Actes racistes contre Vinicius : comment les policiers ont remonté la trace d’une poupée gonflable

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Publié le 30/05/2023 15:53:59

Ce mardi, la presse espagnole a dévoilé les coulisses de cette enquête particulière intitulée « opération Sandra ».

Le 23 mai, la police espagnole a arrêté quatre personnes accusées d’avoir accroché un mannequin de couleur à l’effigie du footballeur madrilène Vinicius, avec la bannière « Madrid déteste le Real », à un pont près de la Ciudad Deportiva du Real Madrid le 26 janvier dernier. Les quatre suspects ont été ensuite libérés, accusés entre autres « d’incitation à la haine raciale ». Ils ont par ailleurs reçu une ordonnance restrictive qui les empêche de s’approcher du joueur brésilien du Real Madrid mais aussi d’accéder au stade Santiago Bernabeu ou à tout autre terrain de la Liga.

Ce mardi, la presse espagnole a dévoilé les dessous de cette enquête particulière nommée « opération Sandra ». C’est dans le cadre d’une émission de radio, intitulée « Julia en la Onda » sur la chaîne Onda Cero que ces révélations ont été faites. Lors de cette émission, deux journalistes spécialisés ont retracé le processus d’enquête sortant du commun.

Le mannequin, suspendu au pont et que l’on a fait passer pour Vinicius, était en réalité une poupée gonflable. Dans un premier temps, les enquêteurs ont retrouvé la poupée ainsi qu’une banderole de 16 m de large sur laquelle on pouvait lire « Madrid déteste le Real », l’un des slogans utilisés par le Frente Atlético (groupe ultra de l’Atlético de Madrid). Toutefois, le Frente Atlético a toujours nié avoir quoi que ce soit à voir avec cette attaque raciste.

La porte de la piste des supporters officiels se refermant rapidement, la police locale a commencé à tirer le fil de la poupée gonflable pour « chercher des empreintes valables à comparer », mais sur les 10 empreintes trouvées, seules trois étaient complètes. « Le monde des poupées gonflables est un peu compliqué, parce qu’elles sont souvent vendues d’occasion, il y a des gens qui utilisent la même poupée… donc les empreintes digitales ne mènent nulle part. La police essaie donc de suivre la piste de la principale pièce à conviction, cette poupée noire avec le T-shirt de Vinicius », explique ainsi l’un des journalistes à l’antenne.

Un modèle vendu 24 euros

Pour les autorités, la poupée gonflable serait un modèle appelé Sandra, vendu à 24 euros dans 58 boutiques en ligne et dans des dizaines de magasins physiques à Madrid. La police a essayé de décompter toutes ces boutiques pour trouver la trace des acheteurs potentiels, ont précisé les journalistes.

Les enquêteurs auraient pu renoncer devant l’immensité de la tâche mais c’est finalement des réseaux sociaux que va venir l’indice décisif. Scrutant les plateformes sociales, les enquêteurs ont localisé un membre du Frente Atlético surnommé « Ángel » qui le soir du match contre le Real Madrid, a publié une image de la poupée gonflable avec le maillot du Real Madrid devant un mur.

La police a ensuite réussi à localiser le mur près d’un bar bien identifiable. Dans le même élan, les autorités ont recoupé cette information avec la localisation du téléphone portable de cet « Ángel ». Et ce dernier a bien sûr « matché » sur le fameux pont de Valdebebas à la fin de la nuit, là où avait été pendu le mannequin à l’effigie de Vinicius Jr.

Sur cette base, ils ont également pu repérer deux autres membres du Frente Atlético et un autre jeune homme. Après avoir retracé leurs achats en cartes de crédit, la police a découvert qu’ils avaient bu des bières ensemble avant de se retrouver pour commettre leur délit.

VIDÉO. Le Christ rédempteur de Rio s’éteint en soutien à Vinicius, victime de racisme en Espagne.

Les tests ADN effectués sur la poupée gonflable ont permis d’identifier formellement deux hommes, dont l’un a été identifié comme étant le fameux « Angel ».

Ironie de l’histoire et de l’ « opération Sandra », le modèle de la poupée gonflable utilisé par les suspects n’était finalement pas celui que la police recherchait. Il s’agissait d’une poupée de couleur sombre d’une hauteur d’1,50 m appelée « Indian ».

Crédits image et texte : Le Parisien©
Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/actes-racistes-contre-vinicius-comment-les-policiers-ont-remonte-la-trace-dune-poupee-gonflable-30-05-2023-F2T5HAZ7W5C43AMYQCDP6X7ZLI.php