Accusations de travail forcé des Ouïghours : une enquête française visant des géants du textile classée

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Publié le 04/05/2023 15:58:47

Le Parquet national antiterroriste s’est estimé juridiquement incompétent. Les plaignants veulent « rapidement » saisir un juge d’instruction pour reprendre l’enquête.

L’enquête française ouverte en juin 2021 visant des géants de l’habillement tels Uniqlo et Inditex, accusés par des associations d’avoir profité du travail forcé de Ouïghours en Chine, a été classée sans suite le 12 avril, a-t-on appris jeudi de source proche du dossier. Le Parquet national antiterroriste (Pnat) a expliqué s’estimer juridiquement incompétent.

L’enquête avait été ouverte par le pôle crimes contre l’humanité du Pnat après une plainte déposée en avril 2021 par l’association anticorruption Sherpa, le collectif Ethique sur l’étiquette, l’Institut ouïghour d’Europe (IODE) et une Ouïghoure ayant été internée dans la province du Xinjiang (nord-ouest de la Chine).

Les plaignants veulent « rapidement » saisir un juge d’instruction pour reprendre l’enquête, a indiqué leur avocat, Me William Bourdon.

Une décision « incompréhensible »

La plainte s’appuyait sur un rapport publié en mars 2020 par l’ONG australienne ASPI. Les plaignants reprochaient à Uniqlo France, Inditex (qui détient les marques Zara, Bershka, Massimo Duti), SMCP (Sandro, Maje, de Fursac…) et au chausseur Skechers de commercialiser des produits fabriqués en totalité ou en partie dans des usines où des Ouïghours sont soumis au travail forcé, selon ces associations. Les quatre groupes avaient contesté tout recours au travail forcé.

Le 12 avril, le Pnat a informé les plaignants dans un courrier que l’enquête était classée sans suite « pour motif d’absence d’infraction, en raison de l’incompétence du Pnat à poursuivre les faits visés dans la plainte ». « Le tête-à-queue du Pnat est incompréhensible dans la mesure où une enquête avait été ouverte sur le fondement de recel de crimes contre l’humanité. Deux années après, c’est aujourd’hui considéré comme une qualification non pertinente », s’est étonné jeudi Me William Bourdon.

D’autres grands groupes de textile (Nike, Adidas, Shein…) sont accusés de tirer profit de l’exploitation des membres de la minorité musulmane ouïghoure dans des champs de coton et ateliers de la région du Xinjiang.

Plus généralement, les autorités chinoises sont accusées par les pays occidentaux d’avoir massivement enfermé des Ouïghours et d’autres membres de minorités majoritairement musulmanes, y compris des Kazakhs, dans des camps de rééducation, après des attentats sanglants dans la région du Xinjiang. Leur nombre est parfois évalué à plus d’un million.

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Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/accusations-de-travail-force-des-ouighours-une-enquete-francaise-visant-des-geants-du-textile-classee-04-05-2023-EYJC3KMT4JA25ECBA6BQHUZMQQ.php