Accident de Pierre Palmade : pourquoi les drogues de synthèse posent un problème aux autorités

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Publié le 21/02/2023 15:11:01

3-MMC, Buddha Blues… les nouvelles drogues de synthèse (NPS) sont souvent très dures à détecter, et leur recette fréquemment modifiée.

Une drogue moins chère, aux effets plus importants… et moins détectables. Une aubaine pour les consommateurs et les dealers, mais un calvaire pour les autorités. Comme le « 3-MMC » apparu dans l’affaire Pierre Palmade, le « Tribe », le « Spice » ou le « Buddha Blues » font partie des près de 900 nouvelles drogues de synthèse présentes sur le territoire européen en 2022.

Que sont exactement les NPS ?

Les nouveaux produits de synthèse (NPS) ou nouvelles substances psychoactives (NSP) désignent, selon la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives, « de nouveaux stupéfiants ou psychotropes, sous forme pure ou en préparation, qui ne sont pas contrôlés par les conventions des Nations Unies sur les drogues, mais qui peuvent constituer une menace pour la santé publique comparable à celle posée par les substances énumérées dans ces conventions. »

Plus simplement, ce sont des drogues qui imitent les effets de différents produits illicites (ecstasy, amphétamines, cocaïne, cannabis, opioïdes…), fabriqués avec des dérivés de pétrole, d’acétone ou encore d’acide. Ces NPS sont généralement moins chères que les produits qu’elles imitent, mais l’addiction et les effets produits peuvent être encore plus importants.

Pourquoi posent-elles problème aux autorités ?

Ce n’est pas pour rien qu’on peut les surnommer « drogues légales ». Tout simplement parce qu’avant de se populariser et d’être détecté par les autorités, ces drogues de synthèse pénètrent dans un vide juridique. Dès 2016, la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives pointait du doigt « une course entre le marché de ces NSP et la législation ».

Comment est-ce possible ? Les recettes de ces NPS sont constamment modifiées, dans leurs structures moléculaires, par des laboratoires en Asie et même à l’est de l’Europe. Résultats, les moyens de contrôle sont limités. Ce n’est, la plupart du temps, que par une prise de sang que l’absorption de ces stupéfiants peut être révélée. Un processus impossible, donc, à mettre en place à grande échelle, ou lors des contrôles de police sur la route, par exemple.

Les NPS sont-elles beaucoup consommées en France ?

La France est sur le podium des pays d’Europe en quantité de NPS saisies. En 2021, selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives, 3,5 tonnes de ces drogues de synthèse ont été recueillies par la police, soit trois fois plus qu’il y a dix ans. Les substances les plus observées sont les cathinones, dont fait partie la « 3-MCC », qui imitent plus ou moins les effets de la cocaïne et de l’ecstasy.

Au niveau des consommateurs, le public se rajeunit. 3,8 % des personnes âgées de 17 ans pensent avoir déjà pris un NPS, même si un très faible pourcentage d’entre eux, 12 %, est capable de citer la substance exacte. En termes de régulation, la France a déjà classé comme stupéfiant plusieurs familles de cathinones ou de cannabinoïdes par arrêté entre 2012 et 2019. La lutte contre ces NPS se fait également au niveau européen grâce à l’Early Warning System, qui permet aux laboratoires européens de partager leurs connaissances sur le sujet. Cela n’empêche pas, pour le moment, de voir débarquer près de 50 nouvelles drogues de synthèse par an en Europe.

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Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/3-mmc-buddha-blues-pourquoi-les-drogues-de-synthese-posent-de-nombreux-problemes-aux-autorites-21-02-2023-QQ7TMDXKNFED7DLV5QBIRKBLVY.php