « tenait la permanence pour l’équipe du maire », se souvient Serge Aliot, ancien conseiller municipal : « Il était sympathique, il m’avait même offert une paire de gants de motard de la police, neufs ».

Crédits image et texte : Sud Ouest©
Source : https://www.sudouest.fr/france/affaire-du-grele-le-village-de-prades-le-lez-sous-le-choc-le-tueur-en-serie-y-etait-vu-comme-sympathique-6330743.php