Affaire des écoutes : la droite prudente après la condamnation de Nicolas Sarkozy en appel

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Publié le 17/05/2023 15:43:20

L’indignation contre la peine de prison ferme en appel à l’encontre de l’ancien président de la République est surtout venue des rangs de ses plus fidèles soutiens. Un symptôme de sa perte d’influence.

Lorsque la cour d’appel confirme ce mercredi matin la condamnation de Nicolas Sarkozy à trois ans d’emprisonnement, dont un ferme pour corruption et trafic d’influence dans « l’affaire des écoutes », les Républicains tiennent à leur siège du XVe arrondissement de Paris leur premier « shadow cabinet ».

Mais la sanction à l’encontre du fondateur du parti, inédite pour un ancien chef de l’État, n’est pas évoquée dans les échanges. Tout juste Éric Ciotti lâche-t-il, en clôturant la réunion, un laconique « vous avez vu pour Nicolas… » Tout le monde a vu les alertes tomber sur les smartphones, personne n’en a parlé.



Comme si cette condamnation n’était plus vraiment le problème de la droite ? « Ce qui fait qu’on est mal à l’aise, c’est son ambiguïté vis-à-vis de nous », glisse un membre de la direction de LR en référence au soutien répété de Nicolas Sarkozy à l’actuel président de la République. Et qu’une partie de sa famille politique ne lui a pas pardonné. De fait, les réactions sont pour l’heure bien moins nombreuses que lors de la condamnation de Nicolas Sarkozy en première instance en mars 2021.

À l’époque, celui qui n’a pas encore pu prendre ses distances avec la campagne présidentielle de Valérie Pécresse et qui n’a pas encore été condamné à un an de prison ferme dans le cadre de l’affaire Bygmalion (cette condamnation interviendra six mois plus tard) est défendu par Christian Jacob, alors président de LR, qui condamne sur Twitter une peine « absolument disproportionnée et révélatrice de l’acharnement d’une institution judiciaire déjà très contestée ». Cette fois, si son successeur Éric Ciotti se dit « attristé de la décision et témoigne son amitié », il ne s’exprime pas sur l’aspect judiciaire.

« Il est victime d’un acharnement » pour Olivier Marleix

L’indignation reste cantonnée aux rangs des fidèles sarkozystes. Nadine Morano dénonce une « décision inique et injuste », le sénateur Pierre Charon observe que « si maintenant on confond intention et corruption, on peut mettre la moitié des Français en prison ». « À l’évidence, Nicolas Sarkozy est victime d’un acharnement », y va aussi le patron des députés LR, Olivier Marleix.

« Décision inique et injuste » @NicolasSarkozy ne renoncera jamais à démontrer son innocence ! Le parcours est long mais je connais sa force et je crois en son courage et en sa probité ! https://t.co/Wy1XPA63k3— Nadine Morano (@nadine__morano) May 17, 2023

« Ça devient surtout un sujet pour Macron maintenant. Il ne peut plus s’afficher comme ça avec lui vu la suite de l’agenda judiciaire », veut croire un cadre LR en référence au procès Bygmalion en appel et à la demande du parquet national financier de le renvoyer devant un tribunal dans le cadre de l’affaire du financement libyen.

Certains élus s’émeuvent toutefois de la privation des droits civils et civiques de Nicolas Sarkozy décidée par la cour d’appel. « C’est choquant. Même les détenus peuvent exercer leur droit de vote », s’indigne un dirigeant LR qui préfère rester anonyme. « Ça interroge en effet », ajoute un député LR qui conclut : « les mauvaises langues te diront que c’est une voix de moins pour Emmanuel Macron… »

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