Publié le 05/11/2021 21:14:23
Cent trente laïcs ont été invités à participer aux travaux de l’Assemblée des évêques, à Lourdes, pour donner suite aux recommandations de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église. Objectif : bâtir « une maison sûre ».
Marie-Flore Harmel a sauté dans le train à Limoges, ce vendredi 5 novembre, pour être à Lourdes à 12 h. Elle repartira samedi 6 novembre, après avoir participé aux travaux en groupe souhaités par la Conférence des évêques de France. Objectif de cette ouverture inédite : aider l’Église « dans la phase douloureuse » qui suit la publication du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase).
Écoute, prévention, formation, justice, reconnaissance, gouvernance… La responsable de la communication du diocèse de Limoges est l’une des 130 laïcs ou religieux appelés à nourrir la réflexion afin de « bâtir une Église sûre ». Elle évoque « la douleur » avec laquelle elle a accueilli le rapport Sauvé, qui a permis « enfin de faire la lumière. Ce qui importe, c’est que cela ne se reproduise pas et qu’on n’oublie pas les victimes. » La présence de laïcs « apporte un autre regard » et le « recul nécessaire » aux évêques, se réjouit-elle. En reconnaissant sa responsabilité, l’Église « a franchi une étape importante, selon elle. Les victimes attendaient cette reconnaissance. Il fallait que l’institution parle en son nom. »
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Maëlys Huet, 20 ans, étudie à Sciences Po Paris, où elle est engagée au sein de l’aumônerie. À Lourdes, elle exprime son « soulagement » de savoir « que désormais l’Église ne peut plus faire semblant ». Elle raconte « la honte » et « l’impuissance » ressenties à la lecture des témoignages de victimes. « Je ne me sens pas responsable pour des faits du passé mais du futur de l’Église, oui ! Nous sommes venus pour faire émerger des actions concrètes qui se réaliseront vraiment. »
Denise est venue parler au nom du groupe « instituts religieux et solidarité internationale », un membre du réseau « Promesse d’Église », un collectif d’organisations catholiques créer pour « dessiner le visage de l’Église de demain ». Parler « ensemble » avec les évêques « dans cette période critique et décisive » est une avancée « positive », dit-elle. « Cela ouvre la voie pour avancer. L’Église ne se résume pas aux évêques et aux prêtres. Chacun peut dire sa parole pour que les responsables puissent discerner les bonnes décisions, avec le peuple de Dieu. » Louis de Courcy, à la tête du groupe Veilleurs en Provence, estime « que tous les baptisés doivent se sentir concernés. On ne peut pas rester les bras ballants à critiquer tout le monde sans s’engager. »
Pour Guillaume Nicolas, délégué général de la Délégation catholique pour la coopération (DCC), l’assemblée des évêques « a replacé l’écoute des plus fragiles en premier. C’est aussi cela qu’il faut faire pour lutter contre ces abus », souligne-t-il. Le « choc du rapport » Sauvé vient conforter « les pratiques que les organisations catholiques ont déjà mises en place » dans le sillage de « la lettre du pape François au peuple de Dieu, en 2018 », fait-il remarquer. « Nous avons fait en sorte que nos salariés et bénévoles sur le terrain soient à même de signaler tout fait d’abus. » Il salue « l’ouverture » manifestée à Lourdes et invite à ce que le « dialogue avec les évêques soit récurrent ».
La Conférence des évêques de France a fait un pas en annonçant ce vendredi la révision de ses statuts afin d’avancer avec les laïcs sur le « chemin de la transformation ».
Crédits image et texte : Ouest France©
Source : https://www.ouest-france.fr/societe/religions/abus-sexuels-dans-l-eglise-a-lourdes-des-laics-s-engagent-pour-transformer-l-institution-fae7a48a-3e58-11ec-b567-f76c2a8a24ee