Affaire Delphine Jubillar : « Je n’ai rien à voir avec la disparition de ma femme », répète Cédric devant les juges

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Publié le 15/11/2021 11:17:58

Le mari de Delphine Jubillar, disparue dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, s’est exprimé pour la première fois devant les juges d’instruction le 15 octobre dernier. Mis en examen pour « meurtre par conjoint », Cédric Jubillar a été questionné sur le contexte de la séparation du couple

Près d’un an après la disparition de Delphine Jubillar, à Cagnac-les-Mines, dans le Tarn, des zones d’ombre demeurent autour de la personnalité de son mari, Cédric Jubillar, un artisan peintre de 34 ans. En garde à vue depuis sa mise en examen, le 18 juin, pour « meurtre par conjoint », le père de famille a pu s’exprimer pour la première fois dans le cabinet de deux juges d’instruction, le 15 octobre à Toulouse, comme le rapporte « Le Parisien », qui a eu accès au procès-verbal.

« Je conteste toujours. Je suis innocent, je n’ai rien à voir avec la disparition de ma femme, je vous l’ai toujours dit », a tenu à rappeler l’époux de cette infirmière, disparue sans laisser de trace dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020. Cédric Jubillar, placé à l’isolement depuis quatre mois, s’est d’abord livré sur sa détention : « Je suis à l’isolement, je ne sais même pas pourquoi. […] Il n’y a rien à faire à part regarder la télé, j’en ai vraiment marre. »

« C’est sûr que oui, je gueule »

Mais si le trentenaire est convoqué dans le bureau des juges, ce 15 octobre, c’est pour en savoir plus sur sa vie de couple et sa personnalité. Pour ce faire, les deux magistrates, Audrey Assemat et Coralyne Chartier, vont confronter Cédric Jubillar aux témoignages faisant état de la violence verbale et psychologique qu’il semblait exercer sur sa femme : « Quand moi je dis les choses, je ne tourne pas autour du pot […]. Je n’ai pas un langage soutenu comme certains gens ou comme vous, très haut placées et qui ont des termes polis ».

Ça reste la mère de mes enfants, elle aura toujours une place dans mon cœur.

Si aucun témoin n’a présenté Delphine Jubillar comme la cible de coups portés par son mari, leur fils, Louis, 7 ans, semble avoir reçu des gifles en public ou encore des coups de pied aux fesses de son père, révèle le quotidien. « C’est sûr que oui, je gueule, c’est un moyen de faire peur, j’essayais de faire peur à mon enfant. Pour éviter qu’il ne refasse la même bêtise », s’est défendu l’homme.

« Déçu », « abattu »

Puis l’ouvrier d’être questionné sur sa consommation de produits stupéfiants – une dizaine de joints par jour – et le budget alloué à celle-ci : environ 400 euros par mois, soit le quart de son salaire. Une consommation qui a pu le conduire à utiliser la carte bleue de son épouse. Les heures qui ont précédé sa disparition, Delphine Jubillar s’est d’ailleurs rendue dans son agence bancaire d’Albi pour demander un nouveau code confidentiel. « Quand je remboursais, je donnais 20 ou 30 euros de plus, j’étais pas le méchant, j’étais l’homme bien au final, mais ça, elle le disait pas », a rétorqué le mis en cause.

Je suis un innocent mis en prison, tout ça parce qu’au départ on vous a manipulées.

Cinq mois avant sa disparition, Delphine Jubillar avait par ailleurs demandé le divorce : « Au début j’étais très déçu. Très très abattu. […] Ça reste la mère de mes enfants, elle aura toujours une place dans mon cœur. » L’occasion aussi pour les magistrates d’aborder l’existence d’un homme que l’infirmière aurait fréquenté : « L’existence d’un amant, je m’en moque un peu. Je suis le seul et unique homme dans sa vie et je suis le premier, donc je me dis que si elle peut aller voir ailleurs et qu’elle me revienne en voyant que c’est nul, tant mieux ».

« C’est moi le con »

Les deux magistrates l’ont enfin interrogé enfin sur les menaces de mort que Cédric Jubillar aurait prononcé devant sa mère : « J’en ai marre, je vais la tuer, je vais l’enterrer, personne ne la retrouvera ». « Pour l’instant, vous cherchez que de mon côté, peut-être que si vous exploitiez plus les autres, on pourrait la retrouver plus facilement », a répondu l’homme de 34 ans. Puis les juges d’insister sur la dernière menace en date, le 12 décembre, trois jours avant la disparition de la jeune femme, proférée devant une connaissance. « Ouais, j’en avais marre, j’étais en train de lutter sur tous les fronts, […] j’étais en colère, j’étais en train de me défouler. Comme je vous ai dit, c’est moi le con. »

Avant de clore l’interrogatoire, le mis en cause a adressé un dernier message aux juges : « Je suis un innocent mis en prison, tout ça parce qu’au départ on vous a manipulées. »

Avant d’être de nouveau entendu, le 3 décembre, cette fois sur les détails de cette nuit du 15 au 16 décembre 2020, les trois avocats de Cédric Jubillar plaideront en sa présence ce mardi 16 novembre, pour la troisième fois, une demande de remise en liberté. Ses défenseurs ont également demandé fin août à l’administration pénitentiaire à ce que Cédric Jubillar ne soit plus en quartier d’isolement. Une demande rejetée par crainte d’éventuelles agressions par d’autres détenus de la prison de Toulouse-Seysses.

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