Accident de Brétigny: « La catastrophe ne m’aura pas coûté la vie mais une partie de mon existence »

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Publié le 07/06/2022 18:28:06

Une quarantaine de blessés ou proches des personnes décédées ont raconté durant une semaine au tribunal correctionnel d’Évry leurs souffrances après l’accident qui a fait sept morts et plus de 400 blessés en juillet 2013.

« Cette catastrophe ne m’aura pas coûté la vie, mais une partie de mon existence. Maintenant je n’ai plus confiance en rien […], je sursaute au moindre bruit et les cauchemars reviennent. » Maela K., 32 ans, voyageant dans le train Paris-Limoges qui a déraillé à Brétigny-sur-Orge en juillet 2013, a raconté ce mardi 7 juin l’impact fort de l’accident dans son quotidien.

Elle était parmi les toutes dernières parties civiles qui se sont succédé depuis une semaine à la barre du tribunal d’Évry, où se déroule le procès de la catastrophe ferroviaire.

Le 12 juillet 2013, à 17 h 11, le train Intercités avait déraillé en traversant la gare, par la défaillance d’une éclisse, grosse agrafe en acier joignant deux rails consécutifs, qui s’est retournée obstruant le passage des roues. Le choc à 137 km/h avait fait sept morts et plus de 400 blessés et traumatisés.

Des blessés ont raconté tour à tour les « grosses secousses », le « bruit », le « chaos » des wagons qui se couchent, la « sidération », un « silence de mort » avant le « brouhaha des secours (hélicoptères, sirènes d’ambulances…) », la « montagne de ferraille ». Mais aussi leurs peurs, leurs blessures et leurs séquelles. Malgré un suivi psychologique, « des choses restent : une ultra fatigue, des maux de tête et une sorte d’irritabilité », a énuméré par exemple David H. ce matin.

L’année qui a suivi l’accident « a été violente », a souligné encore Maela. « J’ai alors passé mon année universitaire à ramasser ma vie. Le danger était partout ». Le « combat psychologique », comme elle l’appelle, « dure encore aujourd’hui ». Physiquement, son corps « meurtri » par une entorse cervicale, une autre à la cheville, des contusions internes, « est devenu si fragile ».

Des proches des victimes ont dit aussi ces derniers jours leurs douleurs. Et beaucoup ont fait part de leur « haine » face au comportement « choquant » de la SNCF après l’accident. L’entreprise est jugée avec SNCF Réseau et un cadre cheminot pour homicides et blessures involontaires.

Auparavant le tribunal a tenté de comprendre, au cours de cinq semaines d’audiences techniques, si le train a déraillé à cause d’un morceau de voie mal entretenu, comme l’ont conclu les expertises judiciaires ; ou en raison d’un défaut indécelable de l’acier, thèse défendue par les prévenus.

Les plaidoiries des avocats des parties civiles ont débuté ce mardi après-midi. Les réquisitions du ministère public sont attendues mardi 14 juin.

Crédits image et texte : Ouest France©
Source : https://www.ouest-france.fr/catastrophes/accident-de-bretigny-la-catastrophe-ne-m-aura-pas-coute-la-vie-mais-une-partie-de-mon-existence-bd085318-e66d-11ec-a123-03657fcca7a8